INVESTISSEMENTS EN MER DU NORD : LA GRANDE DEBACLE...
Norvégienne. L'investissement pétrolier en mer du Nord est en ruine. Après l'annonce de la baisse de 80 % en début d'année, l'annonce en juin que c'était la faute au Brexit, c'est au tour de la Norvège de tailler dans ses investissements pétroliers, et pour la même cause. Le gisement est simplement en train de mourir.
La Bêtise nommée "fond de réserves pour les générations futures", y est aussi en train de prendre le même chemin.
Nauru l'avait démontré. Petite ile de phosphate, elle était par tête, la plus riche du monde. Elle est désormais une des plus gueuses, et des plus malades du monde. La totalité de la population est atteinte du diabète, et sa seule source de revenus, c'est d'être un camp de rétention pour le compte de l'Australie.
Logiquement, le Pib y est passé de 20 000 $ australien par tête pendant les belles années, au salaire unique de 200 $. C'est marrant, parce que c'est le montant des coupons alimentaires aux USA.
Pour la Norvège, on n'est "qu'au", niveau de - 20 %. Encore un pays qui n'aura pas de mal à respecter le bridage des productions décidé par l'OPEP.
Bien entendu, de biens mauvaises langues ont posés la question qui tue : cette baisse de production est elle vraiment volontaire ? Ou la pente de déclin naturel de gisements matures, qui correspond à une baisse de production de - 5 % l'an ?
Les pays disposant d'une marge de production non exploitée sont rares. Iran, Irak, Kazakhstan, quand à l'Arabie Saoudite, j'ai déjà cité son principal problème : son brut n'est pas traitable par bien des raffineries, incapables de les traiter. Trop de métaux lourds, trop de souffre. Raison pour laquelle, elle a ouvert ses propres raffineries. On est très loin de l'époque où son brut pouvait se mettre directement dans les réservoirs.
Ceci indique, de même, un vieillissement des gisements, et notamment, le plus gros, celui de Ghawar, le roi des gisements.
Pour la Norvège, le pic pétrolier a été atteint en 2000, son pic toutes productions, en 2005, et il est à noter, qu'il a été exploité beaucoup moins brutalement que son homologue anglais, où littéralement, on a fait pisser et essorer le gisement.
La production a baissé de moitié par rapport à 2000 et en Grande Bretagne, des 2/3. C'est d'ailleurs la seule explication des années Thatcher. Un échec économique global, masqué par la géologie.
Aujourd'hui, la donne pour les états et les compagnies pétrolières, c'est plutôt de sabrer l'investissement, pour "sauver", chez les uns, le dividende, chez les autres, les prélèvements étatiques. Moi, en mon jeune temps, on m'avait bien précisé que le dividende, c'était simplement si on pouvait, et que l'entreprise ne devait pas distribuer sa substance, par exemple en s'endettant pour le faire. La logique des groupes n'est donc, même plus, capitaliste. Il s'agit d'un pillage.
Pillage qui s'est ressenti d'ailleurs, dans les difficultés de la mise en exploitation du dernier grand gisement géant, celui de Kashagan, au Kazakhstan. Le coût de son exploitation n'a cessé de monter, obligeant les majors pétroliers à se confédérer. Il est, lui aussi, d'une extraordinaire complexité technique à exploiter.
Mais le problème anglo-norvégien, lui, impacte toute l'Europe. Sa décadence géologique se ressent dans les performances économiques de toute la zone. La crise européenne, se ressent dans les statistiques eurostat.
Le stress énergétique européen commence en 2005 (pétrole), en 2006 (gaz) et 2008 (électricité).
La crise de la dette, est une conséquence de la crise des énergies. Pendant plus de deux siècles, la dette s'est développé de concert avec la consommation d'énergie, qui incrémentait un pib croissant. La crise européenne est une crise de type antérieure, où les besoins des états, imposant très mal leurs populations les plus aisées étaient désargentés. Ils n'avaient pas d'autres solutions que de faire une banqueroute de temps en temps (le roi soleil, lui, tous les jours).
Tous les pays de l'axe méditerranéens sont en crise pétrolière (le pétrole y était une part importante de leur approvisionnement énergétique) qui rend leur dette tout simplement ingérable.
L'énergie est l'économie réelle. La dette l'économie financière. La première a flanché avant la seconde. Mais il est illusoire de vouloir sauver la seconde. C'est simplement, et techniquement, totalement impossible.
De même, les réserves financières crées, sont illusoires. La norvégienne sera vite évaporée.
Braudel disait que le financier avisé, c'était celui qui donnait les conseils, et prenait son pourcentage. Grâce à l'outrecuidance de ceux qu'il avait fait gagner, il pouvait recevoir l'argent de nouveaux naïfs, pendant que ceux qui s'étaient fait plumer fermaient leur gueule...