Les guerres d'exterminations...
Une remarque d'internaute m'a semblé très intéressante sur le fond et la forme, je la cite in-extenso :
" Interessant ! En suivant les liens, j’en suis venu à relire l’épisode de la grande révolte des Taï ping. Un « détail » : cette guerre civile fit entre 20 et 30 millions de morts et dépeupla la
chine d’alors d’un bon huitième de sa population d’alors (environ 400 millions d’habitants). Voilà qui relativise la thèse du fonds de commerce anticommuniste (Ferry, Glucksmann, Furet, Courtois, etc.) sur les « plus grands crimes de toute l’histoire humaine ».
On pourrait aussi rappeler les guerres de religion européennes, entre 1550 et 1650, et surtout la fameuse guerre de trente ans, qui tua probablement un bon quart de la population du continent et n’avait donc rien à envier à deuxième guerre de trente ans, celle du 20ème siècle (lire Henri Bogdan au sujet de la première et Georges Corm sur l’ensemble du conflit religieux). Mais l’anthropologue Lawrence Keeley (Jared Diamond a eu aussi la même démarche dans son « effondrements ») nous avait déjà prévenu en jetant nos illusions à la poubelle sur la douceur de vivre aux temps « écologiques » : les guerres préhistoriques étaient déjà des guerres d’extermination, et proportionnellement plus destructrices que les conflits modernes !"
Contrairement à ce que l'on a dit, il n'y a pas de "conflit civilisé". Un conflit vise à tuer le maximum d'ennemi, en ayant le minimum de pertes.
On adopte une certaine conduite souvent, non par humanité, mais parce que les guerres sauvages, donnent des conflits sauvages, et on se cause ainsi beaucoup de pertes en ne ménageant pas l'ennemi.
L'exemple de la guerre de trente ans, aussi, est significatif. On fit une paix "Westphalienne", et ce non de Westphalien, prit un certain sens : il est toujours plus économique de traiter avec son ennemi que de chercher son anéantissement.
Un ennemi qui signe la paix volontairement et en ayant négocié et arraché quelques avancées, respectera la paix.
Ce que nous vivons, soi-disant dans la période de paix depuis 1945, est un abandon de la paix westphalienne.
Cet abandon de la paix Westphalienne était déjà visible en 1918 : la guerre jusqu'au bout, et jusqu'à la capitulation et le diktat, une paix très largement américanisée.
Seulement on s'aperçoit que dans cette guerre totale, les pertes en vies humaines sont trés élevées dans la dernière année du conflit, toujours la plus meurtrière, et que ces pertes sont inutiles ; tout étant déjà joué.
Les américains ont été formatés par les guerres indiennes. Bénéficiant d'une supériorité numérique et technique écrasante, ils ont simplement supprimé la population indigène.
Contrairement à ce que disait Rousseau, il n'y a pas de "bon sauvage". Il y a simplement des hommes d'états responsables, qui tentent de limiter les dégâts (et ainsi leurs propres pertes).
Hitler ne fit qu'une guerre d'extermination, ce fut contre les slaves (l'holocauste n'étant pas une guerre, mais un crime à grande échelle). Les slaves étaient, dans son optique, trop nombreux, et il reprenait là, une hantise des généraux prussiens de l'empire.
Le seul problème est que la sauvagerie allemande durcit la résistance à tous les niveaux. Quand on sait que le choix est entre résister jusqu'au bout et la mort, on résiste jusqu'au bout.
Cette guerre, sans quartier, fit que la résistance russe, fut sans quartier aussi.
Sur 5 millions de soldats allemands tués, 3.5 à 4 millions le furent sur le front de l'est.
A l'ouest, inversement, Hitler exigea une armée allemande impeccable et correcte. Elle fut, vis-à-vis de la population Belge et Française et des prisonniers, au moins pendant la campagne de 1940, d'une tenue supérieure à celle de l'armée de Guillaume II (dont les Feldgendarmes fusillaient comme ils respiraient). Après, et notamment en 1944, ce fut autre chose.
Sur le front de l'est, le code de conduite du soldat allemand fut tout bonnement supprimé.
1.8 millions de soldats français furent fait prisonnier, l'écrasante majorité revint. Ils avaient été une main d'oeuvre.
Sur 5.7 millions de prisonniers soviétiques, 3.3 périrent.
Une autre guerre d'extermination à signaler ; la guerre dite de "Dix ans", entre la France-Comté (comté de Bourgogne) et la France (1635-1644). La moitié de la population disparue (lElle passa de 415 000 à 215 000 habitants).
En 1668 et 1674, la province fut reconquise, mais cette fois, par des troupes beaucoup mieux tenues.
Là aussi, le constat est le même : il est beaucoup plus facile de conquérir, finalement, quand on sait retenir ses coups, contre le sentiment courant qu'il faut taper le plus fort possible.
Mais, comme l'homme est sauvage entre les sauvages, on voit que les guerres d'Afghanistan et d'Irak, sont au contraire des guerres où on tape, au moins du côté occidental, le plus possible. Dans ce contexte là, c'est le meilleur des ingrédients, avec l'emploi des mercenaires (très efficaces contre des gens désarmés) pour une guerre d'extermination.
Que la guerre soit classique ou d'extermination, n'a rien à voir, finalement, avec le système économique et politique, mais souvent tout à la personnalité de celui qui la mène.
