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Faire le lit du National Socialisme...

25 Mars 2010 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

A la chronique Agora, certains visiblement fument de la moquette ou se sentent une âme de blonde.
"La réunification leur a coûté cher", "ils ont eu le courage de faire des réformes", le maître mot, c'est plutôt qu'ils ont sortis Brüning de son formol et de sa bêtise.
Bien sûr, on entendra la sempiternelle bêtise sur les "allemands qui craignent l'inflation, parce qu'elle leur a amené Hitler au pouvoir".
Bien entendu, c'est faux.
L'hyperinflation a eu lieu en 1923, elle a aboutit à la dévaluation de la dette, "consolidation" à 2.5 % de sa valeur or, et possibilité de rachat à 12.5 %. Dans les Faits, ça s'appelait une banqueroute de 87.5 %.
Pour ce qui est de la dette externe, la dette de guerre, le régime de Weimar l'a constamment renégocié et Hitler, en n'assurant pas son remboursement, n'enfonçait que le clou final, les réparations étaient devenus symboliques.
Ce qu'elle a payé, l'Allemagne l'a fait avec des emprunts.

En 1933, ce qui a amené Hitler à la chancellerie, c'est la misère généralisée, crée par le chancelier Bruning, parce qu'il fallait à tout prix équilibrer les finances et que vulgairement, les allemands en ont pris plein la gueule.
Le mot d'ordre, à la fois des communistes et des nazis, c'était "manger d'abord, le loyer ensuite" (si bien entendu, il était payé).
Quelques rappels :
"- les socialistes acceptent toutes ces restrictions, comme ils acceptent de voter le budget de 1931, pourtant sévère pour les petites gens",
" - Le RDDI exige du chancelier des exonérations d'impôts, la diminution des charges sociales, la fin du contrôle de l'état sur l'économie",
- septembre 1932 : "suppression des conventions collectives et des accords de salaires, diminutions des prestations sociales, diminutions d'impôts".
La seule différence notable, entre la crise de 1929 et celle qui commence en 1973, c'est qu'elle a été beaucoup plus progressive dans la régression sociale. Elle accélère franchement avec la crise de 2008 et le retour des libéraux pur jus, et de leur politique de déflation (déflation Laval de 1935), sous prétexte de finances publiques.

Ce qui était tenable, c'est à dire une dégradation lente, va devenir une dégradation massive, en nombre et en montant.
Comme disait Audiard, " les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait. "

Il y a un moment, où vient l'inflexion et où arrive la réponse politique. La dernière déculottée électorale du parti au pouvoir a été forte, tant par l'abstention que la le vote de rejet, avec le vote le plus fort, la flambée du FN entre les deux tours.

N'en déplaise à Isabelle Mouillesaux, la politique allemande depuis 2000 n'a pu réussir, que parce qu'ils ont confié aux autres le soin de consommer.
Il faudrait qu'elle apprenne à recompter : baisser de 4 % le déficit, par des "Zéconomies", c'est baisser le PIB au minimum de 4 % aussi, voir beaucoup plus.
On peut envisager un effondrement supérieur à 10 %. Et qu'on ne ressorte pas encore les futilités sur le "travail au noir". Le travail au noir existe en toutes périodes, et il est beaucoup moins important en période de crise économique.
Si l'on prend les derniers chiffres en France, consommation, comme chômage vont mal, mais "moins qu'attendus".
Bien sûr, dans 15 jours, les chiffres ajustés seront pires.
Des mesures parcellaires, comme l'augmentation démesurée des prix du gaz, auraient permis en d'autres temps de se gargariser et de se goberger de "la robustesse de l'économie et de la consommation".
Dans un contexte où même la consolidation fait figure de voeu pieux, baisser les dépenses d'état, c'est du suicide, et pour l'économie, et pour le politique.

Les responsables allemands n'ont donc pas vu leur propre récession ? Elle est une des plus importantes du continent, et a été causé par la spécialisation allemande : les exportations. Arrivé à un certain point, on ne peut que remonter, et arrivé à un certain point, on ne peut que descendre.exportations-allemagne.jpg

Politiquement, le sabrage des "cosaques sociologiques" (retraités, agriculteurs et fonctionnaires), largue ce qui était trois amarres importantes de la stabilité sociale.
Le pouvoir ne se retrouve que dans ses 78 % de votants à Auteuil Neuilly Passy. C'est peu.

Le sadomonétarisme européen éloignera donc un peu plus les citoyens, déjà peu convaincus ni par l'Europe, ni par leurs gouvernants de celle-là.

