COURRIER DE LECTEUR... 17/11/2021
"Patrick, tu déconnes. Il y a quelques années tu critiquais le pavillon par l'exemple de Détroit, où les routes ne sont plus entretenues, les poubelles pas ramassés etc pour cause de tissus urbain distendu.
Bien sûr la ville a des coûts de complexité. Il y a quand même un juste milieu entre mégalopole et banlieue pavillonnaire, pour atteindre un optimum énergétique. Le tissus urbain français correspond d'ailleurs a cet optimum pour des conditions de faible disponibilité énergétique (Bairoch).
Je vis dans un village où les conduites d'eau pètent plusieurs fois par MOIS. La dite eau fait une quinzaine de km pour alimenter le village. Et pourtant, c'est en montagne (Savoie) : on ne manque pas d'eau. Ce n'est pas un exemple isolé. Un aqueduc alimentant une ville sera toujours mon coûteux a entretenir, toutes proportions gardées.
Certes, à long terme peut être ne pourra t-on plus entretenir l'aqueduc et le village ce sera débrouillé pour s'alimenter en local avec une eau de plus mauvaise qualité. Ce jour là ça fera longtemps que plus aucun d'entre nous aura mal aux dents."
En ce qui concerne Detroit, je constatais un fait. L'immobilier n'a plus lieu d'être, si il n'y a pas d'activité économique sur place. Les quartiers du centre ville de Detroit, Gratte-ciel et immeubles de grande hauteur ont été les premiers vidés. D'ailleurs, certains lotissements ont été changés en jardins. où
Après, une ville qui se vide, ce sont des habits trop grands sur un corps trop maigre. Il ne faut pas caricaturer.
J'estime que ni la banlieue pavillonnaire, ni les grands ensembles ne sont différents. Elles sont les marques d'un civilisation -si l'on peut dire, gavée de fossile. Et des le début des années 1970 les grands ensembles ont montrés leurs limites intrinsèques. Leur destruction est une question simplement de logique, et vouloir l'immigration pour simplement remplir toutes les dents creuses immobilières, une stratégie très stupide.
Les propos du ministre sur le pavillonnaire, sont les propos d'une bobo cadre vivant dans un grand ensemble cher, qui méprise le louzeur incapable de la suivre. Ou comme me l'a dit quelqu'un, le grand ensemble, mais avec un loyer de 12 000 euros par mois, ça trie le voisinage.
Pour ce qui est de perdurer, le village de 1200 âmes a plus de chances que la mégalopole de 12 000 000 de têtes de bétail. S'il peut être compliqué et pas évident de survivre au village en cas de rupture d'approvisionnement, c'est plus jouable que dans la mégalopole. Là aussi, on revient aux "Zeurlaiplusombredenotristoir", où certains ruraux se sont aperçus qu'il était compliqué d'avoir un lopin, même petit, et encore plus, des outils. Sans parler des semences. Ni sans savoir comment planter un chou. ça s'était bon pour l'ouvrier, le petzouille de 1939, qu'on ne voulait pas même servir dans certaines gargottes.
Ces mégalopoles ne vivent et survivent que dans le cadre d'un flux constant de fossile, chose qui s'est arrêté pour certaines, mais pas pour toute, Detroit en particulier. Avec 2 200 000 habitants, la population était devenu trop nombreuse pour un biotope économique en régression.
Pourtant, la situation géographique de Detroit est idéale. Mais on ne change pas les mentalités formatées des hommes, qui sont incapables de voir neuf et la réalité. Une ville, un village, ça nait, ça grandit, ça atteint son optimum, puis, cela peut décliner ou disparaitre. Qui a t'il de commun entre la Rome impériale de 1 000 000 d'habitants, et la Rome papale de 17 000 ? Souvent, les titres restaient les mêmes, la lutte du pouvoir était identique la bagarre entre Alexandre Borgia et le cardinal Della Rovere dans la curie est passée dans l'histoire, mais plus rien n'est pareil. Le Forum Romanum est devenu le pré aux vaches, la ville est ravagée par la malaria apportée par les eaux stagnantes des restes des aqueducs, le cloaca maxima n'évacuant plus rien, la vérole ravage la ville, et les courtisanes règnent. Lucrèce Borgia devient régente de l'église, les papes essaient de reconquérir leur minuscule état, et n'y arriveront qu'avec peine... César Borgia n'obtient comme réponse d'un paysan qu'un "journée normale", quand il apprend que des cadavres d'assassinés flottent dans le Tibre (Il cherche alors son frère).
L'histoire a passé. Les peuples tributaires, débarrassés de l'empire et de l'annone ont été soulagés, La Tunisie, la Gaule, l'Egypte n'entretiendront plus cette population surnuméraire...
Pour le moment, la France entretient une capitale qui n'est qu'un ventre, et s'il y a des économies d'échelle réelles, il existe aussi un terme adéquat : déséconomies d'échelle. C'est aussi une courbe en cloche, une courbe de Gauss. A un moment, les investissements sont simplement fait pour empêcher une dégradation qui devient inévitable un peu plus tard.
Un village, même avec une fuite d'eau chaque mois peut perdurer. La main d'oeuvre pour amender le problème peut se trouver sur place, et la qualité de l'eau, à terme, n'est plus un problème. En effet, il existait un tas de villages où les populations buvaient une eau non potable selon nos critères, et désagréables ou dangereuses pour les étrangers, mais parfaitement tolérée par celle-ci, qui avait développé une accoutumance et des immunités.
Ne pas avoir mal aux dents quand tout capotera ? Si c'est en 2100, c'est vrai, en 2025, c'est moins sûr.
La population a d'ailleurs senti, avec la crise Covid, les ruptures. les centre villes sont moins courus, les immeubles sont mis en vente, la preuve, par la mise en vente des passoires énergétiques des années 1960 et 1970, en masse, la seule chose qui ait empêché d'ailleurs, certaines villes de voir leur populations s'effondrer, c'est leur caractère âgé, retraité, qui n'ont donc pas d'intérêt économique à partir, et qui ne le feront que pour le cimetière.
Parfait exemple, pour le citer, de ce qui fut des villes de garnison, pour lesquelles on a maintenu plus que de raison le service militaire, parce que c'était leur seule activité. Une fois parti, le régiment, la ville de 8000 habitants n'avait plus qu'un optimum de 2000.
De plus, il faut bien penser que les "besoins", en eau, sont ceux d'une société gavée de fossile. Miraculeusement, quand la température descend, la douche quotidienne devient nettement moins impérative. Elle devient plus du tout impérative quand il faut charrier l'eau à bras et qu'on peut pas la chauffer...
La banlieue, c'est aussi l'endroit où habitent bonniches et serviteurs des cadres et bobos du centre. Evidemment, le retour à une économie de production, relocaliserait la population. Le transport en commun est une gabegie, inutile 80 % du temps.