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L'immobilier en France.

17 Novembre 2009 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Immobilier

L'immobilier, pour un ménage, c'est à la fois une aspiration, un voeu, une tentation, un statut, souvent un héritage, un investissement, une charge, une imposition, c'est un phénomène complexe, qui résiste à la simplification et doit être envisagé sur plusieurs angles.

D'abord, l'immobilier, c'est la population. Qui dit population dit emploi. Un bassin d'emploi, donc. Dans la carte du grand chaix, on voit une répartition assez égale de la population, qu'indique le quadrillage chemin de fer.
J'avais indiqué le seuil maximal de population en France. Jusqu'au début 18° siécle, il est scotché depuis plusieurs siècles à 40 habitants au kilomètre carré. 
Là, ce sont les subsistances qui donnent de la voix.
On constate qu'il n'y a que fort peu de variations, même les endroits les plus répulsifs sont peuplés.

La Population, affranchie des contraintes de la distance par le fossile, va commencer à se concentrer.
C'est assez visible en 1920. Le seuil de densité 40 a été pulvérisé, mais les hyperconcentrations n'ont pas encore vu le jour.
Elles  dépendent, elles aussi, des transports. D'abord limitées donc, aux villes et ports, disposant de bonnes infrastructures, le fossile, puis le pétrole, va encore faire grossir les gros : Paris, Lyon, Marseille et maigrir les campagnes.

On le voit, les cartes des chemins de fer ne sont plus du tout les mêmes.
Une partie du pays a clairement été abandonnée.
Mais cette concentration ne peut vivre sans une énergie fossile croissante.

Quel rapport avec l'immobilier, donc, peut on se poser légitimement comme question.
C'est que ces deux cartes, ont aussi un avers.
C'est la carte des saturations, qu'on peut voir de manières quasi caricaturale dans le dispositif loi Scellier qui succède à tous les autres dispositifs, et dont l'effet a été simple : il a saturé les espaces où la demande était faible ou peu importante, pour une bonne raison : le coût de construction est peu différent, mais le coût du terrain lui, est fondamentalement divergent.
Les seules tensions existantes sont locales et sont largement discutables. En effet, ce sont les logements bon marché qui manquent.

Un petit rappel de la période giscardo-barro-pompidoliste :
loin d'être le triomphe du capitalisme, cela a été le triomphe de l'archaïsme le plus absolu.
Le rentier, qui avait complétement disparu depuis 1914 est appelé à renaître, d'abord par la loi de 1973 qui interdit à l'état de frapper monnaie pour son propre compte, ensuite par la politique ou plutôt la non-politique barriste du logement.
Pour Barre, les loyers étaient "trop bas" ? Pourquoi, mystère ! La seule explication étant de recréer une caste héréditaire de rentiers, dominants sociaux, dont le plus grand malheur c'était d'être né.
Envolé, donc, le VRAI capitaliste, le créateur et preneur de risques (avec ses sous à lui, pas comme le banquier).
La technique est simple : on passe de l'aide à la pierre à l'aide à la personne. En gros, on aide les plus miséreux, les autres n'ont plus qu'à payer.

Mais, comme la dette butte sur ... la dette, le rendement locatif, après 3 bulles immobilières (fin des années 1970, début 1990 et depuis début 2000), les rendements sont déclinants. Les loyers butent sur la paupérisation des locataires, voire leur absence...
D'ailleurs, le pompidolisme a donné ses premières lettres de noblesse à la carambouille immobilière, avec l'affaire de la garantie foncière.
Les bulles elles mêmes sont édifiantes, d'abord un simple clapotis en fin 70, elle est plus violente fin 1980 et atteint un sommet en 2000. Avec pour les deux fois précédentes, une période de purge qui s'allonge.
Celle-ci, d'ailleurs, risque d'être éternelle.

Car, qu'en est il de la simple loi de l'offre et de la demande ? Après un boum de 10 ans, on a trop construit globalement (ce qui n'implique pas pas qu'il n'y ait pas de manques localisés).
L'insee est très clair la dessus : les logements inoccupés se comptent par millions.
Une politique saine, ne consiste pas à arroser les "Zinvestisseurs" de privilèges fiscaux, et de dégrèvements souvent spoliateurs, mais le retour à une politique de plus long terme plus pondérée : chaque département et chaque ville est un cas d'espèce, et en l'occurrence, au lieu de bâtir tant et plus, on doit sans doute privilégier le renouvellement urbain : détruire et reconstruire, en un mot, dégonfler la bulle des terrains.

