Le marché ? Ou la falsification ?
A Fukushima, on a falsifié. Les réparations qui auraient du être faites, ne l'ont pas été, malgré les papiers disant le contraire.
C'est si simple de faire un papier, plus que de résister à une pression.
Surtout si on sait qu'on ne sera jamais contrôlé.
Surtout, si ce contrôle est fait, le "stress test", on concluera que tout va bien, car on ne va pas fermer, ni une banque parce que tout y est pourri, ni une centrale nucléaire, parce qu'on va manquer d'électricité.
Là, on vous dira " il faut laisser faire les marchés qui trouvent petit à petit les meilleures solutions aux moindres coûts, et surtout diminuer le rôle et les interventions des Etats qui perturbent les marchés en taxant injustement en particulier les produits pétroliers."
En réalité, le "marché" a toujours été manipulé. Braudel décrit très bien les manoeuvres des manipulateurs hollandais, après celle des vénitiens et des anversois, en attendant celle des londoniens et des new-yorkais.
Ce pillage, ça a toujours exaspéré les grands états. L'empire ottoman fera une guerre de deux siècles à Venise, l'Espagne de Philippe II détruira Anvers, et
entamera une guerre de 70 ans contre les provinces unies, avant que ce combat pour la destruction de ce centre du capitalisme ne soit repris par Louis XIV.Les grands états contre les
marchés.
Tous, bien entendu, Philippe II, Louis XIV, le grand turc, étaient des crypto-communistes qui s'ignoraient.
Le marché est manipulé. Dans le domaine de l'électricité, on n'en est encore à l'avant 1973. On promeut la consommation à tous crins. On a été un peu plus raisonnable pour le pétrole, parce qu'on a senti le vent du boulet.
En 1970 Marion king Hubbert était considéré comme un Hurluberlu, début de la décennie 1970, il avait vaincu. Le peak pétrolier US était passé par là, et même les USA en souffrir. Ce n'est qu'après les accords avec les saoudiens que tout repris "comme avant", avec néanmoins des efforts d'économies.
Dans l'électricité, d'économies, il n'en était pas question. D'abord parce que dans les années 1970, EDF faisait la leçon à ses agents.
Le nucléaire, c'était du 100 % sûr, les réacteurs étaient tellement costaud que n'importe quel incident, c'était une claque contre un mur.
On avait crée un gros tuyau, il fallait l'utiliser.
Comme dans le cas des ampoules électrique à la longévité ramené à 1000 heures, le libre choix n'existait pas. Vous pouviez changer de fournisseur, faire jouer le marché, l'espérance de vie de l'ampoule, c'était 1000 heures, point barre.
Passer ce temps, il fallait en acheter une autre. Cela s'appelle, n'en déplaise à certains, un cartel.
Etre commercial à EDF dans les années 1970 était difficile. Ils ne vendaient quasiment rien. Les gens étaient méfiants, ils les voyaient venir avec leurs gros sabots.
Alors on a manipulé. Comme dans le cas des montres. Les montres mécaniques étaient trop solides ? Paf, une petite campagne de pub vous démontrait qu'on ne pouvait vivre sans montre à pile (alors qu'avant c'était considéré comme une excentricité d'hurluberlu), avant que les montres mécaniques disparaissent de l'offre. Il faut dire qu'à une époque, une montre, c'était pratiquement pour la vie. Et ça n'allait pas du tout aux affaires.
On a aussi notablement réduit la durée de vie des montres. Comme ça vous achetez des piles, des montres (pensez à votre budget montre sur 25 ans, c'est considérable)...
EDF, devant la résistance à la consommation a contourné le problème, avec l'aide des industriels. Qui n'a pas un, deux, ou trois radios réveils, ou appareils branchés sur le secteur qui vous donne l'heure ?
Avec, chaque fois, un coût d'usage en électricité conséquent, qu'on ne connaissait pas avant.
Les gens, en 1973, avaient un appareil mécanique qu'ils devaient remonter chaque soir...
Sans compter les américains, et d'autres, qui ne prennent même plus la peine d'éteindre les lumières...
Sans compter, ce sèche-linge, obligatoire (les jeunes américains croient qu'une pince à linge sert à fermer les paquets de chips) et bannissons l'étendage.
Autres lieux, autres moeurs, la Californie. Pays pourtant développé, la Californie a atteint le stade où il est impératif d'économiser.
Là, les commerciaux n'essaient pas de vous faire bouffer du jus, mais de vous en faire économiser. Subventions pour des appareils moins consommateurs, essentiellement.
Indirectement, l'éclatement de la bulle immobilière a fait beaucoup aussi. On réduit, un peu, les consommations, mais ce sont le nombre de logements abandonnés qui
font le gros de la différence.On peut aussi noter un travail de normes intense (notamment la loi dite du tueur de vampires), exaspérant pour les lobbys énergétiques de Washington, qui n'ont pas
réussis à noyauter les états de l'union.
En France, on a voulu justifier l'existence du nucléaire, en développant l'usage thermique de l'électricité, que ce soit dans le chauffage, l'ECS, l'industrie.
En réalité, l'usage direct du fossile pour le chauffage ne serait sans doute pas très différent de ce qu'EDF ou ses fournisseurs allemands sont obligés de brûler aux périodes de pointe, pour fabriquer à grands frais et à grandes quantitées gaspillés, quelque chose d'inutile.
L'industrie était touché dans les années 1980. Je me souviens d'une forge. A côté des fours à gaz qui réchauffaient les mandrins, fonctionnant constamment, il y avait un four électrique. L'entreprise avait touché une subvention de 110 % pour s'en équiper.
Au bout d'un mois d'utilisation les chiffres de la compta analytique tombérent, et le four fut arrêté. Il coûtait plus cher, en énergie et en prix, que les 6 fours à gaz qui étaient à côté de lui...
Quelques années plus tard, je faisais un audit dans une fonderie. Elle aussi avait bénéficié d'une subvention EDF, puis elle avait déposé son bilan, avait été reprise et était de nouveau en difficulté.
Ce fut l'audit le plus rapide de ma carrière. Pas une minute chrono. Cette entreprise, truffée d'ingénieurs, n'avait, par contre, aucune comptabilité analytique, et
je pu partir avec la satisfaction d'avoir mis le merdier et déclencher de cinglants règlements de comptes...
Alors que dans le tiers monde, certains bidonvilles sont couverts de panneaux solaires, en France, toujours pour justifier le nucléaire, on équipe à moindre coût les logements des pauvres, qui ont le plus de mal à payer. Pour le propriétaire, par contre, c'est le jackpot : investissement zéro ou quasi zéro.
L'usage spécifique de l'électricité, pour laquelle n'existe pas d'alternative, est très réduite, même si son augmentation est importante.
En réalité, dans le cas soviétique de Tchernobyl, comme dans le cas japonais de Fukushima, les deux réalités sont les mêmes.
Plus personne, chez les responsables, ne craignait rien. Il était passé le temps de Staline où le grand patron téléphonait directement, et où la police politique venait vérifier ce qui se passait.
Il y eût donc Tchernobyl.
Au Japon aussi, c'était pareil. Ils voulaient des contrôles ? On allait noircir leurs papiers, tant pis si cela était faux. De toute façon, il n'y aura ni coupable, ni sanction.
Le temps des missi dominici, aussi craint que haï est passé. Il reviendra, sans aucun doute.
Il y a quand même une différence. L'URSS, même à bout de souffle, pu jeter des centaines de milliers de combattants dans la fournaise.
Je doute que le Japon ou la France, si un problème équivalent arrive, puisse réussir le même exploit... On ne meurt pas pour l'économie de marché.