GRINCEMENTS ET EFFONDREMENTS...
Les pays ont des équilibres internes différents. En France, cela donne la crise du beurre, crise traitable, mais qui révèle d'importants grincements.
Les grincements, ne sont pas un problème en soit. Un peu d'huile suffit. Le problème est dans l'huile qu'on peut donner, dans le nombre de grincements qu'on peut entendre, et traiter à la fois.
Visiblement, le p'tit marquis de belgueule a été accueilli triomphalement en Guyane. ça grince visiblement pas mal là-bas.
Et la crise, est d'abord celle du politique, vous savez, ici le mec qui peut plus rien, parce qu'il y a tellement de règles, qu'on ne peut rien faire. Cela aussi exaspère.
Toujours est il que ce sont les mécanismes existants qui souffrent. Reagan disait que l'état n'était pas la solution, mais le problème. Ici, souvent, ce sont bien les mécanismes économiques qui posent problème dans un contexte de pénurie. Ou simplement de moindre abondance.
Le monde merveilleux du magicien d'oz, pardon, l'eldorado du senor Ronald Reagan y Margaret Thatcher ne pouvait fonctionner que dans l'opulence. C'est bien le problème de nos hommes politiques, qui ne savent penser que la répartition d'un gâteau croissant. Or, l'abondance fait défaut. En France, le nucléaire s'avère être un sacré problème. Un boulet. Le problème est il traitable ? Oui. Mais pas à la marge comme on a l'habitude de faire. A la chirurgie lourde. Celle qui enlève des monceaux de chairs putréfiées. Après tout, après Fukushima, les nippons ont fait un - 30 % net et sans bavures...
Donc, on devrait logiquement assister à un certain nombre de hoquets dans la société. Comme le beurre. Puis voir le nombre de hoquets augmenter, se généraliser, et devenir la norme.
Evidemment, les autorités essayeront quand même pendant un temps d'approvisionner -mal- les populations. Après tout, comme l'a dit un lecteur, on peut très bien vivre avec seulement un peu de nourriture et d'eau.
Mais comme l'a dit un autre, le problème de l'eau en Seine Saint Denis, ça risque d'être pire qu'au Sahara. Et de fournir une échappatoire aux autorités : "les morts se tiennent tranquilles". Je crois que le mot est de l'ambassadeur espagnol à Paris pendant le siège de 1590.
L'effondrement n'est pas d'actualité en 1789. La population n'est pas décimée, loin de là, elle continue à augmenter, malgré le contexte. Le 14° siècle est un siècle d'effondrement brutal, voir aussi la période de 1560-1590 qui montre des signes d'effondrements, sans être total. Les mouvements de récupération en 1789 et après 1590 sont rapides. Et pour cause, il n'y a pas d'effondrement technique. Le 14° siècle, lui, voit une baisse marquée, très marquée du potentiel. D'abord l'épuisement des terres, la mort de la main d'oeuvre qualifiée, les circuits économiques modifiés radicalement.
Avant l'effondrement du 14° siècle, la production végétale a une grande valeur. Après, plus du tout, c'est la production animale qui prévaut. Et pour cause, il n'y a plus de consommateur.
D'un connaisseur habitant le 93, la réaction :
" Si j'ai bien compris son texte, Cochet pense qu'entre 2030 et 2040, la population humaine diminuera de moitié (il ne cite pas de chiffre, mais on peut le deviner), et qu'ensuite, à partir de 2050, il y aura une "renaissance".
Il pose la question : "y aura-t-il de l’électricité en Île-de-France en 2035?"
Je lui donne un embryon de réponse : si la Seine Saint-Denis (un million et demi d'habitants, autant que l'Alsace) est privée d'électricité pendant plus d'une semaine, sa population descendra vers ZÉRO.
Parce que, 48h sans électricité, cela veut dire plus d'eau courante (après, les usines des eaux n'ont plus de réserves de fioul pour faire fonctionner les pompes). Sans électricité, pas d'essence : elle est stockée en sous-sol dans les stations-service, par sécurité, et les pompes fonctionnent à l'électricité. Les supermarchés n'ont de réserves que pour 3 jours. Ils fonctionnent en flux tendu, et dépendent d'un approvisionnement quotidien par camions.
