Allemagne, le renouvelable à mi-chemin...
Une fois de plus,la vieille loi du capitalisme est à l'oeuvre. Il faut accumuler le capital. Non dans les fonds diverses; mais dans du solide. Aujourd'hui, l'électricité renouvelable est à mi-chemin de la production d'électricité par le lignite et le charbon, en Allemagne.
Ceux-ci ont produit en 2013, 286 TWh et le renouvelable 147, soit 23 % du total de l'électricité produite (629 TWh) et 51 % de l'électricité produite par la houille et le charbon. Pas mal.
Depuis 2000, la production provenant du fossile évolue très peu, passant de 291 (houille + lignite) + 55 TWh (pétrole + gaz) soit 346 TWh à 286 + 76 soit 362 TWh, en progression de pas même 5 %, le renouvelable, lui, passe de 38 à 147 TWh, soit + 288 %.
Le nucléaire, lui, s'effondre, de 43 %.
Mais les chiffres ont un autre intérêt. La remontée du charbon est liée à la forte baisse au niveau mondial du coût du charbon.
Mais comme le miracle du schiste à l'air d'être terminé aux USA, la proportion de gaz utilisé remonte. Vladimir va être content.
Ce sont d'ailleurs des quantités marginales qui avaient fait baisser le prix du gaz, et la proportion de houille utilisée pour produire de l'électricité remonte aux USA.
Pour le gaz, l'utilisation est liée à 3 choses : le chauffage 1/3, la production industrielle 1/3, la production d'électricité 1/3. Pour la charbon, 90% sert à la production d'électricité.
La seule utilisation qui avait du mou, et qui pouvait absorber un léger surplus de gaz, c'était la production d'électricité, car dans le domaine, il y a beaucoup de capacités surnuméraires, et en Amérique du nord, c'est particulièrement vrai pour les centrales à gaz.
Les électriciens ont donc tiré parti au maximum du gaz de schiste, "switchant" l'usage du charbon.
Mais la volonté du gouvernement de voir remonter les prix du gaz, en vendant quelques cargaisons va les renvoyer vers le charbon.
Les centrales à charbon mises en service correspondent à des projets d'avant 2008, et il apparaît que ni le charbon, ni le nucléaire ne sont rentables désormais. Il n'y a plus de projets pour les centrales à charbon ou à lignite.
Une autre ligne est intéressante, c'est de savoir combien de pétrole est utilisé actuellement pour produire de l'électricité. C'est de plus en plus marginal.
Et d'ailleurs, pour répondre à un lecteur, c'est là qu'on voit la spécificité du pétrole, et notamment l'impact iranien, alors que les autres énergies connaissent une forte élasticité, l'élasticité du pétrole est faible désormais, et se tasse vers le haut.
Pour le renouvelable, on voit clairement 3 vagues : l'éolien, à partir de 2000, la biomasse à partir de 2005, le photovoltaïque à partir de 2009.
Les difficultés rencontrées récemment ne sont pas des difficultés structurelles. Simplement la rythme de l'investissement bouscule des rentes de situation, et répond aussi à une vieille loi du capitalisme, qui s'appelle le surinvestissement. D'abord parce qu'un investissement "frais", coûte cher, et tire les prix vers le haut, contrairement au retard technique, qui permet, dans un premier temps, une détente, et qu'ensuite, à des investissements, dans un marché étal, doivent correspondre des désinvestissements.
En creusant, on peut voir que la mise au rencart de la moitié du nucléaire a été, non pas une mesure conjoncturelle, liée à Fukushima, mais une mesure structurelle, finalement destinée à faire de la place.
La retombée dans une crise de l'investissement, donne un précieux renseignement : il faut encore faire de la place. Sans doute résoudra t'on ce problème en fermant les plus vieilles centrales thermiques.