ET SI...
" Franco n'a jamais obtenu aucun résultat économique si ce n'est le marasme complet. Dans les 15 ans qui ont suivis la guerre civile, plus d'Espagnols sont partis pour fuir la misère que le million qui l'avait fait pour raisons politiques pendant/juste après la guerre civile.
Même à la fin de son règne les choses n'allaient pas mieux, le pays ne tenait que grâce aux devises envoyées par les espagnols de l'étranger à leur famille pour leur éviter la pénurie complète. A tel point que les enfants d'espagnols à l'étranger étaient dispensés de service militaire en insistant un peu (dans un pays où l'armée était sacrée !) pour ne pas les déclarer déserteurs et s'assurer qu'ils continuent à envoyer des devises à leur famille. Il s'agissait de loin du pays le plus pauvre d'Europe de l'Ouest et oui, il ne tenait que grâce à une répression brutale (contre les mineurs et les ouvriers principalement). Il s'est d'ailleurs effondré de son propre poids sans action militaire extérieure, c'est dire.... "
Un "bon" pouvoir a un principe politique essentiel. Se maintenir. Là, Franco, contrairement à Mussolini et Hitler, est mort de vieillesse, dans son lit. Enfin, de multiples problèmes de santé du à la sénilité.
Ayant connu pas mal d'ex-républicains espagnols ou leurs descendants, en 1975 et en 1981, ils étaient soulagés que tout se soit passé si bien, et reconnaissaient tous un mérite à Franco, celui d'avoir géré habilement sa victoire. Par exemple, en se montrant totalement ingrat envers Mussolini et Hitler, surtout vis-à-vis de Mussolini, qui "y avait mis le paquet". Mais les états et les dirigeants n'ont pas de sentiments, rien que des intérêts.
Un million de morts pendant la guerre civile espagnole, un million d'exilés. ça pèse lourd pour relancer une machinerie économique dans un contexte pas du tout évident. En effet, l'Espagne a peu de ressources fossiles, et en 1940, un environnement économique totalement déprimé. Il a fallu une génération avant de réparer les pertes démographiques de la partie la plus productive de la population. En outre, l'Espagne partait vraiment de très bas. Avec un grand recours à la force physique pure des ouvriers et paysans.
Après, la politique économique menée, dans les années 1960, a permis une forte croissance, notamment par le fait que l'Espagne a été bénéficiaire des délocalisations des autres pays européens.
On disait aussi, que c'était un pays qui avait l'habitude de "gagner le tiercé". A savoir, à bénéficier d'une manne constitué par le tourisme (1.4 millions de touristes en 1955, 33 en 1972), et par les envois de revenus des expatriés. Pour les expatriés, les pays "exportateurs" de main d'oeuvre sont toujours réticents à voir revenir les rejetons faire leur service militaire. Ils n'ont plus la même culture et référentiel.
J'avais d'ailleurs fait remarquer à un fils d'exilés, que le fait d'y aller passer des vacances, était un soutien économique non négligeable, remarque vite balayée par un "pffftt". Les exilés républicains aimaient bien aller jouer les riches pendant un petit mois.
La transition, après la mort de Franco, quand à elle, était largement prévue. On dirait que la hargne est plus importante chez la troisième ou quatrième génération de descendants des combattants républicains, que chez les générations précédentes. Sans doute, l'oubli des contraintes et d'un certain nombre de choses.
Sans doute aussi, le régime bénéficia t'il de l'abondance énergétique des années 60 et du début 70. Franco était il aussi, un grand opportuniste, guère gêné par une quelconque idéologie.
Les pays latins, aux premiers temps de la révolution industrielle ont souffert profondément de leur manque d'énergie fossile. Jusqu'au XVI° siècle, leur dynamisme était sans doute supérieur aux pays du nord. L'Espagne a littéralement et physiquement été "aspirée"par la conquête de l'Amérique.
Pour ce qui est des retour en arrière, un autre article. "L’URSS aurait eu peu de chances dans la 2 GM sans le pacte Molotov-Ribbentrop, selon un représentant spécial de Poutine."
Tout est discutable, effectivement, et la fin de l'URSS a notablement fait baisser les évaluations des exécutions et des déportations. Là aussi, tout est discutable. Certes, la frontière a été reculé, donné du champ à Léningrad, Moscou, Minsk et Smolensk. D'un autre côté, une bonne part des 600 000 camions allemands de Barbarossa n'étaient pas allemands, mais français et anglais, pris pendant la débâcle. Encore faut il relativiser : Ils n'aimèrent pas plus les routes soviétiques qu'elles ne les aimèrent. Ils furent largement victimes et de la boue, de la poussière, des distances et, tout bonnement, de leur état. De même, les soviétiques ne voyaient guère les polonais comme un obstacle vis-à-vis des allemands, mais comme leur avant-garde...
Vouloir calibrer les événements d'hier avec le calibrage d'aujourd'hui est ridicule.