"Je crois que le problème du Mexique est d'un tout autre ordre que celui de l'énergie ou de la sécurité, de l'emploi ou encore de sa politique agricole.
Le Mexique n'a plus d'Etat, voila tout, ou du moins ce qu'il en reste disparaît comme un rail de coke englouti par un pif insatiable. L'existence même des Cartels et autres Zetas, dont certains sont issus de forces gouvernementales chargées de les combattre (!!!), prouve que ce pays est en coma dépassé et qu'il est à refaire et à repenser totalement.
J'en fini par leur souhaiter la victoire d'un des cartels qui finirait par gouverner le pays, et qui, peut-être à la manière d'une bande de Francs aux chefs visionnaires sortirait le pays de l'impasse et empêcherait sa désagrégation.
Mais bon, on peut toujours rêver."
Le problème de l'état mexicain est bien celui, classique, d'un PO. Qui a métastasé sur tout le reste.
Explications. Les états latinos-américains, depuis la colonisation, ont un problème d'assiette fiscale.
Ils ont le plus grand mal à prélever des taxes, comme les états africains d'ailleurs, et souvent, fuient la difficulté grâce à des ressources minérales. Et puis, il est compliqué, quand on a une manne sous la main, de vouloir imposer quoi que ce soit. Pendant longtemps, cette manne est tombée, rendant illusoire tout souci d'efficacité et de gestion. Et le politicien, c'est celui qui fuit les problèmes, plus qu'il ne les résout.
Après la disparition progressive de la manne, les mauvaises habitudes ont perduré, aggravées par le manque de rentrées fiscales.
Le schéma classique de prise du pouvoir par un cartel qui fait tabula rasa, c'est le renouveau d'un lien avec le peuple. Le pouvoir n'existe que s'il donne une contrepartie. En premier lieu la sécurité, et qu'il n'est pas dans l'optique de rogner tout ce qui va aux moins fortunés. Au contraire. Cela s'appelle la politique.
Contrairement à Orlov, je ne pense pas que le stade de l'état nation soit dépassé. Les premiers en occident ont précédé l'exploitation des ressources fossiles. Mais ils avaient aussi, dans leur ADN, le devoir de s'occuper de leur population.
La lutte contre les épidémies, l'approvisionnement en grain, la politique économique, cela a été une lourde tâche quand on n'a pas d'énergies fossiles, mais, il faut le reconnaitre, c'était quand même une tâche auquel ils s'attelaient. Avec plus ou moins de bonheur, mais l'intervention économique est un classique des pouvoirs politiques.
Quand ils n'ont pas une idéologie libérale dans la tête, cela se passe plutôt bien.
La faillite de l'état mexicain, s'explique aussi par sa désindustrialisation, par la catastrophe qui est arrivée à son agriculture, pour cause de traité de libre échange.
Les pouvoirs parallèles n'ont aucun mal à se maintenir, tant qu'ils sont estimés justes et apportant des contre-parties à la population. Dans ce cas, ils font tout ce que ne fait plus l'état.
Les cartels mexicains sont de gros employeurs avec un minimum de 100 000 sicaires, en réalité, beaucoup plus. Et en plus, ils paient bien.
En même temps, la réalité mexicaine peut être encore pire. Le Mexique dépend totalement, économiquement, de son voisin du nord, comme client, pour sa drogue, pour ses produits manufacturés, etc.
Des troubles au nord, provoqueraient l'effondrement économique des cartels. On nous a vanté la mondialisation comme un système solide, de résilience extrême. Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Il est au contraire, un système de plus en plus fragile.