Le papier...

Même quand il s'agissait d'envoyer ad-patres et de manière expéditive son premier ministre, il y donna toute son attention.
Il faut dire que le siècle précédent, le 16° avait été vigoureux en la matière.
La liste des grands, exécutés par ordre du roi, avait été longue, et un des plus célèbres avait été le Duc de Guise, en 1588.
Pourtant, pour l'époque, c'était on ne peut plus légal. Quand un sujet, trop puissant, ne pouvait être jugé sous les formes ordinaires de justice, le jugement était rendu par le roi en son conseil.
Après, ce n'était que question d'exécution.
Aussi, Louis XIII, en 1617, consulta, dit on, les survivants du conseil de 1588.
Vitry attendit Concini, fit mine de l'arrêter et devant sa résistance, le "couillon" (le mot est d'époque, le surnom avait été donné par Henri IV), reçut quelques balles de pistolets.
On n'arrête jamais le progrès, Le Duc de Guise avait été dagué.
Mais, à l'époque, sur le cadavre, on retrouva de quoi renflouer les finances. Il portait en effet plusieurs dizaines de millions de livres de papier.
C'était pour l'époque, considérable, comparé au numéraire en circulation dans le royaume.
Mais le papier commercial, lui même, n'était pas une nouveauté. Pour l'époque, ce papier, qui se soldait, ou pas, aux grandes foires, à certaines fêtes, en tout cas à des échéances précises, représentait pour les régions les moins dynamiques, au moins 10 fois les liquidités existantes.
La liquidité, c'était affaire de gens riches et de soldats.
"Pas de pécunes, pas de suisses", disait on.
Bien sûr, ils arrivaient qu'ils fassent crédit eux aussi, en échange d'un bon pillage.
Mais, globalement, dans cette période, l'économie fonctionnait pratiquement sans liquidités.
Pourtant, dans l'imaginaire public, la monnaie de cette époque, c'était la monnaie d'or, ou d'argent.
En réalité, le menu peuple ne voyait guère que le cuivre, les grandes foires étaient lieux de compensation, et les soldes non réglés étaient appurés par la création de nouveaux effets à 10 %.
Cela, bien entendu, dans des économies largement pré-capitalistes.
Aujourd'hui, ceux qui vivent l'activité économiques savent aussi que pour sortir 1 en résultat, il faut brasser 100.
Mais, là n'est pas le problème. Même s'il faut 1 de liquidités et 20 de papiers, le trait dominant d'une crise, c'est quand la sphére financière grossit d'elle même et POUR ELLE MEME et ne reste pas cadrée par l'économie réelle.
Le second risque, dans une crise de ce genre, c'est de sombrer dans un sado-monétarisme acharné, comme préconisé dans "Tropical bear".
Ce sado-monétarisme exprime une petite bourgeoisie qui a épargné 3 sous et vit dans la hantise de les perdre.
Bien entendu, manipuler pour gagner un peu d'argent, c'est licite selon elle.
Mais, même au 16° siécle, le gros marchand, celui qui SAIT, finalement, agit DEJA comme un petit Madoff.
Il prend l'argent de celui qui "fait confiance", alors que finalement, lui ne risque que l'argent des autres. DEJA. Il TRANSMET le risque, comme la vérole.
Ce sado-monétarisme bourgeois s'est exprimé une dizaine d'année en Argentine, avant de s'effondrer en 2000-2001.
On bride la création monétaire, et donc on empêche tout développement économique, en privilégiant l'assise financière pré-existante.
Inutile de dire, que ce genre de "stabilisations" s'est aussi effondré bruyamment. Impossible de maintenir une valeur monétaire sans économie PRODUCTIVE.
la seule question importante est donc de remettre la création monétaire au service de l'économie réelle, comme le fit la stabilisation monétaire de 1799.
Les affaires ne sont pas interdites, elles se cantonnent à la sphère réelle, par le biais des effets de commerce, de l'escompte et du réescompte.
Bien entendu, ce système qui dura longtemps en France n'était pas assez "moderne", c'est à dire ne manipulait pas le vent, et procurait une rentabilité certaine, mais basse.
Il casse dans l'oeuf tout mouvement spéculatif, et si mouvement spéculatif il y a, il reste modéré, car "hors du cadre" habituel. Bien sûr, les mouvements spéculatifs ne d'éteignent pas.
En effet, comme le disent les "pieds nickelés", la poire, même riche, est la base de leur industrie.
Et, comme le haut de l'échelle social vit dans l'ignorance du monde, enfermé sur lui-même, replié sur son idéologie narcissique, il n'y a rien de plus facile que de le plumer.
Les escrocs, bac - 4, adorent les bacs + 5 entourés d'avocats. Ce sont les meilleurs pigeons, bien gras et dodus.
"les nobles font trop confiance en leurs murailles" Minute de procès d'un "caïman" 16° siècle.
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
P
B
K
K
P
K
B
A
P