OU VA CARROUF ?

Le dinosaure ne s'est pas adapté aux changements survenus il y a quelques millions d'années, et les grands groupes sont dans la même optique.

Carrouf correspondait à une société où le pétrole est abondant, et ce schéma souffre désormais. Des magasins en perdition, un business plan archaïque, et surtout une pensée arriérée :

"Le distributeur va aussi s'attaquer à ses stocks alimentaires, qu'il juge excessifs à la fois en hyper et en entrepôt. On pourra donc s'attendre à des opérations de déstockage en magasin mais aussi, surtout, au passage de davantage de références en flux tendu en entrepôt. Et les assortiments devraient être resserrés en épicerie."

Le flux tendu nécessite une énergie abondante. Carrouf donc, va économiser 2 francs 6 sous, en réduisant les stocks, et perdra des montagnes d'argent ultérieurement. Les mecs dotés d'un cerveau (rares dans le monde des "décideurs"), savent qu'un stock, ce n'est pas des bits sur un compte en banque. ça, ça existe vraiment.

Dans un monde, l'aveuglement Carrouf, ça s'appelle "briser les tabous". Le seul truc intéressant, c'est la liquidation du rêve mondialiste. On perd ses illusions : " Finie, la conquête du monde".

Donc, on va virer un peu de personnel, serrer quelques boulons. ça, ce n'est pas une politique, parce qu'il aurait fallu poser le constat. Et le constat est simple, Carrouf aussi, est touché par la baisse de disponibilité énergétique.

Il y aura sans doute aussi, accélération du phénomène, après la hausse drastique des prix de l'essence et du gazole.

Comments

[Sébastien]

Pour rebondir sur le commentaire de La Gaule, le stock est bien présent, mais caché. Que sont les centaines d'entrepôts qui ont poussé comme des champignons, de préférence en plein milieu des campagnes (pourquoi rester discrets, je vous le demande), sinon des stocks, certes fluides, mais des stocks tout de même. Il faut bien alimenter tout le circuit. D'ailleurs, c'est là aussi qu'on dégraisse le plus. C'est un maillon encore plus important puisque des dizaines de points de vente dépendent d'un seul entrepôt. Vous bloquez un magasin, tout le monde s'en fiche. Par contre un entrepôt...
La comparaison avec le hangar et bien vue. D'ailleurs, le dernier concept à la mode, c'est bien le magasin-entrepôt (Brico-Merdo, Ikea...).

[Sébastien]

Le problème de Carrouf et des autres est qu'ils sont basés sur un modèle de croissance exponentielle, que leurs stocks morts sont dans le non-alimentaire, pas dans l'alimentaire, que leurs magasins sont dégueulasses.
Ils tomberont les derniers car ils sont un maillon essentiel de la chaine de suburbanisation-transports et que la voiture reste le symbole de la société moderne. Mais la chute des uns ne signifie pas que d'autres prendront le relais.
Dans quel sens tout cela va-t-il s'effondrer? Bien malin qui peut le dire.
Dans certains magasins, on construit de nouvelles galeries marchandes dans des zones déjà hyper-saturées et encore des blockhaus de consommation à côté. A se taper la tête contre les murs. Enclaves privilégiées? Même pas. Ici, la chute arrivera brutalement je pense. On arrive à la pointe du sommet de la bêtise (tout en parlant de lutter contre le réchauffement climatique). Un pas de plus, et c'est le vide.

[anonyme]

Arret de la propagande immobilière !

Immobilier : la France, un marché plus que jamais à deux vitesses
http://immobilier.lefigaro.fr/article/immobilier-la-france-un-marche-plus-que-jamais-a-deux-vitesses_d0ce6fd2-f071-11e7-850f-fd380f9f2723/

--> Hors métropoles, l'immobilier fait perdre de l'argent, la fin du discours de propagande "payer un loyer, c'est jeter de l'argent par les fenêtres" ?
extrait :
"Un investisseur, qui aurait acheté un bien de 100.000 euros en 2007, verrait aujourd’hui celui-ci valorisé autour de 122.000 euros en moyenne dans les dix plus grandes villes françaises. En revanche, dans les villes plus petites (au-delà de la 50ème place), le propriétaire a perdu de l’argent: les 100.000 euros de départ ne valent plus, selon Meilleursagents, que 87.000 euros!"

Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule :
c'est entre 45 et 54 ans que le Revenu disponible moyen des ménages est le plus élevé
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2412465
or
on va avoir une chute jusqu'à 20% du nombre de cette population pendant les 20 prochaines années :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381472

Comme le montrait Harry DENT dans son livre "The Demographic Cliff", page 31,
Le pic de consommation maximal en Europe de 1945 à 2100 a été atteint entre 2010 et 2014 et maintenant il va décroitre jusqu'à la fin du siècle.