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Donc, après 48h sans électricité, et rien que pour le 93, il faudrait évacuer un million et demi d'habitants (vers où ?) en une journée maximum. En supposant que tout le monde ait constitué des réserves d'eau, ce qui serait miraculeux.
En 1800, le territoire actuel de la Seine Saint-Denis avait 28 000 habitants. C'est tout ce que le territoire peut nourrir sans pétrole, donc sans tracteurs. Mais les chevaux, il faut les nourrir. Un cheval fait le travail de dix hommes, mais mange comme quatre. Il faut quatre fois plus de terre arable pour nourrir un cheval que pour nourrir un être humain.
NB : Braudel dit qu'un équipement très simple multiplie la productivité humaine, à pratiquement la parité. Raison pour laquelle la civilisation chinoise a choisi d'utiliser le muscle humain. Et que le progrès technique n'a jamais été utilisée autrement que comme curiosité de labo.
Après l'effondrement, il sera impossible de nourrir même une population réduite de 99% dans ce qui est actuellement la Seine Saint-Denis, parce que le territoire est entièrement bétonné, à part quelques parcs qui sont comme des confettis sur la carte. De plus, la nappe phréatique est soit vide, soit polluée (je connais des gens qui ont des puits, devenus inutilisables).
Donc, "l'intervalle de survie" dont parle Cochet, sera pour la Seine Saint-Denis un effondrement à la fois total et définitif. Ce ne sera pas un intervalle, et il n'y aura pas de survie sur place.
Parce que je vois mal comment, après des millions de morts, des équipements à l'abandon ou pillés, la France pourrait revenir à la situation d'avant... Et l'alternative, vivre comme en 1800, ce n'est pas possible sur du béton. En 1800, la future Seine Saint-Denis, c'était la campagne. Des loups s'y aventuraient parfois. En 2050, il n'y aura, dans les ruines des HLM abandonnés, que des rats, et les prédateurs des rats : chiens et chats redevenus sauvages.
Je pense, quand même, que la fin de l'approvisionnement électrique sera graduelle. On peut même espérer qu'elle soit étalée sur plusieurs années, ce qui laissera aux Séquanodionysiens (nom que l'on donne aux habitants du 9-3) le temps de faire leurs bagages. Pour aller où, c'est une autre question... Ceux qui ont des "points de chute" en province risquent de les trouver déjà occupés par d'autres lorsqu'ils s'y rendront.
Je ne connais pas assez bien le reste de la France pour faire des prédictions. Dans la plupart des départements, ce sera moins pire qu'en Seine Saint-Denis, parce qu'il reste encore de vastes zones rurales.
Je souhaite de tout mon cœur que le rapport Meadows, Yves Cochet et moi-même ayons tort sur toute la ligne, et qu'il n'y ait pas d'effondrement autour de 2030. Malheureusement, j'ai bien peur que nous ayons raison. "
L'effondrement, s'il est préparé, peut ne pas être catastrophique. Mais il aurait sans doute fallu le faire dès 1973.
On le laisse s'opérer, pendant que le pouvoir gâte 0.1 % de la population, celle qu'il aime et dont il veut faire partie, en n'étant que son larbin.
Le coup de balai sera d'autant plus facile que la plupart de la population est totalement déphasée face à cette évolution. Elle s'est totalement fondue dans la société du pétrole, n'est au mieux qu'une manipulatrice de machines, au pire un parasite, même incapable de penser à une fin de jeu, les 12 coups de minuit qui sonnent à l'horloge de Cendrillon.
La coopération, à l'heure actuelle, n'est pas dans les politiques actuelles. Le libéralisme, c'est la lutte de tous contre tous, et particulièrement des riches contre les autres. Jusqu'à ce qu'ils perdent la main, au profit d'autres élites. Plus adaptées.