Que vaut un terrain ? Ce que certains sont prêts à payer. Et c'est un levier puissant, mais qui n'a aucune modernité économique. Les liens de dominations sociales par la possession d'immeubles étaient déjà présents dans l'antiquité.
Pour prendre un exemple, les Suffètes (dynasties de rois) de Carthage (ils en avaient deux) étaient les Barca et les Hannon. Ils étaient les plus gros propriétaires de la Ville. Les Barca, plus sensibles aux questions sociales et louant moins cher, étaient plus populaires.
A l'époque romaine, Crassus, surnommé "le riche" par des sénateurs fort peu dans le besoin avait fait fortune dans l'immobilier...

En un mot, pour résumer, les 10 dernières années n'ont pas enrichis la population (on s'en serait douté), mais une seule caste : celle des constructeurs et autres parasites volant à leurs côtés. La carotte : devenez dominants sociaux et encaissez la monnaie, se révèle, pour beaucoup, être un chèque en bois et de la fausse monnaie.

Les logements vacants, sont en effet légion en France. Contrairement à ce que dit la propagande, il n'y a aucune pression des besoins. Le parc vide atteint les 5 millions (3 en secondaires, et il y a du secondaire dans TOUTES les communes et 2 dans le principal).
Ce qui a intéressé le gouvernement dans cette histoire, c'est la partie CONSTRUCTION, et une fois le bien vendu, le vendeur s'en lave les mains.
En effet, les terrains accessibles et bon marché se trouvait dans des villes au marché détendu.

A titre personnel, je peux citer Saint Etienne : 3000 de Robien, loués deux fois plus chers que le marché local, dans une ville connue pour son parc sur dimensionné (page 12).
Ou le Puy en Velay. (A la page 12, logement, on peut s'apercevoir que les vides sont passés de 1999 à 2006 de 1112 à 1514, le nombre de résidences secondaires chutant de 544 à 339), chiffre auquel on peut rajouter 573 logements autorisés en 2007, et ceux bâtis en 2008 et 2009.
On voit dans ce cas d'espèce que dix années de fièvres n'ont tenu à rien. Et qu'on a couru à une catastrophe économique de longue haleine.

Pour sauver la mise, on a misé sur les HLM, priés de démolir en vitesse quelques immeubles mal placés (ou déclaré tels), mais dans ce genre de situation, le HLM est paradoxal : il est plus cher que le marché privé.

Se réglant sur un paradigme parisien, on construit donc des immeubles de locations, dans des villes où les besoins sont peu élevés, en voulant louer, plus cher que les offices HLM, alors que les loyers privés sont EN DESSOUS de ces mêmes loyers HLM, voir, le plus souvent, bloqués volontairement par le propriétaire quand le locataire donne satisfaction...

Pour ne pas rester en reste, après avoir souvent démoli, le HLM relance la donne. En effet, les logements les plus récents vont bénéficier d'une obsolescence ultra rapide : Les HLM fignolent des projets d'habitats économes.

On voit donc, la catastrophe se profile à l'horizon. Bien sûr, tous les marchés locaux n'étaient pas à l'équilibre ou en dessous, mais les récentes constructions ont généralement complètement déstabilisées la donne.

On peut s'attendre donc à une crise immobilière, très longue, si elle n'est pas définitive. Car à cela, bien sûr, se rajoute le problème d'approvisionnement énergétique, qui va redistribuer fondamentalement les cartes.
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L
<br /> Bonjour M Raymond,<br /> <br /> Je pense que je dois me tromper d'adresse email quand je communique avec vous car je n'ai plus de réponse.<br /> <br /> EN tous cas, c'est de cet article dont nous parlions par email et comme vous le voyez, le lien dans la phrase :<br /> <br /> "C'est la carte des saturations, qu'on peut voir de manières quasi caricaturale dans le dispositif Loi Scellier qui succède à tous les autres dispositifs"<br /> <br /> est toujours présent. J'espère vous avoir aidé car j'ai compris dans votre email que vous souhaitiez l'enlever.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> - Laurent L.<br /> <br /> PS : Je suis disponible pour discuter par email ou ici si vous le souhaitez.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> bon voilà, cette fois c'est fait, mais je pensais réellement l'avoir supprimé plusieurs fois. J'espère que c'est bon maintenant.<br /> <br /> <br />
P
<br /> C'est vrai que les lois de défiscalisation ont soutenu artificiellement le marché.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> "Pour Barre, les loyers étaient "trop bas" ? Pourquoi, mystère ! "<br /> Sarkozyste avant l'heure, il préferrait peut-être les propriétaires. Les loyers bas ne poussent pas les gens à acheter. Il faut qu'ils passent au-dessus de la mensualité de remboursement de<br /> l'emprunt immobilier.<br /> <br /> Le remboursement de la dette sur 30 ans contribue à l'adoucissement de l'échine du salarié.<br /> <br /> <br />
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