Pour qu'il y ait des politiques aussi stupides et aussi récessives, il faut aussi que les élites soient convaincus qu'il ne peut rien se passer, que ça passera et qu'elles sont indispensables. 1788 comme 1916 ont été des moments de césure.
A cet instant, la production s'effondre. La France de 1788 est déjà un pays plus industriel qu'agricole, et la politique de libre échange touche durement le pays.
Les remous sont crées par cette chute (50 % dans les deux cas) des productions. Le délire des plans de relance a interrompu une chute en verticale, et l'a remplacé par une baisse en pente douce.

Toute austérité fera reprendre le chemin de la baisse. Quand à espérer le rebond par l'export de la zone euro, via dévaluation de l'euro, il ne faut pas rêver.
Dans un monde en crise, où tout le monde entreprend la même politique il n'y a plus de débouché...
Pour ce qui est des troubles qui n'arrivent qu'en cas de chariots vides, n'ayez crainte. Ce stade arrive, lui aussi...
La déflation n'apportera qu'une crise de plus en plus grave, et certainement pas l'équilibre du budget.

Les citations proviennent du livre "Allemagne 1900-1933".
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C
<br /> Bien sûr c'est "La Chute" et pas "La Chute Après".<br /> <br /> Reste que Patrick combat l'idée de déflation, en disant qu'elle est douleureuse, alors même que c'est (une partie) de la solution.<br /> <br /> Il parle des rémunérations indécentes. Banquiers, grand patrons... mais qui sont indexées sur la "Bulle". Faite péter la bulle : finito les bonus. Problème réglé.<br /> <br /> L'immo ? Faites péter la bulle, et aux oubliettes les prix délirants. Donc plus besoin de crédits "esclaves".<br /> <br /> Etc. etc. Bref, la déflation est certes douleureuse : papy qui se voit millionnaire avec son 4 pièces miteux à Paris va en prendre un sacré coup sur la tronche. Mais le coup sera<br /> proportionnellement plus fort pour les banques qui possèdent des immeubles entiers, des bureaux etc.<br /> <br /> Il faut déflater ces soit disants actifs, et leurs corollaires ces soit disantes dettes.<br /> <br /> Les dettes des gogos sont les actifs des mafiosos.<br /> <br /> Donc, oui, la déflation est le début de la solution, ou en tout cas un pré-requis absolu.<br /> <br /> Par contre, après, je partage certaines propositions que fait Patrick : la première : les protections douanières, qui sont essentielles.<br /> <br /> Pour l'aspect confiscatoire de la fiscalité, perso et entreprise, là je suis beaucoup plus critique.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Patrick en propose pourtant un paquet, de solutions :<br /> - gestion raisonnée de l'énergie, diversifiée<br /> - démantèlement de tout ce qui est hypertrophié : urbanisme du bassin parisien notamment, multinationales vivant sur des rentes sans payer de taxes<br /> - perspectives sociales inspirés des travaux de Braudel.<br /> - politique de transports répartis uniformément sur le territoire<br /> <br /> et j'en oublie !<br /> <br /> Sur la monnaie ? La réponse, il me semble, est le retour à une gestion souveraine nationale des deux fondamentaux : permettre des emprunts gratuits de l'Etat à lui-même, et tenir les rênes de sa<br /> monnaie.<br /> <br /> Je me permets d'ajouter ceci : je ne vois pas en quoi ce blog devrait se sentir investi d'une mission de reconstruction dans l'après-crise. Il s'intitule "La Chute", et non "La Chute, et après<br /> ?"<br /> <br /> Je trouve déjà beau que ce blog nous éclaire sur tous ces poncifs "libéraux" bien-pensants qu'on nous sert depuis 30 ans.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> à lire aussi !<br /> http://www.gestionsuisse.com/ArticleDetail.asp?id=684<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Christophe a raison. On est tjrs là pour vilipender les politiques économiques mais jamais pour offrir des solutions concrètes...<br /> D'accord on est dans la merde, et soit dit en passant pas à cause des allemands...<br /> <br /> Mais quoi alors, on continue à dépenser à tire-larigot, sur le dos du contribuable, pour une hypothétique voire utopiste reprise par la consommation...?<br /> <br /> Le problème global est monétaire. Tout ce que l'on voit ne sont que les effets collatéraux d'une politique monétaire irresponsable depuis trop longtemps (Bretton Woods voire celle qui a amené<br /> Bretton Woods plûtot)..<br /> <br /> Il est trop tard maintenant. Soit, a lire entre les lignes de vos conseils, on organise une inflation-dévaluation monétaire- générale, et là les fourmis se prennent un grain de riz dans le cul,<br /> quand les cigales retrouve du miel; soit on fait payer les cigales irresponsables, qui on voté depuis trop longtemps pour des cafard politiciens.