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Du partage des bénéfices, au retour des pillards...

16 Mai 2009 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

En 2006, sur 93.6 milliards de bénéfices, 9 (9.5 %) étaient restés dans les entreprises, 13.6(14.6 %), étaient allés aux salariés, et le reste, soit  71 milliards, représentant 75.9 % aux actionnaires.
Une des composantes de la crise actuelle, c'est l'hypertrophie de la distribution aux actionnaires, hypertrophie qui cause actuellement les déboires des  firmes.
En effet, non seulement la trésorerie a été flambée dans ces distributions, mais elles allaient souvent très au dela des disponibilités nettes, et conduisaient les entreprises à s'endetter, ou du moins, à cesser de se désendetter.
Il n'y a qu'à comparer pour GM les montants distribués depuis 1987, et les pertes depuis 2000.
Jusqu'en début d'année, les dirigeants désiraient faire des douceurs aux mythiques "Zinvestisseurs".
Mythique, c'est qu'avec des retours exigés à 15 %, il était fort profitable pour eux de s'endetter à 5 % et d'empocher la différence en se trouvant génial. Si ce genre de manoeuvre est impossible au petit épargnant, le hedge fund, lui, ne s'en privait guère.
C. Lagarde trouve impossible de rééquilibrer ce partage. C'est, en effet, difficile dans le cadre d'une économie qu'on a délibérément ouverte à tous vents.
Mais dans le détail ? Il existe une loi comptable, toute bête. Elle concerne la réserve légale.
5 % du bénéfice doit être mis dans la réserve légale, jusqu'à ce que celle-ci atteigne 10 % du capital. Bien entendu, ces limites elles mêmes n'ont rien de sacrées. Elles pourraient être augmentées, sans réduire le bénéfice, seulement le versement de dividendes.
Comme c'est justement, ce versement qui crée problème, il faut le résoudre. Bon, pour le moment, il est réglé, les bénéfices sont en chute libre.
En outre, il faut aussi rappeler que bien des bénéfices étaient tout bonnement, fictifs.
Une entreprise tient ses comptes à sa valeur historique, et les "bonnes affaires" se contentent finalement et souvent de libérer des terrains qui ont -avaient- flambés, dans des endroits bien placés et qui font faire une plus value, non pas assise sur une performance économique, mais sur la dévaluation de la monnaie depuis l'acquisition. 
Il y a trente ans de cela, le gouvernement Barre, soucieux de regonfler les bilans, avait fait voter une loi simple. Les entreprises pouvaient réévaluer leur bilan, comptabiliser des plus values, et c'était neutre fiscalement. Comme la partie distribution avait été négligée, cette loi eut un succés d'estime.

En réalité, cette manière de faire des élites économiques montre une sortie du système capitaliste.
Au 19° siécle, c'était sur une vision patrimoniale de plusieurs générations qu'on s'appuyait.
Pendant une bonne partie du 20°, le dividende était très réduit.
Le système reposait réellement sur une accumulation du capital, dans une firme bénéficiaire.
Aujourd'hui, ce système s'est largement détruit. GM et Chrysler n'existent plus, les grandes banques sont des squelettes, dont on agite les bras pour faire qu'elles sont vivantes, les grandes entreprises, pillées, ne valent guère mieux.
On a vu la pantalonnade des "stress tests" aux USA, on va importer cette pantalonnade en Europe.
Ce qui s'impose, c'est la nationalisation immédiate de toutes les grandes entreprises. Aucune n'est viable actuellement.
L'onde de choc de la propagation du chômage, auquel nous allons assister, auquel nous assistons, se révéle le tsunami de la crise.
La mer s'est retirée, et le mur s'avance vers le rivage, devant des spectateurs ébahis et assez stupide pour rester planté là, couillons, d'avoir été pris nageant sans maillot de bain. 
L'heure, n'est pas à ma honte, mais à la fuite. Nier la réalité par des maquillages, c'est s'obstiner à nier l'évidence et rendre le péril plus pesant encore.
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B
L'Institut national de la statistique (Insee) a publié vendredi 17 mai une série de chiffres qui montrent que la récession a commencé il y a un an.<br /> <br /> France : évolution trimestrielle du Produit Intérieur Brut :<br /> <br /> - 2ème trimestre 2008 : - 0,4 %.<br /> <br /> - 3ème trimestre 2008 : - 0,2 %.<br /> <br /> - 4ème trimestre 2008 : - 1,5 %.<br /> <br /> - 1er trimestre 2009 : - 1,2 %.<br /> <br /> Christine Lagarde et Eric Woerth répètent depuis des mois que la France n’est pas en récession.<br /> <br /> Christine Lagarde et Eric Woerth sont des menteurs.<br /> <br /> http://www.lesechos.fr/pop.htm?/medias/2009/0515/photo_1242378912354-1-0.jpg
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B
PIB des Etats-Unis en 2008 : 14 264,6 milliards de dollars.<br /> <br /> Dette publique des Etats-Unis au 14 mai 2009 : 11 270 547 397 564 dollars (soit 11 270 milliards, 547 millions, 397 564 dollars), soit 79 % du PIB.<br /> <br /> http://www.treasurydirect.gov/NP/BPDLogin?application=np<br /> <br /> Pour lire le montant de la dette totale (publique + privée) des Etats-Unis, il faut lire la page 15 :<br /> <br /> http://www.federalreserve.gov/releases/z1/Current/z1.pdf<br /> <br /> Domestic nonfinancial sectors : 33 517,9 milliards de dollars.<br /> <br /> Domestic financial sectors : 17 216,5 milliards de dollars.<br /> <br /> Foreign : 1 858,3 milliards de dollars.<br /> <br /> Dette totale (publique + privée) des Etats-Unis : 52 592,7 milliards de dollars, soit 368 % du PIB.
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I
Fameuse conclusion: "Nier la réalité par des maquillages, c'est s'obstiner à nier l'évidence et rendre le péril plus pesant encore." <br /> <br /> BRAVO PATRICK, et bonne continuation.
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L
Encore un etrés bn article Patrick, Je préfere de beaucoup ta nouvelle démarche, plus de dérive catrastrophiste mais que des faits bien choisi et convenable bien analysé. Je pense que c'est dans cette direction qu'il faut continuer.<br /> <br /> La tu commence a reprendre le rythme. Encore bravo.
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T
Aucune sphére du systéme car elles sont multiples, ne doit se servir d'une autre sphére pour se dédouaner de sa responsabilité.<br /> Le public doit rendre des comptes au même titre que le privé.<br /> Alors, finit les cumuls de mandats, rente de situation bureaucratique, dynastie de politiciens sans envergure, retraite spéciale, flotte pléthorique de voitures, couche de fonctionnaires improductif et parasitaire.
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T
Nationaliser le systéme bancaire, ok.<br /> Les autres entreprises, faut voir.<br /> Faudrait également, car derrière le public ou le privé, on retrouve systématiquement des hommes, rendre responsable pénalement et patrimonialement, les connards de l'Ena ou d'X qui prendront les reines des instituts nationalisés.<br /> Lorsque vous êtes un entrepreneur, vous êtes caution personnel sur vos biens, quelque soit la taille de l'entreprise que vous montez.<br /> <br /> Dans le public, cela doit être la même chose : le gros con de fonctionnaire d'en haut doit être responsable de son job.<br /> Voir J2M par se convaincre de la limite du public.<br /> <br /> On va tous les faire raquer avant de nous faire rincer.
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