Ce que l'on pense en haut...
Ce que l'on pense en haut, et ce que l'on raconte en bas, c'est totalement différent.
Une guerre de religion, c'est quasiment l'archétype de la manipulation. Le type d'en bas, CROIT combattre pour une certaine chose, sinon, il ne combattrait pas, mais le type d'en haut, lui, est souvent totalement sans foi ni loi. Et c'est lui qui crée le conflit.
Parce que dire de mourir à un type "d'en bas", pour un gazoduc ou un éventuel gisement de pétrole ou de gaz, ou du coltan, ou pour "la cause", c'est entièrement différent. La motivation ne sera pas du tout la même.
Dans un cas, on trouve des mercenaires, mais le problème du mercenaire c'est que quand ça devient chaud, il déguerpit, capitule facilement, se rallie souvent, bref, il n'est pas fiable et en tout cas n'a pas la fiabilité d'une armée de conscription, ou d'une armée de fanatiques.
Il faut simplement trouver le moteur le plus efficace pour avoir des combattants motivés.
A l'heure actuelle, ou il y a peu le jihadiste de base comprenait il qu'il combattait pour qu'une ou plusieurs familles royales continuent allégrement à se bourrer la gueule, se défoncer, et à se taper des putes par camions entiers ? Non, ce n'est pas ce qu'on lui avait dit...
Après, quand le soldat en vient à douter, cela devient problématique. C'est pire aussi, si le soldat est un mercenaire avec une large couche de motivation idéologique, ou religieuse...
ça devient dangereux pour tout le monde. Après, il peut décider de s'autonomiser, et de faire correspondre ses voeux et ses actes. Raison pour laquelle il peut se faire lâcher par ses parrains. Le mercenaire colombien, au Yemen, c'est du sûr, on sait qu'il est là pour le pognon, et que si on ne veut plus de lui, il suffit de lui dire. L'inconvénient, c'est que le combat très chaud, où l'on perd beaucoup de monde, très peu pour lui.
Alors, il reste, comme pour l'état islamique, le rétablissement de la conscription, et la levée de force. Là aussi, inutile de dire que la motivation voisine le zéro, que les populations du moyen orient ont une grande aptitude à la désertion, et qu'on assiste même, malgré la terreur, à des manifestations...
Qu'au XVI°siècle, Le Shah ait choisi la religion minoritaire qu'était le chiisme comme religion d'état, n'était qu'une manière de dire qu'il se foutait du Calife, à Istambul.
Comme le protestantisme dans les pays du nord, une manière de rompre avec Rome.
D'ailleurs, à cette époque, suédois et danois ont changé de religion, à l'insu de leur plein gré, parce que, sur le terrain, rien n'avait changé. Le prêtre était toujours le même, et les choses et rites changeront de manière continue et imperceptible.
Catholiques la veille, ils se réveillaient protestants, sans même savoir qu'ils protestaient. En tout cas pas contre le pouvoir local, qui en cueilli tous les fruits...
Cela n'empêchera pas, plus tard, ces mêmes suédois être féroces sur le champ de bataille, et luthériens convaincus. Mais on ne leur avait certainement pas demandé leur avis...
Dans le cas de l'Iran et de l'Arabie, le conflit est à la fois religieux, énergétique, ethnique (un perse n'est pas un arabe), d'ailleurs, quand Ataturk aboli le Califat et luttât très énergiquement contre le fond religieux sunnite, il ne se comportait pas autrement. Il voulait gratter l'islam, pour redécouvrir la turquité, ou pour turquifier, un pays qui ne l'était d'origine, que très peu.
Aujourd'hui, l'islamisation de la Turquie recouvre un projet néo-ottoman. C'est un projet politique, auquel on donne un vernis religieux. Parce que turcs/arabes/kurdes, ça ne se supporte pas non plus. Et que les antagonismes y sont forts. Et que pour créer, gouverner un empire, il faut souvent disposer de relais locaux, qui sont ce qu'ils sont, mais qu'il faut bien justifier, créer, quelque fut le moyen.
Le conflit irlandais fut il, est il encore une guerre de religion ? Oui et non. Entre une population de colons, et une population indigène, qui avait absorbé et assimilé les différentes vagues de conquérants, le protestantisme du XVII° siècle, fut, pour les gouvernants, un vecteur de domination inespéré, qui, cette fois, bloquerait toute assimilation.
Si les catholiques irlandais furent totalement écrasés, on n'essaya même pas de les convertir. c'eût été perdre une masse de gueux trop intéressante à écraser d'impôts...
Petite nouvelle sans rapport. Le baril de pétrole atteint les 33 $, et la bourse chinoise continue de s'effondrer...