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CAPORALISME AGRAIRE.

18 Mai 2021 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Energie

Petit article sur l'énergie, d'une vieille énergie, le travail des esclaves.

Le mouvement d'abolition commence en France en 1315, pour une bonne et simple raison. celui-ci n'est non seulement plus nécessaire, mais la population, en excès n'est plus une valeur.
Dans la série "les rois maudits", on voit un Robert d'Artois, arrivant dans une forteresse, et constatant qu'il y a fort peu sur la table. Le soldat lui dit que c'est tout ce qu'ils ont trouvé. C'est aussi en 1315. La grande crise d'effondrement du XIV°siècle débute en 1314.


Le mouvement va se développer en Europe Occidentale, d'abord. le servage ne se maintient en France que principalement en Normandie, parce que c'est la seule province assez riche pour le supporter.
Il se reporte dans l'est et après au Amérique, en raison de la faible densité, et de propension des populations à déguerpir quand quelque chose lui déplait. Les intendants français en Amérique du nord, se plaignent que leurs ouailles s'évaporent rapidement dans la nature, rendant le pays ingouvernable.
Seule, la grande valeur des productions, sucre, café, coton, permet l'entretien d'un système aussi onéreux et inefficace économiquement que l'esclavage.


En Russie, c'est pour des raisons fiscales qu'il se développe, le noble est responsable du paiement des impôts (c'est tout un sport, pour lui, de le collecter), et la structure de la grande exploitation sera connue plus tard sous un autre régime sous le nom de "Kolkhoze". La Sibérie, elle, est "terre de liberté" et de petites exploitations autarciques.

Donc, pour le caporalisme agraire, on parle de l'abolition française aux Antilles, et au problème récurrent de toutes les abolitions ; pour l'ex-esclaves, être libre, c'est ne rien faire. Et en Russie, de se bourrer la gueule et dormir sur son poêle, en plus.

L'anti-alcoolique, lui, travaille dans les artels, devient un paysan riche, puis un "koulak", ou un membre du parti. La pire insulte stalinienne est "savetier", or, en Russie, l'ivrognerie du savetier est proverbiale. Savetier est, de plus, la profession de Vissarion Djougachvili, le père de Staline.

Evidemment, cette apathie de l'ex-esclave a plusieurs conséquences. D'abord, de ne pas manger si on ne travaille pas, et dans le sud des USA en 1865, c'est l'explosion de la délinquance noire, pas réprimée par les forces d'occupation et qui explique le développement du KKK.

A Haïti, les dirigeants noirs et métis, vont se charger, vite fait de mettre leurs feignasses d'administrés au travail dans leurs anciennes plantations à grands coups de rigoises. On voit la différence avec la période esclavagiste et le rétablissement par Napoléon...

"Le caporalisme agraire(les anciennes plantations étaient maintenues sous le contrôle de l’État et de l'armée, qui y encadraient le travail des anciens esclaves libérés pour maintenir le niveau de la production et donc les revenus) était rude, sévère et pouvait par trop rappeler aux cultivateurs noirs l'esclavage ; d'où impopularité de Dessalines puis Christophe et soulèvements".

En fait de trop rappeler, c'était exactement la même chose. Et la "société multiculturelle" en Haïti, a vu des massacres de blancs, de noirs et de métis, en tant que tels.

Toussaint  Bréda dit "Louverture", était surtout un opportuniste rusé, maitre d'esclaves au temps de l'esclavage (il en avait une vingtaine, donc une fortune de 120 000 livres sucre ou 20 000 livres argent) et a été loin d'être le premier partant pour l'insurrection, protégeant au contraire ses anciens maitres.

Une fois le caporalisme agraire de Dessalines et Christophe (l'un respectivement premier empereur de l'ile et l'autre, premier roi depuis la période indienne) dévalué, par Pétion, qui distribue des terres, et où se développe l'autarcie, la situation est vite dépassée. Les métis qui possédaient 125 000 esclaves sur les 500 000 (les noirs libres en possédaient aussi), continueront à exploiter leurs grandes plantations, et mettront vite les petits paysans en position de péons, asservis par la dette et des taux d'intérêts toujours exorbitants.
On voit donc, que l'esclavage à Haïti a été remplacé, mais sous régime noir/métis, par le travail forcé (dont la construction de l'imposante citadelle La Ferrière) par des moyens coercitifs sans doute pire qu'à l'époque antérieure, pour finir dans un esclavage pour dettes...

"Ainsi, selon l'historien Louis Joseph Janvier, «En Haïti, de 1821 à nos jours, le paysan avait été le sacrifié. Surtout dans les plaines, sur les anciennes habitations sucrières, cotonnières et indigotières, le paysan eut à subir les conséquences d'un véritable régime féodal. La terre avait été un instrument de domination entre les mains des grands propriétaires, militaires ou fils de militaires, comme il en fut en Europe au Moyen Âge»".

A l'instar des blancs qui s'installent à Cuba (mais aussi au USA), beaucoup de métis et de noirs libres les suivent, mais aussi des esclaves, qui fuient les tueries et préfèrent garder leur statut d'esclave que rester dans un pays où la folie furieuse et meurtrière semble être devenue la règle...

A Cuba : "On trouve à côté de 1431 blancs et 1231 blanches, 656 mulâtres libres, 1235 mulâtresses libres, 145 Nègres libres, 305 Négresses libres, 175 mulâtres esclaves, 132 mulâtresses esclaves, 1.083 esclaves noirs, 1.067 esclaves noires".

