Le pic pétrolier...
Comme l'on dit certains internautes, la notion de pic pétrolier disparaît des écrans, alors que, finalement, c'est sans doute sa survenue à laquelle nous assistons.
Petit rappel. Le marché pétrolier est spécifique. Le prix est déterminé par des quantités marginales. Un million de barils, en plus ou en moins, chaque jour, ça sature vite les capacités de stockage, qui culmine dans le meilleur des cas à 3 mois de consommation. Ce qui est relativement peu. A priori, le pompage saoudien au maximum des capacités aurait produit des quantités excédentaires d'environ 3 millions de barils/jour. Mais, c'est difficile à savoir. Le monde de l'énergie, c'est le monde de l'opacité.
La plupart des gisements n'ont aucune souplesse de fonctionnement. Le seul qui en avait, c'était le gisement roi de Ghawar, en Arabie saoudite, qui pouvait être utilisé comme un réservoir. Les autres, niet. De toute façon, les pays pétroliers, ont toujours pompé au maximum de leurs capacités, sauf, justement, l'Arabie. Ce qui fait la différence, de l'ajustement, c'est le flux d'investissement.
Comme indiqué, le flux d'investissement dans le pétrole classique atteignait au début du siècle 250 milliards de USD (2004) et devrait atteindre, cette année, 762 milliards de USD.
Pour une production identique. Le surplus observé, au delà de 70 millions de barils/ jour provient surtout des condensats de pétrole, récupérés dans les gisements de gaz, du bio carburant, du schiste américain, et du pétrole extrême canadien, et de quelques gains de raffinerie. Mais visiblement, on est en train d'épuiser les possibilités. Et puis, si le condensat semble quelque chose de cohérent, comme le bio carburant issu de la canne à sucre (1 consommé pour 10 produits), le bio carburant issu du maïs a un taux de retour énergétique farfelu (un pour un, ça n'a aucun intérêt, sauf de changer un de houille, en un de pétrole...), les sables bitumineux, eux, consomment 1 baril pour deux ou trois produits, et c'est à peine meilleur pour le pétrole de roche mère, dit pétrole de schiste.
Le surplus obtenu cette année, qui engendre la chute des cours, à 40 dollars, cas de figure non prévu par les saoudiens qui l'ont initié est simple à envisager. Il est le résultat d'une chute ou d'une moindre demande, d'une saturation des capacités de stockage, finalement assez réduites, et du désamorçage, finalement, d'un vieux paradigme. La baisse des prix engendre la hausse de la demande.
Seulement, la hausse à 144 $ le baril a marqué les esprits, et on ne change pas un marqueur psychologique qui devrait durer une génération. Dans tous les esprits, c'est "TSP", tout sauf le pétrole, sauf si on est obligé d'y passer...
Et les constructeurs automobiles et d'avions ont définitivement fait l'impasse sur le pétrole bon marché. Ils surveillent cette "ligne bleue", avec fermeté.
Même l'investissement dans le renouvelable, flambe. Passé de 40 milliards (USD) en 2004, il a atteint 270 milliards en 2014. A la différence que le surplus de 500 milliards dans le pétrole ne produit rien de plus. mais que ces 270 milliards, eux, sont des capacités supplémentaires, mêmes si elles font rires les esprits forts attachés au fossile et au nucléaire.
Simplement, désormais, ce flux d'investissement supplémentaire dans le pétrole, ne se fera plus. Les plus concernées étaient les 5 majors, qui avaient la meilleure expertise en la matière. Leur production s'écroule, et ils lèvent le pieds. Les miracles qu'on attend d'Irak et d'Iran n'auront pas lieu. L'Irak a atteint, semble t'il, lui aussi ses capacités maximum, et il est clair qu'un Iran peuplé de 80 millions d'habitants aura une tendance à l'autoconsommation lourde. Ce pays, d'ailleurs vivait avec des cartes de rationnement d'essence, sous forme moderne de cartes de crédits, nul doute qque s'il arrivait à mieux produire, il penserait d'abord à ses citoyens et après seulement aux américains, européens, chinois, etc...
D'autant qu'on voit le cas saoudien où la production est de plus en plus auto-consommée.
Pour l'Europe, la crise des migrants devrait être sa dernière crise "d'homme riche". Parce que sa situation en tant que producteur d'énergie est dramatique.
Comme je l'ai déjà dit, on disposé d'un temps très long pour s'adapter. On l'a gaspillé, et sous la pression du lobby nucléaire, on n'en fait pas davantage, ou à peine, le minimum syndical.
la France produit la somme considérable de 22 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole), en renouvelable, dont 2.6 millions de TEP de carburants. De quoi faire rouler 1 million de véhicules. Dans ce contexte là, le "jamais rentable", comme l'éolienne de particulier à faire et entretenir soi-même, ça risque d'être une source considérable d'énergie. Surtout quand on produit environ 15 % de ce que l'on consomme, et qu'une bonne partie, comme le bois le les déchets urbains, ça reste encore à caution...
Je vais encore me répéter, mais on avait le temps de se préparer. largement le temps, pour réduire toutes ces consommations. Maintenant on va avoir l'élagage, déjà commencé sous forme de chômage, ça s'appelle des brindilles, on est passé aux branches (Grèce) avant de passer à encore plus sérieux, la suppression totale de certains secteurs économiques, ou leur réduction drastique à des niveaux ridicules...