Celui qui est le plus intelligent évitera de trop haïr son ennemi.
" Interessant ! En suivant les liens, j’en suis venu à relire l’épisode de la grande révolte des Taï ping. Un « détail » : cette guerre civile fit entre 20 et 30 millions de morts et dépeupla la
chine d’alors d’un bon huitième de sa population d’alors (environ 400 millions d’habitants). Voilà qui relativise la thèse du fonds de commerce anticommuniste (Ferry, Glucksmann, Furet, Courtois, etc.) sur les « plus grands crimes de toute l’histoire humaine ».
On pourrait aussi rappeler les guerres de religion européennes, entre 1550 et 1650, et surtout la fameuse guerre de trente ans, qui tua probablement un bon quart de la population du continent et n’avait donc rien à envier à deuxième guerre de trente ans, celle du 20ème siècle (lire Henri Bogdan au sujet de la première et Georges Corm sur l’ensemble du conflit religieux). Mais l’anthropologue Lawrence Keeley (Jared Diamond a eu aussi la même démarche dans son « effondrements ») nous avait déjà prévenu en jetant nos illusions à la poubelle sur la douceur de vivre aux temps « écologiques » : les guerres préhistoriques étaient déjà des guerres d’extermination, et proportionnellement plus destructrices que les conflits modernes !"
Contrairement à ce que l'on a dit, il n'y a pas de "conflit civilisé". Un conflit vise à tuer le maximum d'ennemi, en ayant le minimum de pertes.
On adopte une certaine conduite souvent, non par humanité, mais parce que les guerres sauvages, donnent des conflits sauvages, et on se cause ainsi beaucoup de pertes en ne ménageant pas l'ennemi.
L'exemple de la guerre de trente ans, aussi, est significatif. On fit une paix "Westphalienne", et ce non de Westphalien, prit un certain sens : il est toujours plus économique de traiter avec son ennemi que de chercher son anéantissement.
Un ennemi qui signe la paix volontairement et en ayant négocié et arraché quelques avancées, respectera la paix.
Ce que nous vivons, soi-disant dans la période de paix depuis 1945, est un abandon de la paix westphalienne.
Cet abandon de la paix Westphalienne était déjà visible en 1918 : la guerre jusqu'au bout, et jusqu'à la capitulation et le diktat, une paix très largement américanisée.
Seulement on s'aperçoit que dans cette guerre totale, les pertes en vies humaines sont trés élevées dans la dernière année du conflit, toujours la plus meurtrière, et que ces pertes sont inutiles ; tout étant déjà joué.
Les américains ont été formatés par les guerres indiennes. Bénéficiant d'une supériorité numérique et technique écrasante, ils ont simplement supprimé la population indigène.
Contrairement à ce que disait Rousseau, il n'y a pas de "bon sauvage". Il y a simplement des hommes d'états responsables, qui tentent de limiter les dégâts (et ainsi leurs propres pertes).
Hitler ne fit qu'une guerre d'extermination, ce fut contre les slaves (l'holocauste n'étant pas une guerre, mais un crime à grande échelle). Les slaves étaient, dans son optique, trop nombreux, et il reprenait là, une hantise des généraux prussiens de l'empire.
Le seul problème est que la sauvagerie allemande durcit la résistance à tous les niveaux. Quand on sait que le choix est entre résister jusqu'au bout et la mort, on résiste jusqu'au bout.
Cette guerre, sans quartier, fit que la résistance russe, fut sans quartier aussi.
Sur 5 millions de soldats allemands tués, 3.5 à 4 millions le furent sur le front de l'est.
A l'ouest, inversement, Hitler exigea une armée allemande impeccable et correcte. Elle fut, vis-à-vis de la population Belge et Française et des prisonniers, au moins pendant la campagne de 1940, d'une tenue supérieure à celle de l'armée de Guillaume II (dont les Feldgendarmes fusillaient comme ils respiraient). Après, et notamment en 1944, ce fut autre chose.
Sur le front de l'est, le code de conduite du soldat allemand fut tout bonnement supprimé.
1.8 millions de soldats français furent fait prisonnier, l'écrasante majorité revint. Ils avaient été une main d'oeuvre.
Sur 5.7 millions de prisonniers soviétiques, 3.3 périrent.
Une autre guerre d'extermination à signaler ; la guerre dite de "Dix ans", entre la France-Comté (comté de Bourgogne) et la France (1635-1644). La moitié de la population disparue (lElle passa de 415 000 à 215 000 habitants).
En 1668 et 1674, la province fut reconquise, mais cette fois, par des troupes beaucoup mieux tenues.
Là aussi, le constat est le même : il est beaucoup plus facile de conquérir, finalement, quand on sait retenir ses coups, contre le sentiment courant qu'il faut taper le plus fort possible.
Mais, comme l'homme est sauvage entre les sauvages, on voit que les guerres d'Afghanistan et d'Irak, sont au contraire des guerres où on tape, au moins du côté occidental, le plus possible. Dans ce contexte là, c'est le meilleur des ingrédients, avec l'emploi des mercenaires (très efficaces contre des gens désarmés) pour une guerre d'extermination.
Que la guerre soit classique ou d'extermination, n'a rien à voir, finalement, avec le système économique et politique, mais souvent tout à la personnalité de celui qui la mène.
Celui qui est le plus intelligent évitera de trop haïr son ennemi.
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