LA QUESTION ENERGETIQUE 07/06/2021
Pour revenir à la question énergétique, et la poser correctement, le problème n'est pas un réchauffement hypothétique, mais un problème de ressources dont la décroissance n'est pas encore entamée, sinon localement, mais dont la progression n'est plus possible, d'abord par épuisement géologique, ensuite par épuisement économique.
Le modèle économique du monde occidental a été constitué sur des sociétés sans résiliences, qui peuvent à peine résister à des difficultés même de faible intensité. (Deagel)
Crise planétaire, pétrole de schiste, covid, sont des tentatives de réduire les consommations, sans révéler la vérité. Donc, on voit le rapport avec les gilets jaunes. Comme on ne dit pas la vérité, qu'on veut sauver le transport aérien, le jouet des gens les plus riches, on rentre en collision avec le peuple, qui lui, est bien appelé à se serrer la ceinture.
Le covid a été bien plus efficace que le réchauffement climatique, mais tant qu'on ne remet pas en question l'architecture économique global, on n'arrivera à rien.
Le problème de toute la production électrique ne varie pas selon les énergies. Si le solaire et l'éolien ne fonctionnent pas sans vent et sans soleil, je n'ai pas constaté que sans fioul, gaz, charbon ou uranium les autres centrales fonctionnaient.
Etat des lieux.
Charbon. Le charbon vit ses dernières heures en Europe, y compris en Allemagne et en Pologne. Le charbon proprement dit a disparu des tablettes de la production en Allemagne, et les centrales thermiques fonctionnent au charbon importé. Pour une cause, c'est qu'une extinction d'une industrie, ça prend du temps. La production locale, la lignite, en gros, un charbon brun, est provisoirement sauvegardé, et comme en Chine, on préfère sauvegarder l'industrie locale et jouer de l'extérieur comme variable d'ajustement.
La lignite est un plus gros morceau, donc il décline moins vite et on a pris la décision politique de faire porter l'ajustement sur le charbon. Mais la lignite s'ajuste aussi, moins vite.
La Pologne, quand à elle a réduit sa production de charbon de moitié depuis 1990. Là aussi, il faut du temps pour l'extinction. De 99 millions de tonnes, la production est passée à 45.4. Donc, on ne peut pas dire que la Pologne ne fait pas sa transition. Elle le fait en tenant compte de ses paramètres intérieurs, et il faut le reconnaitre, 45.4 millions de tonnes, ce n'est pas, intrinsèquement, énorme, surtout si on compare à ce qui se consommait en Europe en 1970.
240 années de production au rythme de 2019, ça risque d'être "à l'américaine", les 250 ans deviennent 35. Et encore, pas au rythme antérieur... Quand une production a baissé de moitié, en général, le reste suit beaucoup plus vite...
USA : la production, sur les 10 dernières années a baissé de moitié. Signe, là aussi, d'un épuisement géologique, doublé d'un épuisement économique. Avant, il fallait tirer deux tonnes de minerai pour une tonne de charbon, aujourd'hui, on en est à 3.5 pour un. Donc, un charbon deux fois plus cher à extraire (grosso-modo), et de moindre qualité, l'anthracite n'est plus qu'un souvenir.
Le plus important gisement, la powder river, a été criblé de forages (30 000) par l'USGS qui est arrivé à la conclusion suivante : sur 1150 milliards de tonnes de réserves, 25 sont exploitables. Le reste... restera là où il est...
Globalement, les réserves officiellement exploitables du pays se montent à 252 milliards de tonnes. Mais en 2018 seules 15.2 étaient en exploitation, autant dire que le reste nécessitait de lourds investissements. Comme la totalité du secteur s'est placé sous la protection du chapitre 11 (loi sur les faillites, avec continuation de l'activité), autant dire que ce n'est pas gagné, et Bloomberg racontait les péripéties d'une entreprise charbonnière avec son fournisseur de papier toilette. J'ai comme un doute que celui-ci soit en mesure de faire autre chose que d'exploiter l'existant. Un existant tombé à 14. 1 milliards de tonnes de réserves exploitables en 2019, diminué du double de sa production réelle. La cause ? L'abandon des chantiers de taille, tout simplement. En 2020, de mémoire, 7 entreprises ont été mise en faillite, suite à la chute de la demande. Là aussi, cela conduira à l'abandon définitif de certaines mines.
Bref, le secteur est loin d'être florissant. Il est entré en extinction, et même Trump n'a rien pu y faire, si tenté qu'il ait cru cela possible. Mais c'était sa clientèle électorale, et il l'a assumé, mais aucune de ses mesures n''ont eu de portée. Les centrales électriques sont trop vieilles (90 % de la demande) et plus personne ne veut y investir. Là aussi, elles se survivent. L'entretien se fait a minima.
Russie : production de 440 millions de tonnes, réserves importantes, mais peu exportable, même à l'intérieur du pays, à cause des distances et du coût du fret. Le secteur travail à moitié pour le marché intérieur et à moitié pour le marché extérieur. Malgré les réserves non utilisées, beaucoup pour des causes de contraintes climatiques/géologiques, il est clair qu'il est peu probable qu'on aille bien au delà de ce qui se fait.