Ce qui attend les libérés, c'est la condition de prolétariat rural, le travail forcé, les lois en faveurs de la grande propriété au profit d'une aristocratie noire et métis, issue de la guerre et de l'héritage du régime colonial (les métis possèdent 1/3 des terres).

L'indigo disparaitra totalement de l'économie de l'ile (la culture nécessitait peu de travail et était assurée par les esclaves âgés), le sucre disparaitra quasiment, fuit par les anciens esclaves et détruit par la chute des cours (les britanniques le produise au Bengale, et les français développent un sucre supérieur issu de la betterave développant aussi l'agriculture dans le nord), le café se maintient à moitié de sa production antérieure, seule, la culture du cacao se développe et la déforestation dévaste le pays.

Aux USA, l'abolition est troublée par la donne politique. Un régime d'occupation inique et dur provoque une guérilla connue, le KKK, alimentée aussi, comme je l'ai dit par la délinquance noire, pas, peu ou mal réprimée par les autorités occupantes, qui, par contre, elles aussi, ont recours au travail forcé. En effet, des nouveaux venus du nord ont acquis des plantations...

La loi de 1865 d'ailleurs, n'abolit pas l'esclavage aux USA. Les tribunaux peuvent condamner au travail forcé, ce qui est souvent le cas, pour les noirs et les pauvres blancs. L'alliance entre ces deux groupes, étant d'ailleurs, dans l'esprit des gouvernants, la hantise suprême. (les lois dites "Jim crow", s'appliquent, de fait, aux deux groupes).

Le noir du sud est dans le meilleur des cas, un homme de métier ayant un savoir faire (c'est l'origine de la bourgeoisie noire), libre souvent avant la guerre, parfois un paysan parcellaire, souvent un métayer ou un péon, le pire étant l'ouvrier agricole dépendant désormais d'une culture du coton n'employant plus que 4 mois dans l'année et dont le prix va baisser de 90 % de 1865 à 1890. Autant dire que son salaire est misérable. Rarement, il a pu accéder à la terre (les hommes du nord accaparent les terres en vente ou libres).

En Russie, la "grande catastrophe", est la loi d'abolition. Le noble qui a conservé la moitié des terres n'est plus responsable de la levée des impôts. Le paysan doit racheter -cher- les siennes. le départ pour la Sibérie ou pour la ville sont des soupapes de sécurité. L'alcoolisme généralisé est aussi une cause de sous développement.

La famine de 1892 est aussi une des marques de coercition adressée à une paysannerie apathique, mais que le pouvoir craint aussi. Elle est la conséquence directe de l'abolition.

Dans tous les cas, ce qui est en cause, est une économie basée sur les exportations...

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V
Pleurnicherie subventionnée, pantouflade associative : comment éviter la prédation sur l'argent public ?<br /> https://youtu.be/dvG0qFvpAig
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M
Le servage n'est pas l'esclavage ! C'est rigoureusement différent, le servage est d'avantage un système d'interdépendance qu'un système d'exploitation, étant donné que les droits et les devoirs étaient assez équitablement répartis.<br /> Si l'esclavage a disparu très tôt en Europe vers le VIIe siècle, c'est uniquement à cause du CHRISTIANISME, comme en Amérique catholique on ne peut pas réduire en esclavage un chrétien, même un noir ou un indien, un wisigoth ou un saxon, c'est un crime.<br /> Il faut se rappeler en ce sens de l'Edit de Sainte Bathilde, épouse de Dagobert II, elle-même ancienne esclave, c'est elle qui a abolie l'esclavage dans le Regnum Francorum (France, Allemagne, Bénélux, Suisse).<br /> Les cathédrales, les châteaux, les villes, rien de ce qui caractérise le Moyen-Age n'aura été construit par des esclaves largement grâce à elle, ce status n'existe plus dans la société féodale.<br /> L'Esclavage existera cependant à la marge, en Espagne (on va pas expliquer pourquoi), à Byzance, dans les centres financiers comme Venise, Marseille, Gènes.<br /> <br /> SAINTE BATHILDE, remember ! Reine abolitionniste !
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M
Et j'ajoute aussi que si l'Europe est un continent d'une diversité ethnique et linguistique incomparable sur un espace réduit, c'est encore à cause du Christianisme qui a empêché une globalisation façon chinoise ou façon arabe.<br /> <br /> Les peuples ont eu le latin en langue sacrée, une langue morte souvent instransposable dans leurs langues vernaculaires, de plus les évêques étaient du pays, les autorités religieuses venaient largement du peuple. Les tchèques par exemple ne se sont jamais germanisé grâce à leur curés, et leurs évêques qui les ont maintenu dans une résistance passive. Jan Huss théologien est le père de l'alphabet tcheque, Cyrile et Méthode les pères de la graphie slave.<br /> Le Christianisme ne cherche donc pas à diffuser une culture nationale, ou ayant des marqueurs ethniques lourds, un germain pourra encore s'appeler Gunther après son baptème, Vladimir restera Vladimir, et Mohamed peut encore s'appeler Mohamed si ça lui fait plaisir.<br /> <br /> In Pluribus Unum. Unis dans la diversité, la vraie, celle que Dieu a voulu.