LE TEMPS DU MONDE...
Fernand Braudel nous avait parlé de l'élection présidentielle US. Pourtant, il est mort en 1985. C'était dans "Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3, Le temps du monde".
"Les villes dominantes ne le sont pas in aeternum : elles se remplacent".
Amsterdam remplace Anvers. Londres succède à Amsterdam. New York remplace Londres.
Le choix d'une capitale est déterminant. Quand en 1582 Philippe II transfère sa capitale de Lisbonne (il est aussi roi du Portugal), à Madrid et à l'Escurial, il tire un trait sur la domination économique du monde.
Ces villes dominantes sont riches, bigarrées et cosmopolites. On y a le plus la sensation de liberté. Même si c'est totalement faux.
Elles dominent, par cercles l'espace intérieur. Elles ne sont pas et jamais, des démocraties, bien qu'elles s'en donnent souvent l'apparence. A Venise, le Doge est "élu" à l'intérieur d'un certain cercle de familles. Nulle ressemblance bien sûr avec les familles impériales aux USA, les Bush et les Clinton.
Depuis l'existence des USA, il est clair que le vote dans bien des grandes villes, est juste une formalité. Pratiquement depuis le début de NY, les élections sont préemballées, hier par les services rendus au Ring de Tammany hall, aujourd'hui par les machines à voter. Le Ring fournissait travail, logement et nationalité, les candidats achetaient ni plus ni moins, les votes, pas directement, mais à des responsables de factions qui détenaient un certain nombre de votes. Les services rendus précédemment cités, valaient cette contrepartie. A celui qui aurait eu l'idée déplacée de ne pas respecter la consigne, on aurait appris à vivre en le noyant dans l'East Side. D'ailleurs, nul besoin la plupart du temps d'aller si loin. Les "électeurs", arrivaient à très bien gagner leur vie le jour des élections. Surtout si on allait voter, 2, 3, 4 ou 15 fois.
Absolument rien n'a changé.
On voit la vérité transparaitre dans ces séries américaines, que ce soit the good wife, ou the wire.
Comme les grandes villes sont en générales démocrates, je vous laisse deviner le résultat.
Donc, certains prétendent que le vote populaire pour Clinton serait encore plus important qu'il n'y paraissait. C'est faux, parce qu'on sait bien que le vote par correspondance, c'est le vote du voleur. Allié aux machines à voter qui se "trumpaient", systématiquement en faveur de Clinton, il y a bien quelques millions de voix en trop. Plus besoin de l'électeur de base, le caviardage du logiciel de dépouillement suffit. N'est ce pas monsieur Soros ???
Demander à passer par dessus le vote des états, pour un scrutin direct, serait encourager ce système de fraudes, très bien établi. Plus la ville est grande, plus c'est facile de frauder.
Ceux qui appartiennent aux autres cercles loin des grandes villes, eux, votent républicains. Parce qu'ils ne sont plus sous les retombées fantasmées de la ville. Quand l'usine ou la mine de charbon locale ferme, il n'y a plus rien que des maisons à vendre. Et trois offres d'emplois à mi-temps.
La fraude, dans les petites villes où tout le monde se connait est plus compliquée.
"Il y en a bien chez vous qui votent démocrates"
"Oui, il y en a treize"
"Et on connait les noms".
Plus le cercle est loin de la ville centre, plus la vie est bon marché, et moins il y a d'argent.
Pour Braudel, la planète était constituée "d'économies monde", dont une avait un centre riche.
"Une ville monde ne peut atteindre et maintenir le haut niveau de sa vie, sans le sacrifice, voulu ou non, des autres".
Dans l'élection présidentielle de 2016, l'intérieur a voté Trump, les villes-ports, Clinton. Ces villes exploitent l'intérieur et l'extérieur. Donc, rien d'étonnant à ce que NY, la ville, ait un vote totalement différent de celui de son état. Rien d'étonnant que Chicago vote démocrate quand un océan républicain engloutit l'état de l'Illinois. Le Cook county (Illinois) a 6900 policiers, certains autres en ont 7 (Lawrenceville, Illinois).
Exemple le plus typique, la Californie. Elle dépend massivement du reste du pays pour son électricité et son eau. Et des rumeurs de dévolution ont lieu après le vote de la présidentielle. Imagine t'on une sécession ? Oui, mais en continuant à profiter de l'eau du barrage de boulder, et de l'électricité qui vient même souvent du Canada. Et si les fournisseurs, mauvais coucheurs, se décidaient soit à augmenter fortement les prix, soit à contingenter, soit à ne plus fournir du tout ? Après tout, un fournisseur qui n'a plus assez de marchandises, qui a le choix entre deux clients (Californie et LV) est libre de vendre le prix qu'il veut...
Ces grandes villes ne veulent plus de l'intérieur, que ce soit à Londres où en Californie. Alors le risque, c'est qu'ils doivent conquérir un intérieur devenu hostile. Voire très hostile. Et rien n'indique que cet intérieur accepte encore d'être exploité.
Le libre échange avantage les états côtiers. Et désavantagent l'intérieur. Le protectionnisme, lui, se développe loin de ses frontières.