SYNDROME DES COUTS IRRECUPERABLES : LE NUCLEAIRE FRANCAIS
Retraçons un peu l'histoire.
Quand survient le premier choc pétrolier, en réalité, la fin du pétrole facile, il va y avoir un certain nombre de reclassements économiques.
- Dans le secteur du BTP, on va moins construire et construire de manière différente. Le secteur, qui avait atteint son maximum en 1972, avec 550 000 logements, va durement redescendre et on redescend à une moyenne de 356 000, avec des paramètres négatifs. En effet, le logement collectif, qui était prédominent entre 1945 et 1972, décroit encore plus vite. Or, il consomme beaucoup plus de béton et d'acier que le pavillon individuel qui redevient la norme. Cela crée des problèmes à la sidérurgie et du chagrin à certains milliardaires du secteur du BTP que je ne citerais pas.
- Pour "sauver l'emploi" dans les secteurs susmentionnés, et pour faire plaisir aux copains, on va trouver cohérent de construire des centrales nucléaires. ça, c'est bon, c'est gros, ça consomme un maximum de béton, d'acier et surtout d'aciers spéciaux. Tout le monde est content.
- Seulement, on a simplement vu un peu trop grand. Certains parlaient de 200 centrales, d'autres, plus réalistes de 100, mais les contraintes hydriques le long des fleuves fait que le projet globale est arrêté à 58. Pour la petite bagatelle de 1000 milliards de francs dépensés et le surinvestissement est visible.
- Comme le politicien n'avouera jamais s'être trompé, il va par une propagande inouï réussir à faire avaler la couleuvre. En effet, la politique de STEP (Station de transfert de l'énergie par pompage) sera stoppée nette, non par ce qu'elle ne fonctionne pas, mais qu'il serait ballot d'avouer à l'opinion et aux contribuables qu'on n'avait besoin que d'une moitié, voire moins, en réalité une vingtaine seulement. En plus, le potentiel de pompage turbinage identifié, voir, documenté et arrêté au stade des études est environ 5 fois plus grand qu'il n'est actuellement aurait coûté beaucoup moins cher. Seulement quelques milliards seulement, c'est inacceptable pour l'industrie du BTP.
- En fait, le potentiel de pompage-turbinage est beaucoup plus important que celui utilisé actuellement. En effet, pour faire fonctionner les centrales nucléaires, on est obligé de garder constant un certain étiage.
- Comme on a beaucoup trop de capacités on va développer les usages inadéquats. Les subventions d'équipements aux entreprises (qui en amèneront beaucoup au dépôt de bilan), et le chauffage électrique. Le chauffage électrique a un défaut, il nécessite d'avoir un réseau qui accepte de très gros débits en hiver, en moyenne, une semaine par an.
Dans les périodes de grands froids, même le réseau de réacteurs nucléaire est trop léger. Globalement, la consommation électrique pour le chauffage n'est que d'environ 40 TWh, pour une production de 500, mais le réseau qu'il a engendré est d'un coût monstrueux et consomme énormément de matériaux
Les pointes de consommation atteignent parfois les 100 GW, contre une consommation normale variant de 30 à 60.
- Le nucléaire n'est pas pilotable, on peut seulement les découpler du réseau. Le parc nucléaire fonctionne la plupart du temps, pour rien, entrainant une surconsommation de combustible. On a d'ailleurs, déjà prolongé des arrêts de centrales "pour économiser le combustible".
- L'opposition aux centrales nucléaires, les écologistes, est entièrement dogmatique, et ne s'attaque jamais au problème du non sens économique. En fait, la rentabilité du nucléaire est surtout historique et provient de la dévaluation monétaire des coûts de construction. Les écologistes s'attaquent à tout ce qui est renouvelable, même l'hydraulique et l'hydraulique marin, en plus de l'éolien et du photovoltaïque.
- Les politiciens français, soucieux de la rentabilité d'EDF ont toujours négligé les développements d'autres sources d'énergie, voir les ont combattus. La production solaire thermique n'atteint de 2.2 TWh en France, contre 18.2 en Allemagne, nettement moins avantagée au niveau ensoleillement. Mais son développement avait été traité de "soviétisme", par un ministre qui n'entrera pas dans l'histoire.
- L'obéissance du gouvernement aux directives européennes décourage toute nouvelle construction, car EDF devrait céder les concessions. Seuls des entrepreneurs privés peuvent réhabiliter d'anciens sites (des moulins) après avoir combattu une bureaucratie délirante et des écologistes visiblement sous l'emprise de produits illicites. Dans le cas que j'ai connu personnellement, 5 ans de démarches administratives pour 6 mois pour les travaux.
Pour résumer : le cas des centrales nucléaires françaises est une absurdité économique, le "syndrome des coûts irrécupérables", où l'on mise sans cesse plus, parce qu'on est incapable d'assumer le fait qu'on a déjà trop dépensé, et de manière inadéquat, alors que, partout dans le monde la part du nucléaire, est, au plus à 20 %. De fait, la sortie du nucléaire est déjà enclenchée, même si elle peut durer longtemps. Pannes importantes et récurrentes, une mise au normes coûteuse, certaines centrales nucléaires sont visiblement dangereuses, maintenance de plus en plus compliquée et coûteuses, pénurie d'uranium cachée sous le tapis par des opérations d'entretiens qui s'allongent...
De fait, la part de la consommation d'électricité d'origine nucléaire est en baisse constante. De près de 80 %, descendant jusqu'à 63 %.
En plus, cela a entrainé l'hostilité à toute solution alternative, la baisse des consommations entrainant la baisse du PIB et des rentrées fiscales. Même si les économies peuvent être conséquentes...