FUTURIBLES...
"D'une façon générale vous posez la question de l'énergie dont nos civilisations ont besoin pour perdurer sous leur forme actuelle ,ce que tout les peuples considèrent comme immuable et vous font passer pour un dément si vous risquer l'hypothèse de devoir modifier la doxa en vigueur a ce propos.Il me semble après le constat criant de se pencher sur la suite et d'envisager une planète a énergie rare (réservée pour un temps a l'essentiel )avant sa totale disparition ou presque.Il serait intéressant de connaitre votre vision du monde "d'après" les énergies fossiles, reviendrons nous a une vie telle celle de nos ancêtres disons en 1850? au mieux,les progrès ,les vrais comme ceux en matière de santé seront ils maintenus ? Quelles techniques continuerons a exister?quelle sera la population mondiale etc etc etc... Merci".
Disons que le futur a toujours eu ceci de commun qu'il est aléatoire. En plus, on ne connait qu'un côté biaisé du passé. L'exemple de la terreur par exemple. Vilipendé ici, alors qu'en Grande Bretagne, la pendaison (des pauvres) était un exercice tellement courant (10 fois plus qu'en France à la même époque), qu'on peut parler d'une période ininterrompue de terreur pendant plusieurs siècles, des conditions de vie en prison, d'ailleurs, qui évitaient bien des procès : les accusés étaient morts avant.
Question mortalité, on peut penser que le phénomène d'annulation d'une grande partie du progrès technique est en marche. Le simple refus de la vaccination, justifié ou pas, est un signe de méfiance généralisé, dans le tiers monde comme dans nos pays. Certains parents qui prétendent utiliser l'homéopathie comme vaccin ont simplement oublié les grandes tueuses du passé.
1914 n'a été possible que parce que les vaccins étaient là. A contrario, les guerres sur les fronts du moyen orient et africain ont été des hécatombes. Mais comme 99 % des victimes en Afrique, l'ont été de maladies ou de famines, il est difficile de les compter. Dans la guerre au Moyen orient, on est stupéfait par la maigreur des effectifs engagés. Des "armées", de 8 divisions et de 20 000 hommes... C'était tout ce que pouvait supporter le pays pendant que mourraient des millions de personnes de la faim. Et de maladies. Où étaient les armées innombrables du croissant fertile ?
La faim. Voilà le mot magique. L'attitude devant la mort était entièrement différente. Le vieux maréchal de Villars trouvant que le maréchal de Berwick avait eu de la chance ; un boulet l'avait décapité. Lui était accablé de maladies diverses, variées, très douloureuses et sans remèdes, autres que farfelus. Louis XIV était une loque, bien avant sa mort.
Quand le problème de la survie est lié à la subsistance immédiate, la médecine finalement, importe peu. Montaigne ne se souvenait pas du nombre d'enfants qu'il avait perdu en bas âge. Pourtant, il faisait largement partie du "1%" de l'époque.
Je dirais, dans un premier temps, que ma vision est celle d'un Moyen âge "amélioré". Quelques techniques survivront, notamment les armes. Mais certaines m'apparaissent ridicules. Dans "the Walking dead", une aberration est l'utilisation d'armes automatiques. Les scènes de combat, dureraient au plus une ou deux minutes. En 1870, l'armée française part au combat avec 134 cartouches par homme...
Jusqu'à la guerre civile américaine, celui qui gagnait la bataille, c'est celui qui avait encore de quoi tirer, pas celui qui tirait le plus. Celui qui tirait le plus longtemps. Napoléon perdant Leipzig parce que son artillerie n'avait plus de munitions, et son stock de départ, était très modeste, suivant notre optique : 160 000 obus. Et ce stock était démentiel au vu de son époque.
Pendant la guerre de 1870, le gouverneur allemand d'Alsace a remonté les bretelles d'un général assiégeant la place de Bitche. 7100 obus tirés, résultats insignifiants, et il compromettait la suite de la campagne...
Question technique, on peut imaginer la survie d'une low tech sur longue période, sachant que dans la France de 1789, l'âge du fer consister en la production de 30 000 tonnes de fer. 1 kilo par personne et par an. Dans le monde musulman, faute de bois, on est plus proche de zéro. L'acier suédois est réputé, et pour cause. Leurs vastes espaces forestiers donnent un bois abondant, et ils ne sont guère cultivables.
Donc, sur longue période, effectivement, on risque de revenir à 1450 plutôt que 1850. Sachant que les techniques du moyen âge, pour ce que l'on en sait, étaient très perfectionnées. La multiplication de la force par des techniques simples, donnée par Braudel, indique un facteur 10.
Question médecine, l'émergence de maladies nouvelles, et comme je l'ai dit, le refus des vaccinations (on peut discuter du caractère justifié ou pas), risque de recréer un équilibre démographique ancien. En ce qui concerne les antibiotiques, il apparaitrait aussi, qu'ils ont été découverts à plusieurs reprises dans l'histoire, avant que se fossilisent les connaissances. Mika Waltari le décrit fort bien dans ses romans. Pourquoi fait on ainsi ? Parce qu'on a toujours fait ainsi.
Mais il est clair aussi que certains principes pastoriens ne seront pas oubliés.
Pour l'avenir, réunissez des copains, et bâtissez une forteresse en montagne. Le copain est le facteur le plus important.