COURRIER DE LECTEUR... 2 AOUT 2019
"Quand j'ai lu l'article de Libération, je me suis demandé si je n'avais pas des visions.
Il est dit dans l'article que l'Ile-de-France produit le 20e de l'énergie qu'elle consomme. Ce qui signifie que si, en 2050, elle ne peut plus importer d'énergie des autres régions, sa population ne sera pas la moitié de ce qu'elle est maintenant, mais le 20e. Soit 600.000 personnes, un peu plus du tiers de la population actuelle de la Seine Saint-Denis.
En supposant évidemment qu'elle continue toujours de produire autant d'énergie qu'elle en produit actuellement, mais soyons charitables et supposons que les panneaux solaires prendront le relais.
De même :
«Actuellement, si ces chaînes d’approvisionnement s’interrompent même trois semaines, à cause d’un événement climatique par exemple, la situation de crise arrivera rapidement. L’armée devra intervenir. Dans les magasins comme dans les hôpitaux, les stocks ne sont que de quelques jours.»
Et dans les supermarchés aussi... Ce qui signifie que si les chaînes d'approvisionnements s'interrompent plus de trois jours, il n'y a plus de nourriture du tout chez ceux qui n'ont pas de provisions, plus de médicaments non plus. J'habite en Région Parisienne et je ne connais personne qui stocke plus d'une semaine ou deux de nourriture. Dont la moitié au frigo ou au congélateur.
Le plus dramatique, c'est que l'eau courante ne peut être maintenue que 48h après le début de la coupure d'électricité, parce que sans électricité les pompes ne fonctionnent plus, et les groupes électrogènes des usines des eaux n'ont que 48h de réserves de fioul. Dès le 3e ou le 4e jour sans électricité, les bébés et les personnes âgées commencent à mourir de soif. Le reste de la population resté sur place suivra rapidement.
Que ferait l'armée ? A-t-elle les moyens logistiques de nourrir 12 millions de personnes ? Assez de personnel, de camions, d'essence, de réserves de vivres, notamment d'eau ? J'en doute fortement. Je ne suis même pas sûr que notre vaillante armée ait de quoi se sauver elle-même, en cas de catastrophe qui durerait plus de trois jours.
Cet article c'est de la propagande. Ne vous inquiétez pas braves gens, la moitié de la population devra partir (vers où ?), mais ceux qui resteront vivront dans un paradis écologique où l'on circulera à vélo...
Pour fabriquer non pas simplement des vélos, mais aussi des panneaux solaires, etc, il faut une chaîne industrielle complexe, qui nécessite de l'énergie bon marché, des métaux rares importés de Chine pour les panneaux solaires, etc. Précisément ce qu'on n'aura plus.
La traction animale, c'est bien, mais un cheval, ça mange quatre fois plus qu'un homme, donc pour le nourrir il faut lui consacrer quatre fois plus de terre arable. Les chevaux, c'était pour tirer les charrues (donc, produire de la nourriture), et pour les riches.Le commun des mortels se déplaçait à pied. Même les poètes comme Alfred de Vigny, qui faisait à pied les 12km séparant Paris de la résidence de son oncle.
On peut penser qu'il nous restera les trains, mais avec quoi les fera-t-on fonctionner ?
Cet article, c'est une tentative de rassurer les gens en leur disant que oui, il y aura un effondrement, mais ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas si terrible que ça. Eh bien si, ce sera terrible.
Libération et l'Institut Momentum n'écrivent pas des conneries pour le plaisir. Je pense que les auteurs du rapport, et aussi ceux de l'article, ont réfléchi, se sont posé des questions, et ont finalement décidé, en leur âme et conscience, qu'il était improductif de dire la vérité aux gens. Ou plutôt, qu'il ne fallait pas leur dire TOUTE la vérité. Oui, il y aura un effondrement (vérité), mais la moitié d'entre nous pourront continuer à vivre en Ile-de-France (mensonge).
La vérité, c'est que lorsque le pétrole sera devenu rare, et qu'il n'y aura plus assez d'électricité à la fois abondante, fiable et bon marché en Ile-de-France, il faudra évacuer tout ce qui a été bétonné, c'est-à-dire toute la zone comprise dans un rayon de 30km autour de Notre-Dame. On ne pourra rien en faire, car on ne transforme pas des immeubles abandonnés et tombant en ruine, des parkings et des routes abîmées par les intempéries, en potagers du jour au lendemain.
C'est dans ce rayon de 30km qu'habitent la majorité des Franciliens d'aujourd'hui. Y compris votre humble serviteur, qui vu son âge aura fort peu de chances de faire partie des survivants.
Evidemment, ça veut dire que la France en tant qu'entité politique n'existera plus non plus. La bande de copains dans une ferme en montagne sera aussi indépendante qu'un Etat souverain, car l'armée, la police et la gendarmerie n'existeront plus, pour la simple et bonne raison qu'il n'y aura plus personne pour payer leurs salaires (et avec quelle monnaie ?), sauf, parfois, au niveau local. Bien sûr, les copains dans leur ferme fortifiée se déclareront farouchement français, peut-être même hisseront le drapeau bleu-blanc-rouge les larmes aux yeux, mais ça ne changera rien à la réalité.
La Justice, par exemple, ils la feront eux-mêmes. Une bonne raclée pour les petits délits, un arbre et une corde pour les gros délits et les crimes. "
Il ne serait pas improductif de dire la vérité. La vérité permettrait de préparer l'avenir, et de le rendre le moins douloureux possible. Mais il faudrait poser le bon diagnostic, celui de la déplétion énergétique, pas du réchauffement climatique, qui fait croire qu'il existe encore assez de ressources.
Les survivants, sans doute, ne seront guère démocratiques, des clans regroupés autour d'un chef de guerre efficace, mais ayant une fâcheuse tendance à satisfaire son peuple, le plus possible. Je dis ça comme ça.
Effectivement, c'est du bourrage de crâne. On continuera comme avant, avé le vélo.