Une histoire qui ne manque pas de sel...
C'est l'hiver en France, et il y a de la neige.
Quand il y a de la neige, il faut du sel.
La production française ne couvre que la moitié de besoins, le reste est couvert par des importations.
Son tonnage atteint 2 millions de tonnes de grains et 1.5 millions de tonnes de saumure.
Son coût, de 80 euros la tonne est constitué au 2/3 des frais de transports s'il vient du bassin méditerranéen et au 3/4 s'il vient du Brésil ou... d'Australie...
Là, on comprend que l'on marche sur la tête. La France est "obligée" d'importer la moitié de ses besoins, alors qu'elle bénéficie de 3427 km de côtes.
On peut donc considérer l'agonie du système économique des pays occidentaux, incapable de fournir à leurs populations de quoi subvenir à leurs besoins.
Pourtant, à bien y réfléchir, s'il y a bien un secteur ou le système protectionniste, voir dans ce cas, autarcique, pourrait exister, c'est bien le marché du sel.
En effet, qu'achète t'on quand on achète du sel ? Là aussi, simplement de l'énergie, presque rien du produit.
Comme je l'avais déjà dit, un pays qui a des disponibilités géographiques est doté d'un bon port, et d'un réseau hydrographique qui permet de drainer les produits d'une manière peu coûteuse et rapide, ça a été le cas de toutes les villes dominantes :
- Venise et la plaine du Pô,
- Anvers et Amsterdam et la vallée du Rhin
- Londres et la vallée de la Tamise et plus largement, toute l'Angleterre,
- New York et le réseau hydrographique du Mississipi (auquelle elle était reliée par le canal de l'Erié).
Après il y a deux cas de figure.
Soit le port sert à exploiter le pays qu'il dessert, c'est le cas d'une société coloniale (comme Dantzig et la Pologne, Cuba, Haïti), soit la bourgeoisie et l'état s'en servent pour mener une politique autonome.
Dans les deux cas, les exportations sont privilégiées, dans le cas de la société coloniale, le profit pour la population est inexistant, dans le second, elle arrive à négocier sa part de bout de gras.
Là, le cas de figure se complique. On ne cherche plus à drainer les productions du pays pour l'exportation, mais c'est l'importation qui est privilégiée.
Les productions locales restantes et résiduelles ne produisent plus que 10 à 50 % des besoins, et vivotent difficilement.
Ce système est il perdurable ? Non, car il ne restera bientôt plus rien à supprimer. Et beaucoup de gens reviennent sur leur appréciation du libéralisme économique.
Ils ont enfin compris qu'il n'y avait rien à tirer des chinois, qu'ils prenaient tout et ne donnaient rien.
Pour le moment, ce qui fonctionne, ce sont des prix à la consommations décorrélés des prix de productions. On fait payer un prix qui est fonction des possibilités des consommateurs, et non du prix de production.
Les possibiltés des consommateurs étant de plus en plus réduites, le système marche désormais à vide.
Il n'y a aucun intérêt profond à importer du sel d'Australie, c'est stupide et coûteux.