<br /> <br /> Le problème est monétaire, car on peut émettre de la monnaie, et donc de la dette, autant que l'on veut, et on crée un monde ou les gens sont obliger de rembourser une rente at vitam eternam. On<br /> joue avec la monnaie comme si c'était une vulgaire variable d'ajustement mais on a trop tiré sur la corde. ET LES ALLEMANDS ONT RAISON! QUE CE SOIT EN 23 OU EN 33, ON NE RIGOLE PAS AVEC UNE<br /> HYPERHINFLATION A LA WEIMAR...<br /> <br /> Et ce que vous préconisez y amène clairement.<br /> Ou alors expliquez nous plus clairement.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci d'avoir corrigé. Cordialement.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> relisez Stephan Zweig : "mémoires d'un Européen" pour comprendre la crise de 23 ....Ceci dit le but recherché par les classes dirigentes est de satisfaire aux besoins des banquiers et des<br /> industriels de COMPRESSION LES SALAIRES . C'était le cas en 23, dans les années 30, comme ça l'est aujourd'hui....L'accroissement du chômage, le pillage des états,la manipulation des esprit par la<br /> peur et l'infantilisation.... rien n'a changé. Pour ce qui est de la critique formulée à l'encontre de la Chronique Agora est est bien fondée ! merci pour cet article. Il y a des constats qui<br /> s'imposent: M.Béchade est un oportuniste<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Je ne comprends toujours pas votre discours Patrick.<br /> <br /> Oui la déflation est suicidaire. Mais comment vous qualifiez l'alternative ?<br /> <br /> Comme disent les ricains, vous avez raison sur la 1ère partie de votre raisonnement... mais vous êtes sacrément "short" après.<br /> <br /> Or donc, okay, on continue, on continue à "amortir" la déflation... on file de la thune à qui mieux-mieux. Ca nous mène où ? A la destruction de notre système monétaire ?<br /> <br /> C'est peste + choléra ce que vous nous proposez.<br /> <br /> La déflation est nécessaire. Transactions immo en janvier dans le 75005 : 11 000 euros le m2. JE REPETE : 11 000 euros le m2 dans une rue pourrie du 5ème. C'est quoi ça ? A part un grand délire<br /> ?<br /> <br /> Donc la déflation, c'est à dire un APPAUVRISSEMENT GENERALISE, est nécessaire.<br /> <br /> Vous proposez quoi à la place ? Un appauvrissement généralisé, plus violent, mais "plus tard".<br /> <br /> Alors oui je le répète : vous êtes sacrément "short" sur ce coup là.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> @Brunos<br /> Toi-aussi t'as fumé la moquette?( c'est écrit 1923 pas 1933)<br /> <br /> <br />
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P
<br /> @ Brunos<br /> A la 8ème ligne, je lis "l'hyper inflation a eu lieu en 1923"<br /> Ou alors je n'ai rien compris à ce qui se dit ici.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je ne lis pas que "l'hyperinflation est en 1923 et la prise de pouvoir en 1933 en période de déflation" , je lis " L'hyperinflation a eu lieu en 1933 " . Soit c'est un raccourci conclusif et ce<br /> n'est pas clair, soit l'hyperinflation est en 1923 et pas en 1933.<br /> Cordialement.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Pour clarifier, le RDDI était l'Association nationale des industriels allemands. Le Medef de l'industrie de l'époque.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> http://autoentrepreneur.blog.lemonde.fr/2010/03/25/des-dizaines-dauto-entrepeneurs-radies-par-les-urssaf/<br /> Encore un piège à con...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_de_weimar<br /> L'inflation commence en 1923, pas en 1933: " La valeur du mark décline de 4,2 mark par dollar à 1 000 000 de marks par dollar en août 1923 et passe à 4 200 000 000 000 de marks par dollar le 20<br /> novembre de la même année. L'inflation est telle que les prix changent d'heure en heure et que les ouvriers se font payer une voire deux fois par jour pour s'assurer que leur salaire aura encore de<br /> la valeur à la sortie du travail."<br /> Qui a fumé de la moquette, Monsieur Raymond?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> l'hyperinflation est en 1923 et la prise du pouvoir de hitler en 1933 en periode de deflation. C'est bien ce que j'ai dit.<br /> <br /> <br />
C
<br /> Patrick@ "Pour ce qui est des troubles qui n'arrivent qu'en cas de chariots vides, n'ayez crainte. Ce stade arrive, lui aussi..."<br /> <br /> Tu as certainement raison et je ne vois aucun échappatoire,tu nous démontres aussi jour après jour que nos dirigeants nous poussent même à toute vitesse droit dans le mur, seulement c'est quand que<br /> les RMI/RSA CAF et assurance chômage ne seront plus payés ?<br /> 1 an 5,10 ans?<br /> Combien docteur vous me donnez à vivre et que j'arrête les clopes ? :-)<br /> Moi si tu me dis 2 ans, je lâche ,tout je vide mes comptes et je pars me faire la bringue du siècle ;-)<br /> <br /> <br />
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