ICI, L'IMMOBILIER, CA PEUT PAS BAISSER.
"L'"ère du pétrole" a commencé le 27 août 1859, à Titusville, en Pennsylvanie, avec le forage du premier puits de pétrole au monde. (En réalité, les premiers puits sont polonais).
Mais Eli Whitney a inventé son égreneuse à coton en 1793. Le premier bateau à vapeur de Robert Fulton, le Clermont, a été construit en 1807. La révolte "luddite" en Angleterre, un soulèvement contre la mécanisation des usines de tissage, a duré de 1811 à 1816. Bien que le pétrole ne soit pas encore la "chose", l'industrialisation est déjà en marche.
Il y aura d'importantes restrictions - dues à la rareté des ressources - pendant longtemps encore, mais un retour à l'industrialisation pré-pétrole à grande échelle est voué à l’échec. Une partie de celle-ci restera sans doute, réduite, mais pour l'essentiel, je prévois un retour généralisé à l'économie domestique et villageoise.
Cela se traduira également par un dépeuplement rapide des zones urbaines, quoique qu’avec quelques facteurs et tendances atténuantes. Aujourd'hui, la population de la ville de New York est de 8,4 millions d'habitants (chiffre de 2019).
En 1860, juste après le forage du puits de Titusville, la population de New York n'était que de 813 669 habitants. C'est ce que la ville pouvait supporter, compte tenu de la disponibilité des denrées alimentaires produites dans les régions environnantes et des moyens de transport existant avant l'arrivée du pétrole (Chicago était la deuxième plus grande ville du pays à l'époque, avec une population de 565 529 habitants). Avec l'impact croissant de la pénurie de pétrole sur la disponibilité de la nourriture en raison des contraintes liées à la culture et au transport, je m'attends à ce que la population tombe nettement en dessous de ce chiffre de 800 000 habitants d'ici 20 ans.
Cela ne sera pas immédiatement évident, mais cela se produira. Deux raisons.
La première, les subventions du gouvernement et des entreprises. En effet, l'argent sera dépensé pour s'assurer que la nourriture et les ressources arrivent toujours dans les grands centres urbains, ne serait-ce que pour éviter que les populations ne perdent la boule. Alors que les pannes d'électricité continueront à augmenter en fréquence et en durée, elles seront officiellement expliquées comme étant dues à d'autres causes, tandis que l'augmentation du coût de la nourriture et du carburant sera soit expliquée, soit cachée par lesdites subventions. À un moment donné, cependant, certaines personnes - surtout les plus riches - décideront qu'elles en ont assez de supporter cette merde et commenceront à chercher des échappatoires (les lecteurs avisés remarqueront que c'est déjà le cas...).
La deuxième raison pour laquelle elle restera indétectable pendant un certain temps sera que beaucoup de gens - surtout les plus pauvres - ne prendront pas la peine de fuir, parce que (a) où est-ce qu'ils vont aller, et (b) qu'est-ce qu'ils vont faire quand ils y seront ?
En fait, je considère que la tendance actuelle à "dégraisser la police" est autant une question d'effondrement qu'une question de justice sociale. Le désengagement de la police n'est pas vraiment une question de désengagement de la police. Il s'agit de réduire la présence de la police dans les quartiers pauvres ...
Alors que les quartiers plus huppés seront en mesure d'exiger une protection policière pendant plus longtemps, en raison de leur contribution à l’impôt, et pourront également se permettre une sécurité privée, les quartiers plus pauvres reviendront rapidement à la "loi du plus fort", avec les gangs locaux…fournissant des services de "gouvernement fantôme", tout droit sortis de la théorie de la guerre non conventionnelle.
Cependant, la population des deux endroits finira par diminuer, en grande partie à cause du manque de ressources disponibles. Cela se traduira par des pertes dues à la chaleur en été et au froid en hiver, dans des logements urbains sans contrôle climatique moderne, par des épidémies de maladies (et il n'est pas exagéré de penser qu'elles pourraient être introduites intentionnellement pour réduire le nombre d'habitants...) et par la violence interpersonnelle.
Pourquoi plus bas que 1860 ? Parce qu'en 1860, une grande partie de la zone entourant la ville de New York était un terrain agricole, largement consacré à l'alimentation de la population urbaine. Aujourd'hui ? C'est une urbanisation bitumée sur des milliers de kilomètres carrés autour de la ville elle-même."
Mutatis mutandis, cela s’applique en France.
L'agglomération parisienne, c'est en gros un cercle bétonné d'une quarantaine de km de diamètre, qui ne produit ni sa nourriture, ni son énergie, et qui doit importer son eau, la nappe phréatique étant soit asséchée soit gravement polluée. Lorsqu'il faudra traverser une quinzaine ou une vingtaine de km de territoire incultivable et inhabitable (puisque sans eau et sans électricité) pour atteindre le cœur historique de Paris, à mon humble avis le cœur historique sera abandonné lui aussi.
Jusque dans les années 20 ou 30, il y avait des fermes laitières à Paris, parce qu'on ne savait pas conserver le lait pendant le transport. Sans électricité, il faudra à nouveau avoir des fermes laitières. Mais parmi les ruines de béton, on ne pourra pas en avoir.
Le destin de l'agglomération parisienne, c'est Detroit dans un premier temps, et ensuite Angkor ou les cités Mayas.
Donc, à contrario, il semble que les premiers seront les derniers, et inversement, les zones abandonnées, notamment celles qui se sont reboisées spontanément redeviennent les zones refuges. Dans les petites villes, visiblement, les propriétés s'arrachent, et les plus en pointes sont les milliardaires. Zuckerberg rachète une île et veut virer tous les gueux qui y habitaient, certains depuis plusieurs centaines d'années, un autre jette son dévolu sur une ville de 4700 habitants.
Gavin Newson, lui, libère des dizaines de milliers d'individus dangereux, enfin, pas pour longtemps, car beaucoup seront ou morts, ou de retour dans un bref délai. A l'image des détenus de droits communs libérés par Béria en 1953. Ils avaient juste fait un tour dehors, de 6 mois pour les plus chanceux.
Pour les grandes villes, on peut même finir par envisager une fin comme dans le roman de Barjavel, "Ravage". Un incendie gigantesque.