La dette.
Je fais cet article un peu pour répondre à un internaute. Il me disait que les souverainistes, finalement, avait accepté un transfert colossal de richesse, puisqu'ils ne parlaient pas de banqueroute, mais simplement de reprendre le droit de création monétaire.
La question de la dette remonte très loin. J'ai déjà dit que la civilisation du moyen-âge était splendide, un foisonnement sans égal depuis.
Pour la dette, la conception médiévale était simple. C'était celle du domaine royal. Le roi vivant pouvait s'endetter, donner des terres, le domaine était inaliénable.
A sa mort, les compteurs étaient mis à zéro, et les donations de fiefs revenaient à la couronne.
Certains d'ailleurs, étaient caricaturaux, "donnés à tous les favoris que la terre ait porté".
Les deux premières révolutions françaises (1358-1360 et 1560-1590) ont lieu a un moment significatif.
Dans les deux cas, le pouvoir royal ne peut se résoudre à ne pas payer ses dettes.
C'est d'abord la rançon de Jean II, mais celle-ci est impayable, car le montant (5 millions) surestime notablement les possibilités du royaume, et quand en 1559 meurt Henri II de sa lance dans l'oeil, on n'ose pas, non plus, maintenir l'usage de la banqueroute.
Comme 120 000 soldats sont démobilisés, ils demanderont des pensions, qu'on leur refusera, pour pouvoir payer la dette.
Ils vont passer quelques mois sur leurs économies, et quand le temps s'y prêtera, les soldats des guerres d'Italie vont faire la seule chose qu'ils sachent faire : la guerre.
Depuis cette date, on n'utilise en France que des moyens non-dits de faire banqueroute. Cela s'appelle consolidation, dévaluation, pour sortir des schéma de ponzi que sont les dettes, toujours crées par l'incapacité du pouvoir de vouloir imposer les plus aisés.
Le 16° siècle a d'ailleurs tout vu, les dévaluations, l'écu passe de 3 francs à 36 de 1559 à 1598, et la dette de 43 millions au milliard, c'est la première fois qu'il est atteint.
Sully la renégociera, et n'en paiera que 50 millions. C'est la consolidation.
Il est, au dire des créanciers, affreux. On crée une expression pour lui : "il ne prend pas de gants" (un gant est un dessous de table), enfin si, il les accepte, car il finira très riche, mais beaucoup moins qu'il est admis et normal à l'époque.
Leap 2020 nous a parlé, comme tous les 15 du mois. Pour eux l'euro n'est pas en danger, seul le dollar l'est, et la crise est beaucoup plus profonde aux USA qu'en Europe.
En réalité, ce point de vue est erroné.
Pourquoi ?
Parce qu'ils proposent des solutions qui n'en sont pas. Une réduction de la dette par échange de titres, avec une décote, où les russes, arabes et chinois seraient moins pénalisés.
C'est stupide, car pour les créanciers externes, il est conseillé de les massacrer, et ensuite, c'est politiquement à hauts risques.
En effet, là aussi, que devient le reste de la dette ? Notamment celle détenue par les banques et les particuliers ? Si les banques refilent le mistigri aux contrats d'assurance-vie, on va voir la foire d'empoigne.
Les litiges vont s'accumuler pour 50 ans, dans le meilleur des cas, et des émeutes de nantis dans le pire, car ceux qui ont l'épargne, soit les 20 % les plus aisés de la population ont l'habitude de diriger et de fixer les règles (façon polie de dire : enculer le monde), ils n'ont pas l'habitude de se faire mettre...
La révolution française a éclaté parce que justement, ces classes privilégiées voyaient arriver le moment de la banqueroute.
Une construction européenne clandestine, dans un contexte de banqueroute et de rigueur, est à mon avis condamnée.
Car c'est la conjonction révolutionnaire qui s'opère. Les nantis rejoignent les classes populaires, dites moyennes, dans la contestation du système.
En réalité aussi, vu toutes les participations croisées des uns et des autres, crées dans le cadre de la mondialisation, si le maillon US tombe, il est trop gros pour que les autres s'en tirent sans casse, notamment l'Union européenne, littéralement pourrie de $.
Bien sûr les "partenaires" arabes, russes, chinois, seraient aussi en première ligne.
Mais un emprunteur, notamment les USA, qui empruntent en $ et les européens en euros, les britanniques en £, ne promettent qu'une seule chose : des $, euros et £.
Il est si simple de les fabriquer. Où sera le problème de la dette si les banques centrales monétisent à tous va ?
Dans le contexte actuel, le bilan particulièrement de la FED se gonfle énormément. Les dettes britanniques, japonaises, US se "négocient" facilement, et pour cause. En effet, rachetées par leur banque centrale, elles sont une fausse "monnaie provisoire", et leur conversion en "monnaie permanente" n'est qu'un jeu d'écriture.
Il y a belle lurette que la monnaie US est un torche-cul, comme la livre, comme, à un moindre titre, l'euro.
Ce n'est pas la faute des émetteurs de cette monnaie, si des naïfs ont bien voulu croire pendant plus de 40 ans, et particulièrement des 20 dernières années, qu'elle avait encore une valeur.
Un de gros problèmes de la période actuelle, c'est que les naïfs voudraient bien que le jeu continue, que le papier toilette valent encore quelque chose, c'est si simple pour eux...
"Je te tiens, tu me tiens par la barbichette..."
La monnaie fiduciaire, c'est de la foi, et les plus nantis viennent de perdre la foi.
Ils seront bien content de ne pas tout perdre :
"Les médias islandais estimaient un peu plus tôt dans la journée que ce nouvel accord coûterait à l'Irlande 60 milliards de couronnes islandaises (394 millions d'euros). "
Pour un remboursement qui ne devrait pas dépasser... 2046...
Ce que les médias ne disent que peu, ou pas, c'est la totalité de l'accord...
Au départ, on parlait de 3.8 milliards. Aujourd'hui on ne parle plus que de 394 millions, pour un remboursement total dans presque 40 ans.
Donc, ou j'y perds mon latin, ou plutôt mes maths fi, ou le capital à rembourser est bien moindre que les 3.8 milliards en question ? Car 3 % de 3800 millions, ça donne déjà la première année 114 millions d'intérêts...
Un ministre et un député ont été tabassés en Grêce, et les émeutiers regrettent sûrement qu'ils aient échappés à la foule et à la lanterne.