Je n'y suis pas !
Sur la liste des infâmes suppôts de la Novorussie. Aussi, je vais faire de mon mieux pour y figurer.
Chipé sur le blog de Beru : Armez l’Ukraine et vous prenez le risque d’une autre « Chute du Faucon Noir », par Eugene Rumer
"NdT : référence au livre de Mark Bowden sur l'échec de l'intervention militaire américaine en Somalie, duquel Ridley Scott a produit le film du même nom]
La logique est perverse, mais elle est assez simple à saisir. L’armée ukrainienne, mal équipée, ne peut pas à elle seule infliger suffisamment de dommages à l’insurrection séparatiste soutenue par les russes pour forcer cette dernière à accepter un cessez-le-feu effectif qui pourrait conduire à la négociation d’une trêve. Par conséquent, l’Amérique devrait aider en envoyant des armes défensives, et certaines armes létales aussi. Une fois que les cercueils commenceront à arriver à Moscou (selon cette théorie) le président Vladimir Poutine fera marche arrière, de crainte d’une réaction violente de la part du public déjà exaspéré par la montée de l’inflation.
Voici l’argumentaire présenté par un groupe d’anciens officiels américains de haut rang, et on rapporte qu’il est en train d’être discuté au sein de l’administration Obama. Il est néanmoins profondément erroné. Visant à aider un pays dévasté, cela pourrait au contraire prolonger l’agonie de l’Ukraine et la détourner de la tâche vitale qu’est la reconstruction. Il est hautement improbable que cela fasse dévier M. Poutine de sa course destructrice. Et cela rapprocherait les États-Unis d’une confrontation militaire directe avec la Russie.
Les russes soutiennent M. Poutine. Le Kremlin a mis la crise économique sur le compte des sanctions occidentales, et il rendra les occidentaux également responsables des pertes militaires. Aucun élément ne suggère que les russes ne croient pas à la version du Kremlin. Il y a peu de chances pour qu’ils abandonnent M. Poutine dans son combat contre l’occident.
Il y a également des raisons pratiques. Il est inutile d’envoyer des armes à des troupes qui ne sont pas formées à leur utilisation. Les États-Unis et leurs alliés enverront-ils des formateurs en Ukraine de l’Est ? S’ils le font, ils enverront des Américains dans une zone de guerre dans laquelle l’ennemi est la Russie. Il sera difficile de faire comme si les États-Unis n’étaient pas une des parties du conflit. Si on est réaliste, quelles sont les chances de s’assurer que seules les troupes ukrainiennes régulières, et non les milices privées, auront accès aux armes fournies par les Occidentaux ? Si un Occidental non-combattant mais en uniforme est capturé par les séparatistes, est-ce que les États-Unis essaieront de le secourir ? Dans « La Chute du Faucon Noir », Mark Bowden décrivait les périls liés à une opération de ce genre, dans le centre-ville de Mogadiscio. Imaginez ce qui pourrait se produire à 5 km de la frontière russe, dans une zone contrôlée par des militaires russes.
Pour finir, imaginez la réponse. Que faisons-nous si la Russie poursuit l’escalade dans ce conflit ? Ou si le Kremlin lance une cyber attaque contre une institution financière américaine, détruisant les données relatives aux titres de propriété des avoirs ? Est-ce que l’Amérique ferait alors un pas de plus vers la guerre ?
Ce n’est pas rendre service que de nourrir des espoirs irréalistes. Bien sûr, l’Ukraine est victime d’une agression. Mais, à moins de faire une campagne de l’ordre de celle menée dans les Balkans, dans les années 90 par les États-Unis et ses alliés – ce que personne ne recommande – aucun type d’assistance de l’Amérique ou de l’OTAN ne peut changer le fait que la Russie a le dessus. En août, puis à nouveau en janvier, M. Poutine a choisi l’escalade plutôt que de laisser les séparatistes se faire battre. L’Ukraine aura besoin d’aide pour reconstruire son armée, et les États-Unis devraient la fournir. Mais cela prendra des années, et cela ne peut être réalisé au milieu d’une guerre contre un voisin supérieur en puissance.
Contrairement à cette proposition téméraire d’envoyer des armes à l’Ukraine, l’assistance économique occidentale à ce pays a, jusque là, été timide. Les États-Unis ont promis 3 milliards de dollars en garanties de prêts, soit une fraction des dizaines de milliards dont ce pays a besoin. C’est en partie parce que Washington soupçonne encore Kiev de corruption généralisée. L’armée fonctionnera-t-elle mieux que le gouvernement qu’elle sert ?
Aujourd’hui, l’Ukraine ne peut pas gagner ce conflit. Il doit être gelé. Il faudrait le dire aux dirigeants ukrainiens. Cela aggraverait encore la tragédie si des soldats étaient envoyés pour mener une bataille désespérée. Une Ukraine libre et indépendante, une défense solide de l’ordre européen et une réplique ferme à l’agression russe : ce sont des objectifs louables. Mais ils ne nous absolvent pas de la responsabilité de penser aux conséquences de nos actions. La proposition actuelle d’armer l’Ukraine ne répond pas à cette exigence.
