EFFONDREMENTS...
Encore un texte de Dimitry Orlov qui vient de paraitre. (Sur le Saker).
Je rappelle les cinq étapes :
Étape 1 :effondrement financier,
Étape 2 : effondrement commercial,
Étape 3 : effondrement politique,
Étape 4 : effondrement social,
Étape 5 : effondrement culturel. Et la réaction des peuples : le déni, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation.
L'élection de Macron, c'est le déni, le vote front national, la colère.
L'effondrement financier, est difficile à accepter. Les prévisionnistes pensent que le futur sera comme le passé. Là, c'est la brisure. Elle arrive fréquemment, mais prend tout le monde à contre-pied. Non, la ligne Maginot ne tient jamais, parce qu'elle reporte le schéma antérieur, et que le schéma appliqué sera nouveau. Pour le moment, l'effondrement financier est en cours, mais pas encore perceptible. Je rappellerais les innombrables posts de BA, sur le gonflement des bilans des banques centrales, qui suit le gonflement de la dette.
D'ailleurs, c'est cette volonté de sauver la dette qui me parait surréaliste. On donnerait beaucoup plus de mou au système en créant de la monnaie banque centrale, au moins en partie. Si 10 % en pib des dettes européennes étaient carrément monétisées, au lieu d'être rachetées par les banques centrales, et émises à 0 % ou en dessous, cela changerait peu sur les effets, mais laisserait le système respirer. Ce qu'il ne fait pas actuellement. Pour le moment, dans l'OCDE, la "survie", est assurée. Pour combien de temps est la question principale.
L'accès au crédit est souvent le plus problématique. Les charges sont certaines, les rentrées, incertaines. Le crédit est un recours provisoire, qui lui aussi, comme dans le cas de Hanjin Shipping, accroit, à terme, les charges. Là aussi, un état non désargenté par la dette, pourrait soutenir certains secteurs. Là aussi, pour gagner du temps, et adapter.
L'effondrement commercial, lui, au Zimbabwe et au Venezuela, est mal décrit. Pour le Zimbabwe, ce n'est pas l'effondrement de l'agriculture, qui a provoqué la crise, ce sont les prêteurs occidentaux anglo-saxons, qui ont voulus mettre au pas, un leader incommode. Manque de bol, cela n'a pas fonctionné. Le pouvoir politique s'est maintenu, mais l'économie effondré, et l'étranglement qui devait durer 3 mois, se maintient... Le Mozambique voisin, a, par exemple, payé cher, par la guerre civile imposée, sa résistance au schéma occidental. Miraculeusement, une fois converti à l'économie de marché, et aux investissements anglo-saxons, la Renamo a déposé les armes... Il faut dire, combattre sans armes, ni argent...
Pour le Venezuela, je ne pense pas que le coût de production soit supérieur au prix de vente du pétrole. Le problème du Venezuela, c'est qu'il a subi une longue cure d'abandons de toutes les autres activités économiques qui ne soient pas pétrolières, ou commerciales. Le Venezuela, hors le pétrole, produit peu de choses, et les manoeuvres anti-chavistes ne manquent pas, elles non plus, avec la complicité de la classe économique. Mais Maduro, visiblement, n'est pas non plus, Allende, et sans doute, les USA n'ont pas la force et la persuasion qu'ils avaient en 1973. On voit l'affaiblissement de la "super"puissance, à cela aussi.
L'effondrement politique est sans doute acté en Ukraine, mais pas au Zimbabwe ni au Venezuela. Le gouvernement peut se maintenir longtemps. En Ukraine, c'est le règne des "saigneurs", de la guerre. Et un gouvernement, qui tient la capitale, et encore... Au Yemen, Orlov parle d'effondrement politique. Je ne pense pas. L'état n'y existait pas, les structures de pouvoir sont intactes, elles sont tribales, belliqueuses, combatives, nourries d'honneur (chose incompréhensible pour beaucoup à l'heure actuelle). Quand à l'économie Yemenite, elle n'existait tout simplement pas.
" le commerce mondial est soutenu par des réserves de ressources naturelles non renouvelables en diminution rapide, en particulier les combustibles fossiles, et avec l’eau douce et les terres arables pas très loin derrière, sans rien pour les remplacer ; et le concept même de la gouvernance mondiale n’est qu’une triste blague lorsque de nombreux gouvernements nationaux, y compris les États-Unis, ont renoncé à leur souveraineté envers les entreprises transnationales "
Et les entreprises transnationales deviennent elles mêmes des tristes blagues, quand elles s'élaguent elles mêmes, années après années.
" Et bien que de nombreuses zones rurales du monde entier offrent au moins certaines possibilités de subsistance en autosuffisance, les grandes villes n’en ont pratiquement aucune : elles doivent être constamment approvisionnées en nourriture et autres produits de consommation, soit par le commerce, soit par l’aide humanitaire d’urgence. La combinaison d’un effondrement commercial et politique perturberait les deux. "
Pour ce qui est des zones rurales, en occident, on est loin du compte aussi. Quand on voit les voisins pester contre le coq, le linge qui sèche à l'extérieur, jeter les herbes coupées à la poubelle, pester contre ceux qui les brûlent, ou d'autres fadaises de ce genre, on peut dire qu'il reste du chemin à faire.
Le conseil d'Orlov ???
"Chargez-vous de métaux précieux, d’armes à feu et de munitions pour surveiller vos stocks. Créez des économies locales grises ou noires qui contournent le secteur financier. Restez prêt à tout vendre rapidement."
le constat ???
"Les systèmes démocratiques, qui forment des coalitions et définissent des politiques publiques par l’interférence de nombreux intérêts particuliers, sont de loin les plus susceptibles de s’effondrer comme des dominos sitôt que le domino financier renversera le domino commercial."
"Ainsi, l’effondrement n’est pas un événement, mais un phénomène cyclique, avec plusieurs boucles de rétroactions positives, qui se poursuit jusqu’à ce qu’un état stable soit atteint lorsqu’une population bien réduite trouve un niveau de subsistance stable."
D. Orlov répond même à l'obsédé de service partisan de la réduction de natalité : "Supposons que vous considériez la surpopulation comme un problème aigu et que vous préconisiez le contrôle des naissances. En faisant ainsi, vous condamnez à l’extinction ces groupes dont vous voulez réguler les vitesses de reproduction tout en ne faisant rien pour ceux des groupes religieux qui considèrent la reproduction comme leur devoir sacré pour prendre en charge la planète entière en surpassant tout le monde en terme de naissance."
Bien entendu, la réaction finale -la famine- réglera sans doute le problème population, avec quelques touches de pandémies de ci, de là. Le schéma, c'est un soufflé, pas effondré partout, notamment dans les grandes villes centres de pouvoir.
La situation est devenue trop complexe, pour être pilotée. Des Macron ne créeront pas de relance. Ils vont jouer au petit Robert Mugabe local, précipitant le crash de l'économie, mais n'ayant pas comme Mugabe, l'excuse des interventions et pressions extérieures, qui ont privé l'économie du Zimbabwe de crédits.
On peut noter des effondrements partiels, qui se produisent les uns après les autres. L'élection de Trump, la sectorisation du vote MLP indique les endroits beaucoup plus mûrs en matière d'effondrement, réalisés, ou en cours.