LES MIRACLES DE L'INDUSTRIE CHARBONNIERE...
... En Chine. On peut noter, non pas la multiplication des pains (encore, vue le nombre d'émeutes, ou "incidents de masses", c'est un concept qui se discute), mais la multiplication des gisements de charbon.
Explications. En 2006, les réserves chinoises de charbon (encore sous terre) étaient officiellement de 114 milliards de tonnes. En 2016, elles sont toujours de 114 milliards de tonnes, malgré l'extraction effrénée d'environ 32 milliards de tonnes. Moi, je savais pas que le charbon repoussait.
D'une manière générale, la recherche de nouveaux gisements, avoisine les zéros, et quand on en découvre, c'est par hasard, et pas beaucoup. De plus, vue l'ancienneté du peuplement, le travail des chinois, il n'est guère de gisements qui n'aient déjà été trouvés.
Cela me rappelle aussi un autre miracle, le séoudien, dont les réserves en pétrole ne baissent jamais, même si l'extraction sort plus de 10 millions de barils/jour.
La situation chinoise visiblement, au regard de la production, est d'autant plus grave que coexiste dans la production, des gisements encore à peine effleurés (notamment en Mongolie intérieure), et des gisements qui ont été largement entamés; et qui ont visiblement passé des pics de production, et dont la rentabilité s'avère très douteuse.
La récente tension sur les prix du charbon, et leur remontée (pas encore astronomique), indique le caractère de "tôle ondulée", de la demande et de la consommation. Et une absence de visibilité totale pour l'avenir, qui peut s'appliquer aussi au gaz et au pétrole, et justifie largement le classement de Bloomberg, des énergies fossiles en "spéculatif", et on pourrait rajouter, spéculatif pur. En ce qui concerne le nucléaire, le problème est exactement le même au niveau des prix, malgré une production déficitaire, et ce, très largement.
Mais, comme je l'avais dit précédemment, souvent, quand une capacité est désinvestie dans le domaine charbonnier, il n'y a pas de retour en arrière possible. La capacité est perdue, définitivement, ou alors, n'est récupérable qu'au prix de gigantesques investissements, ce qui revient, dans les faits, à la même chose...
Au Canada, la presse nous sort : "Malgré Trump, la transition vers les énergies renouvelables est inévitable". Malgré les autres, aussi. Si le mouvement s'est affermi sur le renouvelable, c'est que le schéma économique du reste s'est affaibli notablement, mais le journaleux ne voit pas le problème tel qu'il est. Pour le transport, il n'y a que le pétrole, les centrales thermiques au charbon, aux USA, étaient vieilles, et peu rentables, les centrales thermiques au gaz, beaucoup plus récentes, et seules capables d'absorber le gaz de schiste, qu'on leur bradait, au surplus. Paradoxalement, désormais, le renouvelable est la seule énergie dont on peut prédire désormais le coût, sans se tromper beaucoup, même si elle est chère. Au contraire, ces prix hauts incitent à une consommation réaliste.
En Chine, les centrales thermiques au charbon se lançaient par dizaines, en faisant totalement l'impasse sur la ressource.
On voit d'ailleurs la différence de perception suivant le lieu de résidence. Aux Mureaux, par exemple, tout le monde s'en fout. Au centre politique, ils n'ont aucune perception du problème, que ce soit au niveau des politiques, ou des populations.
Les majors, eux, ne s'y sont pas trompés. Bloomberg nous apprend qu'ils investissent massivement en mer du nord, plus pour le pétrole, dont la production a chuté de moitié, mais dans les éoliennes. Pour ce qui est du pétrole, les terminaux de la mer du nord ne reçoivent plus que la moitié de ce qu'ils recevaient avant, environ 3 millions de barils jours, contre six millions naguère, mais la stabilisation de la production a été obtenue au prix d'un effort démentiel d'investissement, aujourd'hui stoppé.
Le même mouvement s'opère en Chine. Le remplacement du charbon par du renouvelable, mais avec la difficulté que le mouvement antérieur de frénésie charbonnière n'a pas été stoppé, et que les tares antérieures ( le surinvestissement dans des industries condamnées), se sont aggravées.
" Le pétrole est un capital sous la terre, et si vous prenez ce capital sous la terre et que vous le dépensez, vous êtes pauvres. C’est comme tout capital : vous vivez au-dessus de vos moyens et vivre au-dessus de ses moyens, ce n’est pas soutenable.
Vous [les Britanniques] avez dilapidé cette richesse, vous avez pris ce pétrole de la mer du Nord, et vous avez très bien vécu durant cette période parce que vous viviez au-dessus de vos moyens.
Vous avez pris le succès de l’ère Thatcher pour un succès reposant sur une bonne politique économique, alors qu’en fait ce succès consistait à vivre au-dessus de vos moyens, et à laisser les générations futures appauvries."
(Stiglitz, à la BBC).