AFGHANISTAN
"On laisse aux amateurs le soin de faire des comparaisons avec Saigon. Aujourd’hui le Vietnam bosse pour les actionnaires de Gap et est un allié des USA contre la Chine : cela valait bien quatre millions de morts sous quelques bombes, non ?" En 1975, on parlait de 15 millions de morts depuis 1945.
Rappelons les faits de l'histoire. Avant le début de la guerre d'Indochine, en 1945, ho chi minh pensait qu'il valait mieux tolérer les français 15 ans encore en Cochinchine, parce que le principal problème du nam, c'était, de toute éternité, la Chine.
Envahis de multiples fois par l'empire du milieu, vu la proximité, les français ne lui faisait pas peur. 15 ans, pour lui, c'était une peine légère, une fois partis, les français ne reviendraient jamais.
Après 1975, le VietNam a été en guerre avec la Chine (guerre pédagogique de 1979), et avec le Cambodge, soutenu par les USA (peu) et la Chine (beaucoup). Le viet nam avait aussi des frictions avec la Thailande, alliée des USA, des troupes vietnamiennes occupaient le Laos, et les khmers rouges attaquaient le nouveau régime cambodgien à travers la frontière thaï.
Tant que l'URSS a existé, le Viet nam a été son allié fidèle, pas celui de la Chine. Les relations USA/Viet Nam n'ont démarré qu'en 1994, avant de se développer. Elles sont de plus en plus importantes, mais cela a pris énormément de temps.
Cela n'a pu arriver que parce que l'URSS avait disparu, et que la Chine est l'ennemi de toujours.
Les Philippines, d'ailleurs, sont aussi inquiètes des prétentions chinoises. Pourtant, une amorce d'éloignement vis-à-vis des USA avait été enclenché, et un rapprochement entamé. Mais il est clair que les revendications chinoises d'espaces maritimes créent aussi le trouble. La seule masse de la Chine, d'ailleurs, terrifie ses voisins, qui ont encore le souvenir que pour la Chine, il n'y avait que des vassaux, payant tributs.
La géopolitique est un instrument puissant.
Les talibans ont ils été remis en selle par les USA ??? Il ne faut pas surestimer les politiciens occidentaux, perdus, comme dirait Grasset, dans leur narrative. Ils ne sont pas si habiles. Ils croient que leur interprétation est la seule valable.
De fait, les états n'ont pas d'amis que des intérêts, et, dans les faits, il n'y a aucune chance que les talibans échappent à leur voisinage.
Avec leurs centaines de milliards de dollars, les chinois peuvent acheter tout le monde. Ils ne s'en priveront certainement pas. D'autant qu'ils cherchent à se débarrasser des dits dollars. Les mines de lithium sont riches en Afghanistan ? Les chinois, ou d'autres, voudront les vider en premier. Et garder leurs propres gisements.
Le président en fuite, Ashraf Ghani, voyait même les minerais comme une "malédiction", c'est-à-dire une excellente raison de relancer des conflits armés pour en prendre possession.
C'est la "maladie hollandaise" des matières premières. L'Afghanistan risque de devenir une monoville à la soviétique. Privés de leurs sous par les américains, les talibans vont devoir faire vivre un pays, et si une main secourable leur est tendue, ils la saisiront. Parce que, si l'on regarde à fond, les talibans n'ont pas conquis militairement le pays, ils l'ont conquis politiquement, pratiquant un travail de sape de longue haleine. 60 000 hommes, au mieux, armés d'armes légères... C'était peu pour affronter l'armée afghane. Une armée dont le matériel sera, comme celui perdu au Viet Nam, inutile. Déjà, avant l'offensive nordiste, une bonne partie était devenue inutilisable, faute de pièces, de compétences pour l'entretenir, de personnes pour s'en servir. je me rappelle qu'on disait que l'armement préféré du soldat Viet, c'était le fusil d'assaut et la baïonnette. Les avions ne pouvaient pas voler, les chars servir et la plupart de l'équipement, trop fragile, trop compliqué, était fait pour engendrer un maximum de maintenance et de profits du complexe militaro industriel, et le gouvernement local était incapable de suivre, ne serait ce que financièrement parlant. la seule chose qui a été utile aux nordistes, ce sont les armes individuelles. Mais cela, ils n'en manquaient pas, et préféraient le soviétique, armes de moujik très simples et très fiables.
Au contraire des talibans, les nord vietnamiens étaient très bien équipés, formés et encadrés par les soviétiques et les chinois. Ils étaient aussi très nombreux. Les talibans sont peu nombreux, certes, guerriers (pas leurs dirigeants visiblement), fluide dans leur tactique. Les nord vietnamiens avaient tout écrasé sur leur passage. En tout état de cause, les stocks de munitions laissés par les USaméricains ne tiendront pas longtemps, en 1975, ils étaient déjà épuisés.
Enfin, dernière remarque, il ne faut pas prêter trop d'intelligence et de machiavélisme aux dirigeants, cachés ou pas, occidentaux. L'argent corrompt tout, y compris ça. Sinon, comment expliquer la gabegie du F35 et de toutes les dépenses du complexe militaro-industriel ? Sans doute celle aussi des vaccins covid ? Quelques soient leurs intentions, est ce qu'ils sont capables, simplement, de les réaliser ? Ou simplement, un gros profit ?
Malades de l'âme, ils entassent de la monnaie qui bientôt ne vaudra plus rien, ils s'imaginent en nouvelle zélande ou dans leur bunker ? Ils élèveront des moutons ? Ou deviendront ils fous, en étant volontairement enfermés ? Dans les mondes clos, ils finissent toujours par s'entretuer, comme les révoltés du Bounty... Et comme disait Bayard, il n'est de bons murs que de bons hommes. Toutes les forteresses finissent par tomber. Sauf celle de Rochetaillée, mais elle n'a jamais été assiégée.
Le leg de l'histoire, c'est que tous les empires meurent en se brisant dans des contrées pour lui, sans intérêt, contre une poignée de cul-terreux têtus, et pourchasser ces rebelles, par habitude, devient une ruine, rien que par la disproportion des forces. Il y a très longtemps, les légions romaines ramenées du Rhin vers l'empire perse chantaient qu'ils n'auraient aucun mal à les vaincre, car ils avaient tués 100 francs.
Devant la disproportion des forces, les ennemis germains, scots, talibans, se sont adaptés. ils ont combattus sur leur propre terrain. La plupart du temps, ça a été un jeu complexe d'alliances et de trahisons toujours mouvantes et incertaines. Au fur et à mesure que les empires perdent leur forces, les alliés, les achetés et autres, font comme les girouettes, elles suivent le vent.
Comme disait un proverbe du XVI° siècle, ce n'est pas la faute de la girouette si elle tourne, c'est celle du vent. Un empire reposant sur la coercition ne vit plus longtemps, si on voit que cette force de coercition baisse.
Donc, je maintiens mon point de vue. La chute de Kaboul, est pire que celle de Saïgon.