"Ben, euh, il faut de l'énergie pour les arracher quand même.
à la houe, c'est physique, et il faut une jolie surface pour faire 2T.
Je dis ça je dis rien ;-) hein.
Je suis maraîcher en bio avec de la terre lourde (celle qui donne les meilleures pommes de terre).
Je mets environ 2 jours à arracher 2 tonnes avec un tracteur, et 2 à 3 personnes...
Alors sans tracteur, ça va être plus physique, long et compliqué..."
Cette intervention (et d'autres), cadrent bien le problème. La P2T n'est pas rentable, POUR L'INSTANT.
Mais les grandes métropoles sont accablées de problèmes. Manque d'eau, collapsus en cas de grève des transports, qui peut très bien tourner très vite, à une pénurie chronique, le "désert urbain', dont parle un lecteur. Enfin, désert, pas si désert, au contraire, une foule de personnes, sans la ressource immédiate, des besoins vitaux. Un Sao Paulo déjà cité pour ses problèmes d'eaux. Le seul problème de Sao Paulo, c'est 21 millions de personnes, dépassant largement sa capacité d'absorption. Si la situation est critique pour 7 grandes métropoles, elle n'est pas moins inquiétante pour les 200 autres suivantes.
Et la patate, qui s'écoule si bien mais à si bon marché, c'est le canari dans la mine. Son prix peut facilement, monter au plafond sans peine. Pas rentable. Oui. A l'heure actuelle. Mais à Sao Paulo, les prix ont doublé.
Est ce que ce n'est pas rentable dans ce contexte ? Peut être pas. Mais c'est beaucoup moins vrai. Extrapolons encore. Si le prix est multiplié par 5, n'y aura t'il pas des vocations ?
Le dealer de quartier, se mettra t'il à vendre de la belle de fontenay, au lieu du shit ?
Qui, en 1939, aurait imaginé le retour en force du topinambour ? Ou le succès du rutabaga ?
Les ouvriers des années 1930 ne jardinaient pas que pour le plaisir, c'était même loin d'être la règle, mais d'abord par nécessité absolue, et parce que c'était dans la filiation du système précédent, régnant en 1700 et bien décrit par Braudel sur la généralité d'Orléans.
Le vrai paysan n'existe quasiment pas (en plus c'est dans la moitié des cas un vigneron avec une toute petite exploitation), la plupart des ménages sont des doubles actifs.
Braudel disait que le meilleur rendement agricole était atteint à la houe, dans une terre tournée et retournée patiemment.
Et je vais dire quelque chose de ravageur politiquement. Dans ce contexte là, la libération de la femme, le féminisme et le reste, ça passe à la poubelle. L'ouvrière et la paysanne des années 1930 travaillait dur. Et si on lui disait d'arrêter le travail, le faisait volontiers.
D'ailleurs, la progression du travail féminin ne s'est faite que dans un secteur : le tertiaire peu fatigant physiquement. Où l'on ne risque pas de se casser un ongle.
Le vrai paysan de Braudel, lui, correspond à ce paysan des années 30 que j'ai connu. On m'a dit qu'il avait plus l'habitude de donner des ordres, que de travailler lui-même. Et puis la main d'oeuvre est partie.
A Sao Paulo, on parle "d'images désopilantes", de charrettes tirées par des ânes. C'est désopilant si ça ne dure pas. Après, ce sera une image habituelle, et le possesseur d'âne, le ploutocrate.
La mémoire est courte, même sur ce blog. Qui se souvient de la dernière grande famine/disette, à l'échelle mondiale, celle de 2007, ou une bonne moitié de la population mondiale ne faisait qu'un repas par jour ?
Le rapport avec la situation ? L'effondrement se traduira par une une flopée d'événements. L'Italie qui reviendra à sa monnaie, comme beaucoup de pays, voir de régions. Une popularité des gouvernants en berne, surtout quand on chante progrès et retour de croissance. " L’effondrement n’est rien d’autre qu’un « point de bascule » d’une condition à l’autre. Ce qui ressemble à un désastre n’est peut-être qu’un passage vers de nouvelles conditions qui pourraient être meilleures que les anciennes. "
L'effondrement n'est pas un hasard, comme le dit Bardi. La sophistication disparait, pour une économie simplifiée.
C'est pour ça, que la vraie nouvelle marrante, c'est le débarquement d'une bridage blindée sensée aller titiller la Russie. Il faut vraiment être con.