Villes, transition énergétique et vision d'avenir...
Le politique est sensé avoir la vision de l'avenir, enfin, c'est ce qu'on dit. Dans l'histoire de la transition énergétique, cette vision d'avenir est loin d'être visible.
D'abord, la donnée de base du problème.Le facteur prix pèse lourd, dans l'évolution observée depuis 2007, c'est à dire dans la baisse de 2 % /an, de la consommation d'énergie fossile qu'on peut observer. Vouloir baisser de 30 % en 2030, c'est simplement prolonger la ligne observée, ni plus, ni moins.
C'est là que le bât blesse, car si la consommation baisse, les politiques, précédemment n'avaient rien vu venir. Le choc de confiance de Sarkozy s'est cassé les dents là dessus. On est sorti d'un monde. Mais comme dans les finances publiques, ce coup de rabot, si l'on veut obéir aux dogmes existants, ne suffira pas.
Dans les finances publiques, réduire le nombre de fonctionnaires, cela veut dire supprimer des services, désormais. Se poser la question de leur utilité, ou pas. On peut certes opérer sur le nécessaire et l'indispensable, les hôpitaux, par exemple, et épargner la sinécure du copain. C'est ce qui se fait actuellement. On ne maltraite d'ailleurs jamais beaucoup la sinécure du copain.
On nous dit qu'il faut opérer l'habitat. Soit, c'est souhaitable. Un habitat, portant les stigmates des années 1950 (l'énergie sera abondante et bon marché, donc, pas la peine de l'épargner), doit être modernisé, c'est certain. Mais il faut poser la question justement de la situation géographique de l'habitat.
Et là, rien n'est simple. Il est cher, finalement, là où il est inutile, en RP, et en côte d'azur. Entièrement corrélé à la période précédente, c'est à dire à l'existence de transports aisés et bon marché, et à des infrastructures de tous ordres, récentes, et n'ayant donc que peu de pannes, d'entretien et de maintenance.
Ne choquons pas, non plus, EDF et le nucléaire, en hasardant que le + 0.3 % de 2030 en consommation électrique, ne sera peut être pas 0.3 % en plus, mais pourrait lui aussi suivre la pente de - 30 %.
Le monde des affaires, soi disant "les pieds sur terre", ne conçoit même plus qu'il ne pourrait plus être utile, déclassé, et en perte de vitesse.
Comme je l'ai dit, ce qui fait la valeur ajoutée, c'est que dans les grandes villes, tout est marchand, et que plus on s'en éloigne, plus on a des biens et services non marchands et gratuits.
Plus le prix de l'énergie va augmenter, et il n'y a pas de raison objective que ça n'augmente pas (le baril à - 2 $, c'était en 1973, le baril à 20 $, en 2000, le baril à 50 en 2010, aujourd'hui, c'est 100 $, et tout le prix des autres énergies est indexé dessus) plus le coût de la vie, qui est un coût de l'énergie va augmenter surtout dans les villes, et augmenter encore plus dans les plus grandes. Ailleurs, on se débrouillera. Plus la ville est grande, plus la population est dépendante d'infrastructures complexes et dévoreuses d'énergies.
Le ponpon du ridicule étant atteint par NDDL lancé en plein pic pétrolier. Bien sûr, la question sociale va se poser, de plus en plus. Le riche est le plus gros dévoreur d'énergie. Les mécanismes du marché font que le pauvre se serre la ceinture, pendant que le riche, lui, va aux Maldives.
Donc, des villes tertiaires vont avoir un problème certain de compétitivité et questionnement sur leur simple existence. Comme EDF. Pour une bonne raison. Ce qu'il font ici, peut facilement être fait ailleurs, au contraire de l'industrie, surtout l'industrie lourde, littéralement scotchée sur place...
Comme je l'ai déjà indiqué, la population, au XVIII° siècle, était adapté aux ressources locales, c'est à dire à un seuil de densité quasiment identique partout, le seuil de densité 40. Seules, les villes et régions côtières ou fluviales, facilement importatrice, pouvait faire mieux.
Une crise financière, avec austérité sauvage, comme en Grèce et en Espagne, peuvent remettre en cause rapidement et massivement la répartition de la population. Abandon ultra-rapide de la capitale, et des villes chères, entassement dans les maisons familiales non endettées, peuvent amener la population d'un logement à la valeur du "feu" d'antan, à savoir 13 habitants par logements, au lieu des 2.5.
Ces 2.5 étaient rendus, eux aussi, possible par l'énergie bon marché, comme le divorce. L'unité familiale est avant tout, une unité de survie.
Le niveau de vie par tête baisse en France depuis 2007. Il peut subir une inflexion à la baisse beaucoup plus profonde et marquée. On n'écoute guère ceux qui veulent une sortie ordonnée et relativement indolore de l'euro. On aura donc une sortie rapide désordonnée et sauvage, qui sera, de plus, très douloureuse.
La survie s'articule sur avoir un toit, de quoi manger et de l'eau. Dans ce contexte, la grande ville sera le mouroir, et la campagne, la planche de salut. L'immobilier s'y effondre sans bruit, du moins, ses prix, le jardin et la récupération d'eau s'avèrent faciles.
Ce sera aussi, la marque d'un échec total de la machinerie économique qui aura oublié, de fait, que le but de la vie, ce n'est pas le profit, mais la survie. Et dans tous les temps d'effondrement économique, on s'aperçoit que le jardin (les "herbes" de la crise du 14° siècle) est ce qui sauve la population, plus qu'un état absent.
L'état, comme dans les années 1930, se préoccupe des banques, et plus de la population.
Pour ce qui est de l'avenir, regardons plutôt le passé, notamment dans le bâtiment. Dans une époque de guerre civile, "les troubles", que nous appelons "guerres de religions", on s'apercevait que certaines villes étaient prises et détruites, plusieurs fois de suite, quelquefois plusieurs années de suite. La raison en était simple. La reconstruction était rapide et peu coûteuse. sans doute, là aussi, faut il penser à des formes de construction très bon marché et faciles à mettre en oeuvre.