Qui va donc acheter les maisons ou appartements des retraités devenus trop grand pour eux ?



Bref plus de vendeurs immobiliers que d'acheteurs en perspective !

[La Gaule]

Ce qui est confondant, est le manque de bons sens élémentaire de ces pseudos décideurs et leur ignorance des réalités de l'économie domestique dans une société où de plus en plus de gens ont du mal à joindre les deux bouts.
Le flux tendu n'intéresse en fait que l'individu prospère ou le non consommateur absolu -soit le SDF mendiant (et encore!).
Tous les autres sont à la recherche du produit fiable -d'une qualité acceptable- pas cher, et facile à trouver -donc si possible toujours au même endroit.
Le stock est la donnée économique fondamentale du fauché.
Le merveilleux livre de RMcL Wilson « les dépossédés », avait déjà fait le portrait de ces véritables experts en stock pour fauché qui se répandent comme une moisissure dans nos opulentes sociétés libérales (plutôt des expertes d'ailleurs, car se sont majoritairement des femmes seules et/ou mères de famille).

https://www.babelio.com/livres/Wilson-Les-depossedes/29977

Si vous avez la flemme de lire et possédez encore une grand mère vivante demandez-lui comment on gérait les entrées et les sorties pour survivre en milieu urbain pendant la guerre.

La cigale fauchée est une impasse de l'évolution qui ne reste encore répandue dans notre société que par cette autre aberration consubstantielle au flux tendu : le crédit à la consommation.
J'imagine qu'une grande partie de la clientèle de Carrefour n'y met encore les pieds (c'est mon cas) que parce qu'elle a l'assurance d'y trouver les produits répondant aux caractéristiques évoquées plus haut.
Cette clientèle a sans doute déjà remarqué (c'est encore mon cas) que ces produits miraculeux étaient souvent en rupture de stock, accompagnés de l'écriteau lénifiant d'usage. En gros -après injection d'une ampoule de sérum de vérité :

''''Désolé sale pauvre, il n'y en a plus, mais je te rassure, on a calculé que tu auras bientôt le droit à nouveau de l'acheter, ta merde. En attendant, si tu prenais l'équivalent, mais plus cher ? ''''.

Là, le pigeon carrefourien (votre serviteur parmi d'autres) se trouve confronté à trois solutions.
1)
Se plier à l'injonction subliminale du décideur-écriteau.
2)
Repasser régulièrement pour voir s'il pourra trouver la raison de persévérer dans son être : un bon stock.
3)
Aller chercher le stock miraculeux ailleurs et, si trop de produits sont frappés du même mal, dire définitivement adieu à cet hangar, contribuant ainsi à son inévitable reconversion en dortoir à migrant (vision délicieuse ; des Carroufs il y en a pas mal à proximité des beaux quartiers).

A ce jeu-là, on peut en arriver rapidement à cette horreur conceptuelle pour un décideur Jacques-attalien : « grâce au libre jeu de la concurrence » (formule obligée), le grand gagnant-gagnant (idem) est celui qui aura su proposer les meilleurs stocks !

Le stock est l'organe indispensable honteux de l'économie libérale, la poche à sperme dont la féministe lesbienne rêve de se passer en s'enfilant des poireaux, une sucette pour bébé dans la bouche.
Le stock partage d'ailleurs cette infortune avec la dette, sur laquelle nos médias font magnifiquement l'impasse en célébrant la vache sacrée de la croâssance et du PIB (qu'est-ce que le PIB, sinon l'actif d'un bilan dont on aurait arraché le passif ?).
C'est pourtant une évidence que, pas plus qu'il ne peut y avoir d'actif sans passif, il ne peut y avoir de flux sans stock, nonobstant toutes les impasses énergétiques imaginées par les décideurs pour voiler cette obscénité.
Le stock est même une donnée fondamentale du vivant, le frein élémentaire à l'entropie.
L'homme est un écureuil sur ses glands, un ours qui brûle sa graisse hivernale, ou encore un chameau (nomade, cette bonne blague) et sa poche à flotte dans les entrailles.
On en revient toujours au même problème, moins d'ailleurs celui des « décideurs » que de l'armée encore innombrable des larbins à trois ou quatre mille balles par mois qui les servent (ceux que le Saker appelle avec à propos des « drones idéologiques »).
Le blaireau qui quitte le weekend son clapier à Paris pour rejoindre son enclos à Bandol s'imagine être un flux nomade.

Bonne année.

[Lorialet]

Sur l'analyse globale je suis d'accord.
Toutefois si carrouf baisse (sauf sur le drive il me semble), les marchés (pas super, et y compris de village) baissent aussi, et les commerces de détail meurent.
Le tout est de voir qui va creuver les premiers.