ARABIE SEOUDITE : L'HEURE DU PIC OIL ?
Il est vraisemblable que le royaume séoudien va vivre des heures difficiles, devant le grippage de sa principale et seule ressource.
Pour le site zerohedge, la décision de l'OPEP de réduction des productions, initiée par l'Arabie séoudite, et par la Russie a sans doute pour explication plus l'épuisement géologique des gisements séoudiens, qu'une subite prise de conscience.
Les gisements séoudiens sont sans doute à bout. Comme je l'ai dit, ils fournissent des fonds de cuves, du pétrole lourd et chargé, alors qu'en général, les gisements jeunes ont du pétrole jaillissant sans peine, léger et volatile.
Il est clair et connu des pétroliers que le sur-pompage entraine une moindre récupération des gisements. Ce phénomène est connu depuis l'origine de l'exploitation pétrolière.
L'Arabie portera le principal de la réduction de production, sans doute 500 000 barils/jour, sur 1 200 000.
Pour beaucoup, d'ailleurs, ce ne sera même pas un effort. Le Mexique, avec ses gisements en pleine décadence, ralentira simplement le forage des nouveaux puits, et de toute façon, l'effondrement de l'effort de forage entrainera logiquement la chute de production.
Pour rappel, les dépenses étaient de 100 milliards de $ en 2000, 150 en 2005, elles ont progressé ainsi :
2012 : 599 milliards $,
2013 : 664,
2014 : 683,
2015 : 539,
2016 : 485... Une évolution prévisible amenant à 150 milliards seulement en 2020.
Le moyen orient échappe à cette chute, mais il n'est guère réputé pour le montant de ses investissements.
Bien entendu, il y a un monde à part, les USA, qui forent comme des fous, depuis longtemps. Ils disposent d'une banque centrale accommodante, des subventions pour le forage, et de subventions pour l'exploitation de puits marginaux.
Les nouveaux forages, de plus, atteignaient des nombres importants. On parlait de plus de 100 000 par an dans le monde. Il n'y a pas si longtemps, une dizaine d'année, le chiffre total de puits en activité atteignait "seulement", 750 000, dont les 2/3 aux USA, produisant 5 % du total. Et oui, le forage est aussi, une affaire de politique intérieure.
On voit donc qu'on a atteint la pente des rendements décroissants, qui mène aussi les contrées bien burnées en réserves, comme l'Alberta et le Venezuela, au bord de la ruine. Pour une raison, c'est que leur pétrole, il est très cher à exploiter. Et quand les prix remonteront, les consommateurs seront incapables de suivre.
De plus, si les périodes de prix bas avaient entrainés par le passé des chutes dans le montant des investissements, c'était à des niveaux beaucoup plus bas. Dorénavant, la destruction des capacités de productions, tant en moyens humains que techniques a sans doute atteint le seuil de l'irrattrapable. Cela a été trop fort, trop violent, trop vite.
Même si on voulait encore se mettre à forer, et retrouver le niveau antérieur, on n'y arriverait pas.
Pour le royaume séoudien, la baisse de la ressource va avoir un impact important. Sans doute, l'idéologie salafiste son second produit d'export résistera très mal à la crise du pays exportateur, qui lui, risque de sombrer dans le désordre. De toutes façons, tous les pays atteint par le Pic oil ont eu de grosses difficultés politiques. Voir connu un effondrement.
Le seul pays pour qui la baisse de production sera problématique est le Kazakhstan, avec son gisement géant de Kashagan, enfin mis en service.
Comme je l'ai souvent dit, le secteur de l'énergie est le secteur du mensonge et de la manipulation, qui va du plus simple au plus élaboré. Le plus frustre en la matière est le moyen orient, qui maintient simplement, depuis plus de 40 ans, ses réserves au même niveau, comme s'ils n'avaient jamais pompé.
Aux USA, on annonce les rebonds, sans jamais voir les baisses. On a annoncé que le pays était devenu le premier producteur, alors que son administration de l'énergie disait que c'était la Russie, suivie en deux de l'Arabie séoudite. Le pays est ici clairement dans un pic pétrolier du pétrole de schiste. On peut bien annoncer que la production US a été la meilleure en 2015, depuis 1972, c'est de l'histoire, désormais. La tendance de 2016, c'est la chute rapide.
A cela s'ajoute le fait que le solaire, désormais, à un meilleur rendement énergétique que le pétrole. Si Bloomberg a classé le fossile en "spéculatif", c'est qu'il y a une raison.