Source : Eugene Rumer, Thomas Graham, pour le Eugene Rumer, Thomas Graham, the Financial Times, 03/02/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source."
Donc, le texte reprend des poncifs, et les reproduits largement. L'URSS, pardon, la Russie intervient massivement en Ukraine.
C'est largement faux. La Russie intervient intelligemment, ce qui est totalement différent, et pas massivement.
Le Kremlin laisse la société civile russe intervenir, par l'intermédiaire d'oligarques locaux, sans doute plus en argent, et en aide civile (je n'aime pas le terme d'humanitaire), qu'autre chose. Pour ce qui est des armes, l'Ukraine en était truffée, notamment ce qui est aujourd'hui, la Novorussie, disposait de nombreux dépôts d'armes, où ils n'ont eu qu'à se servir, soit en les prenant, en les ralliant, en les achetant (c'est sans doute cette dernière option qui a été le plus largement suivi).
L'Ukraine est une ancienne république soviétique, et les armes n'y manquaient pas. L'intervention, comme je l'ai dit, est beaucoup plus intelligente, elle se situe au niveau du renseignement, de la protection anti-aérienne, et du brouillage de l'ennemi.
En un mot, l'armée ukrainienne a toujours été dans le brouillard, les armées novorusses toujours bien informées, et la carte maîtresse de l'OTAN et des USA, la maîtrise aérienne, n'a jamais été de mise. Les avions ukrainiens ont été vite abattus, avec au passage, quelques missiles balistiques, et l'intervention aérienne US qui ailleurs aurait fait merveille n'était pas d'actualité, pour cause de proximité avec la Russie.
Ce sont plutôt les occidentaux qui interviennent massivement, et pas du tout intelligemment. Les USA ont pour habitudes de tout écraser sous la puissance de feu, ce qui fut fait. Mais si les résultats sur la population civile sont sanglants, les résultats sur une armée en campagne, minables.
Les généraux SS pendant les 100 jours de la bataille de Normandie, bien qu'impressionnés par la puissance de feu des anglo-saxons durent se rendre à l'évidence : leurs pertes avaient été légères. Ce fut l'absence de renforts, les effectifs trop faibles qui firent la défaite. Ils ne réussirent jamais à créer un front continu, mais simplement quelques points d'appuis, de quelques soldats souvent, et derrière, il n'y avait rien. L'étonnant, pour eux, c'est qu'ils tinrent, comme cela, 100 jours.
Mais comme le disait Sepp Dietrich, ils n'étaient pas dans la merde. Ils auraient été dans la merde SI ça avait été des russes...
Pour ce qui est de la Russie, la situation du pouvoir n'est pas trop inconfortable. La crise des BRICS, qui la touche, comme les autres, a pu être imputée aux occidentaux. La production interne a bondi dans de nombreux secteurs, de manière impressionnante. On cite des pourcentages à deux chiffres, et presque trois dans certains secteurs, et on ouvre une usine par jour ouvré depuis 2011.
La baisse du rouble manigancée par l'occident permet le substitut d'importations, de manière encore plus marquée, même pour le textile. L'industrie du Donbass est largement siphonnée à l'intérieur de la frontière, comme aux bons temps de la grande guerre patriotique, et un programme très protectionniste a été mis en place, sans douleur, et sans contestation. La sonnerie du clairon, ça peut avoir certains avantages.
En un mot, pour le Kremlin, cela a été une belle occasion de bousculer quelques poncifs économiques, puissants.
Bon, après, que l'UE râle, c'est normal, La BCE est ciblée par les manifestants, mais pour nos PRAVDA locales, délatrices, décomposées, subventionnées et sans lecteurs, ce n'est pas la bonne cible. La bonne cible étant sans doute les gouvernements qui n'ose pas réduire trop vite pensions, salaires et protections sociales...
C'est ce qui était prévu, d'ailleurs, en Ukraine, en général, et en Crimée et Novorussie, dans le lot. On a vu la réaction des citoyens.
Pour ce qui est des médias, je reprendrais le mot du Saker : "S’ils avaient fait leur métier correctement nous n’aurions aucune raison d’être. "
Mais on ne peut pas être prébendé, et détenus par des oligarques, et honorables. Il serait aussi intéressant de savoir la VRAIE diffusion. Celle achetée au numéro, et non les abonnements de tout un tas de foutriquets, parce que c'est trop classe, d'avoir "Le Monde", "Le Figaro", ou "Libé".
A force d'avoir le comportement d'un soviet, la presse française a la crédibilité et la considération qu'on prête à un soviet. Crainte, mais décrue et haïe.