Un risque réparti entre falaise de Sénèque et consolidation...
Mais rien n'est joué visiblement.
La falaise de Sénèque est un phénomène simple. La croissance s'édifie petit à petit, à un moment on arrive à un plateau, ensuite à une décrue, d'abord légère, puis brutale, qui sonne souvent une fin d'empire, une contraction forte de la population et la fin d'une économie intégrée à un grand échelon.
La falaise de Sénèque est tout à fait visible dans la production charbonnière aux USA. l'effondrement de la production se fait brutalement depuis 3 ans, à un rythme tellement incroyable que même moi, j'en reste pantois.
Cela entraîne donc dans la tourmente, les compagnies de chemins de fer, donc le nombre de wagons consacrés à l'expédition a chuté de 140 000 à 80 000, la fermeture de gares, le déclassement de voies ferrés, hypothèque la vie même de certains états comme la Virginie Occidentale (mais pas seulement), fait buguer "l'oracle d'Omaha", Warren Buffet, première ou seconde fortune des USA suivant l'année, et a même fait buguer les primaires de l'élection présidentielle...
Bien entendu, la quasi totalité du secteur a déposé le bilan, licencié la plupart de son personnel, fermé certaines mines, dont beaucoup ne rouvriront pas (une mine abandonnée, ou un investissement qui ne fonctionne pas est très vite hors d'état d'être remis en fonction).
La fermetures de certaines mines de fer du gisement géant du Minnesota, en fonction depuis 150 ans, accroit les difficultés du fret ferroviaire.
Un milliard de tonnes de charbon, qui baisse à 600 millions, avec le prix qui s'effondre à 40 dollars la tonne, contre une fourchette de 120 à 200, ça s'appelle un cyclone...
C'est déjà du lourd.
Mais il y a la Chine aussi, dont la production officielle atteignait les 3.9 milliards de tonnes, la production officieuse, 4.5, pour des capacités de production de 5.7 milliards de tonnes.
Les problèmes, sont de l'ordre de deux. La faiblesse des réserves, et le niveau d'endettement. Au milieu des années 2000, les réserves exploitables étaient estimées à 32 années de production. Si l'on double le niveau d'extraction, on les réduit de moitié. Avec si peu de temps, jamais les investissements ne pourront être amortis.
La période de hausse des cours, commencée en 2002, finie aujourd'hui, a visiblement rendu les charbonniers complétement fous. Au point de se tirer une balle dans la tête.
Comme la consommation de charbon, aujourd'hui en baisse à 3.2 millions de tonnes, est la base de l'économie chinoise, on peut penser que cette base, elle même, vacille.
Bien entendu, les problèmes sur les sociétés ferroviaires, avec la baisse de fret, sont les mêmes. Ici, la baisse de la production d'acier se ressent.
En ce qui concerne le pétrole, c'est encore plus simple.
La plupart des états pétroliers, ont pris, au moment des habitudes et des trains de vie énorme, couplé au fait que cette envolée a totalement détruit le reste de l'économie nationale. La plupart n'ont même plus une agriculture de subsistance.
La baisse des cours, le maintien de l'habitude de verser de gras dividendes, ont conduit à un effondrement de la recherche, de la prospection et de l'investissement.
La découverte de nouveaux gisements est quasiment tombée à zéro. Conséquence logique, quand on n'investit plus et qu'on ne recherche plus, la production, à terme, s'effondre. Elle baisse de 5 % par an.
Crise aggravée par les politiques menées : les compagnies pompent au maximum de leurs capacités, vidant simplement plus vite les gisements, tout en déprimant encore plus les prix.
On dit que l'investissement pétrolier ne se maintient et n'augmente légèrement que dans les pays du golfe. Cela n'a rien de rassurant, parce que contrairement aux légendes, leurs niveaux d'investissements et de recherche étaient modestes.
Ces pays voient l'apparition de taxes, et certains leur conseillent de sabrer les dépenses sociales. C'est à mon avis un mode de suicide absolument certain. Et très douloureux. La seule chose qui protège les monarchies, c'est justement ce niveau de dépenses sociales.
"«Les récents piliers de la croissance de la demande - la Chine et l'Inde - vacillent» "
On peut d'ailleurs se demander si la croissance de la consommation était réelle en Chine. Simplement, le pays aurait fait passer ses réserves de très modestes (une semaine de stocks), à quelque chose de plus conséquent (2 mois), sans atteindre encore les standards occidentaux (3 mois). Un simple effet d'aubaine, causé par les prix bas, et des investissements de stockages, réalisés après les émeutes causées par les pénuries en 2011 (il me semble, je ne suis pas sûr pour l'année).
De toutes façons, les émeutes sont monnaie courante en Chine, et en croissance exponentielle. La baisse de la production charbonnière est aussi un risque, et visiblement, va beaucoup plus vite que programmée. On est donc loin d'un atterrissage en douceur.
La donne financière ne se réduit pas aux seuls prix.
Il y a faillite de bien des compagnies. Mais aussi, le fait que les états liquident leurs placements pas toujours à bon escient. Quand à l'Arabie Séoudite, on peut dire qu'elle est déjà ruinée par l'avalanche de procès du 11/09 qui va avoir lieu aux USA.
Comme leurs avoirs sont en dollars, ils ne pourront même pas les négocier. Avec leurs récentes condamnations judiciaires aux USA, aucune banque n'acceptera de négocier du dollar contre l'avis des USA.
Les fonds "épargnés pour les générations futures", comme le fond norvégien risque de se retrouver peuplé de toiles d'araignées plus vite que son ombre.
La crise du transport, qui concerne la totalité des vecteurs de transports, armement maritime, aérien, camion, ferroviaire, s'avère et se révèle désormais, non plus comme un vecteur de croissance, mais comme un transmetteur de crise, comme jadis, ils transmettaient la peste.
Ceux qui nous vendaient la mondialisation-globalisation comme quelque chose d'inéluctable, ne pensaient pas à un petit détail. C'est que celle-ci s'appuie uniquement sur une énergie bon marché et abondante, mais ça, c'était des avantages acquis non négociables.
Après, on peut voir la machine hésiter entre une falaise de Sénèque, c'est à dire l'effondrement complet, et une consolidation à un niveau très inférieur. Mais rien ne peut être exclu, sauf, désormais, la croissance.
Au début de la crise, j'avais pronostiqué une suite de LLLL. On tombe à un niveau, quelques temps, avant qu'il y ait une nouvelle phase de chute, jusqu'à un niveau suivant. C'est ce qui s'est passé depuis 2007 jusqu'à maintenant. Un L.
Des pays comme l'Allemagne voient leur production industrielle, le seul marqueur significatif, faire glorieusement du 0 % de croissance depuis 2007, comme les USA, les pas trop mauvais comme la France, font - 10 %, les mauvais du - 20 %, les très mauvais vont au delà de - 30 %.
On nous parle, du côté des économistes officiels, de V ou de W. Une chute, suivie d'un rebond, ou une chute, suivie d'un rebond, puis rechute et rebond. C'était pour les pessimistes. Moi visiblement, le mieux, je ne l'ai vu nulle part.
Quand à la croissance chinoise, extraire du charbon, pour fabriquer acier, et matériaux de constructions, pour bâtir des villes champignons VIDES, ou presque, avec ses 70 millions de logements vides, j'aimerais que l'on m'explique où est la croissance...
Mais, il serait bien de commencer à voir le problème en face. ça serait déjà le résoudre en partie...