NUCLEAIRE : LE PAPIER DE SCIENCES ET VIE...
Pour le magasine "sciences et vie", le nucléaire français tourne au cauchemar. Rien ne va plus.
Age critique des réacteurs, et oui, un jour il faut bien désinvestir ce que l'on a investi, un EPR qui souffre de graves défauts, des travaux de prolongements pharamineux, un héritage ingérable. On ne sait même pas comment démanteler les vieux réacteurs à graphite, "une vraie vacherie !". Et cette vacherie, doit être reprise à zéro... Pour le XXII° siècle.
Bref, l'article parfait pour un anti-nucléaire...
Mon pronostic reste entier. Il y a de grosses chances pour qu'on ensevelisse les anciennes centrales, sous des montagnes de béton...
Mais le problème ne se situe pas qu'ici. Comme je l'avais déjà signalé, il y avait des gros problèmes d'approvisionnement en uranium, devant entrainer une crise de la filière nucléaire en cascade, et la fermeture de nombreuses centrales. C'est bien ce qui est arrivé, avec :
- le Japon (52 centrales),
- les USA (15 centrales),
- l'Allemagne (8 centrales),
- Grande Bretagne, 2 centrales arrêtées en 2012, 16 en activités, mais leur fermeture est proche. Même si Hinckley point était construit, ce qui reste douteux, ce serait alors les deux seules centrales en activité.
- La Belgique doit aussi sortir du nucléaire en 2025.
La crise du nucléaire est donc bien engagé, et la fin de l'approvisionnement du combustible d'origine militaire recyclé (20 %), devrait logiquement, entrainer une décroissance similaire du parc en exploitation (qui devrait passer de 440 à 350), avec la circonstance aggravante qu'il y a une soixante de centrales en construction. et plus de 170 prévues...
- On voit la situation financière d'EDF se dégrader irrésistiblement, avec 7000 suppressions d'emplois prévues, et un bénéfice en chute libre. Il reste que cela ne changera pas grand chose de tailler dans les effectifs, quand le régime de retraite est à sa charge.
En France, le mensonge des stocks commence à transparaitre, ils sont tombés en 2014 à 16 000 tonnes (pour une consommation de 8 000 tonnes annuelles). Ils étaient de 20 000 tonnes, et ce stock n'était pas, soi-disant, sollicité. Le déficit de production reste patent, même si, grâce au Kazakhstan, il est devenu moins important.
Mais dans le monde de l'énergie, on ment comme on respire, et le journaliste qui pond des articles, est con comme une valise.
Le meilleur exemple du mensonge énergétique, c'est l'Arabie Séoudite, qui depuis 40 ans, à toujours 261 milliards de barils de pétrole en réserve, bien qu'elle en ait tiré en moyenne près de 3 milliards par an. Et pour ce qui est de l'exploration pétrolière en Arabie, c'est simple, elle se chiffre aux alentours de zéro.
Autre chose à signaler, Cameco, le producteur canadien qui vient de virer quelques centaines de mineurs (le cours de l'uranium vient de chuter à 20 $ la livre), est en bisbille avec Tepco, l'exploitant japonais, pour rupture de contrat. Il va y avoir procès, et avant résolution, Cameco va passer des jours difficiles. Les clients ne se bousculent pas. Et les prix non plus...
Les dites réserves d'uranium dont on se gargarise à EDF et AREVA n'existent pas. Elles ne sont pas, pour l'instant, économiquement exploitable. Et puis, l'avis d'entreprises, l'une étant en faillite avouée, et ayant acheté des mines inexploitables, et l'autre au bord de la faillite, est pour le moins sujette à caution.
Comment ajouter foi à des entreprises pratiquant une "politique de l'autruche" si visible ??? D'ailleurs, la politique de l'autruche dans l'énergie est si répandue que s'en est même une règle : "La politique de l'autruche des entreprises pétrolières et gazières". Ils ne retiennent que les scénarios qui leur sont le plus favorable, et nient les évolutions en cours, notamment dans le bas carbone.
Journalistes et articles, d'ailleurs, se gardent bien d'analyser la réalité, pour les dogmes du jour : "Berlin doit abandonner le charbon d’ici 2035 pour respecter l’Accord de Paris". On ne parle presque plus de charbon en Allemagne, dont la production atteint péniblement les 8 millions de tonnes, mais de lignite, dont les réserves atteignent, elles, les 40 milliards de tonnes. Comme la lignite sert quasiment exclusivement à la production d'électricité, il est clair que la transition énergétique se fera au dépend de celle-ci, du nucléaire. Le charbon, lui, massivement importé, a déjà été fortement ajusté dans la production d'électricité.
Il reste que les producteurs classiques d'électricité, et leurs fournisseurs ont fait preuve d'une inadaptation totales aux conditions économiques. L'éolien et le solaire ont fourni des quantités très modestes d'électricité en France, respectivement l'équivalent de 2 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole) et 1.75 millions de TEP , contre 20 et 8 en Allemagne (source Usherbrooke). Pourtant, l'onde de choc des crises occasionnées est beaucoup plus importante que ces encore modestes chiffres pouvaient le laisser imaginer.
Ces entités privées doivent donc être regardées comme des dinosaures, incapables de s'adapter à un changement léger de paradigme. De parfaites bureaucraties -privées- prêchant la flexibilité à leurs salariés, mais incapables de la vivre. EDF en est le parfait exemple. L'idéologie du nucléaire empêche de faire ce qu'il faudrait, c'est à dire arrêter simplement quelques centrales nucléaires (définitivement), et engager une politique de réduction des besoins. Pas compliqué d'ailleurs, il suffit d'aller voir les hommes politiques, et de les orienter dans la bonne direction : interdire le chauffage électrique (c'est pour la planète !), pour le logement neuf, donner des crédits d'impôts pour la transition du logement ancien, prévoir la généralisation du chauffe eau solaire, chose qui ne coûterait pas un rond à EDF. Il vient un moment où l'intérêt de l'entreprise, c'est de gérer la décroissance de la demande, ou mieux, de l'organiser.
Mais cette norme du secteur privé, échappe visiblement à la cervelle très réduite des dirigeants...
Le tout, ce n'est pas d'avoir un gros chiffre d'affaire, mais de gagner de l'argent.
Mais si Fukushima n'avait pas eu lieu, on aurait assisté à quelque chose de beaucoup plus marrant : l'arrêt des réacteurs, faute de combustibles... Près de 80 centrales arrêtées, ça finit par faire du volume...