La Chine, premier consommateur et producteur, elle aussi, a de gros problèmes. D'abord, un pic charbonnier en 2012, suivi de la fermeture de nombreuses mines, l'ouverture d'autres, une remontée de la production, mais tout de même, des problèmes. Visiblement, la production locale n'arrive pas à fournir le nécessaire, et les importations sont bridées (😅...), pour permettre la remontée des prix. Conclusion ? Le secteur est entré dans une spirale infernale. Les nouvelles mines sont loin des lieux de consommation, cela déprime leurs prix, obligés, comme aux USA, d'intégrer le transport. Si on importe trop on déprime les prix intérieurs et les pertes financières des compagnies s'accumulent, et si les prix remontent trop, les coûts de revient de l'industrie flambent.
Les fournisseurs étrangers, sont trop légers pour fournir le pays, et ils servent de variable d'ajustement.
Ce qui nous amène à l'Australie. Une Australie qui avance tellement vite sur la voie du renouvelable, un mois, on a compté 5 % de capacités photovoltaïque en plus dans un état... Que la production de charbon nécessite des subventions. Le pays est loin de ses clients (Japon et Chine), cela grève ses coûts de production,
Indonésie, production 610 millions de tonnes, exportations 448 millions (2019). Trop dépendant des exportations et du marché mondial et de ses aléas -grands-.
Inde, production 769 millions de tonnes, importations 246 millions de tonnes (2019).
Depuis 1990, L'Inde a vu sa production d'énergie passer de 280 millions de tonnes équivalent pétrole à 574, soit une augmentation de 104 %, pour le charbon on est passé de 93.3 millions de tonnes équivalent pétrole à 288.8.
la consommation d'énergie passait de 306 Millions TEP à 919 soit + 200 %, les importations de 32 à 1309, soit + 1000 %.
Moralité, l'Inde a beaucoup de mal à augmenter sa production, y compris celle de charbon, sans doute en raison de ses infrastructures et visiblement, il y a, là aussi, des problèmes de compétitivité et de coûts dans la production de charbon. Le charbon indien, s'avère aussi, de médiocre qualité.
Dans la triade asiatique, Inde, Indonésie, Australie, la seule partie où l'industrie charbonnière soit encore d'avenir, deux pays vivent une "maladie hollandaise", causée par ces matières premières abondantes, donc, très soumis aux cycles de ces industries. Les démêlés politiques entre la Chine et l'Australie ont eu de grosses conséquences pour l'industrie du charbon, qui, même là-bas, n'est pas forcément compétitive (il n'y a pas une foule de clients). Pour l'Inde, les importations massives crée le même problème qu'en Chine, la perte de rentabilité du secteur charbonnier, et donc, son non développement adéquat, et en même temps, une volonté politique de le faire qui tombe à plat.
Véritablement, le secteur charbonnier doit être tourné vers le marché intérieur, une puissance dépendante des importations n'en est pas une, et la dépendance à l'extérieur indique une puissance dominée.
En conclusion, le charbon se survit. il est entré dans une phase mondiale de repli, dans les grandes puissances, à des degrés divers, en Europe, mais aussi aux USA, mais aussi, même en Chine.
Pétrole et Gaz
81 % des gisements existants sont entrés en déclin, visiblement, USA et Canada aussi. Des progressions de la décennie 2010, il ne reste que l'Irak, et, espère t'on, voir la production iranienne passer à 6 millions de barils /jour. Moyen orient en général, comme les réserves incrémentent les quotas de production, tout le monde ment. 270 GBBL de réserves en 1980 en Arabie, restent 270 GBBL en 2021. Malgré 150 extraits...
Le Canada a des problèmes d'extraction et de rentabilité, sans compter les problèmes de transport du pétrole. Les pipelines aux USA, sont l'objet de beaucoup d'oppositions, mais visiblement, personne ne fait le rapport avec ce qu'ils mettent dans le réservoir.
Le reste de l'amérique latine semble en déclin pétrolier, notamment la Colombie, qui connait le ciseau classique de la baisse de production joint à la hausse de la consommation, sans compter, une contrebande importante venant du Venezuela, contrebande, qui, semble t'il, s'est effondrée, (avec les bruits de guerre et les armées aux frontières) entrainant des problèmes non comptabilisés officiellement. A cela s'ajoute que le pétrole pousse dans le sens des inégalités de la société, qui n'en avait pas besoin. Les émeutes récentes, dans un contexte de guerre civile à la fois endémique et récurrente depuis 1948 sont sans doute le modèle qui a donné la doctrine Rumsfeld-Cebrowski. Ce modèle montre que le pillage des ressources n'est pas incompatible avec un énorme bordel dans le pays. Dans les multiples avatars de la guerre civile, les rebelles contrôlaient souvent 1/3 du pays. Les escadrons de la mort étaient d'une terrifiante efficacité contre les non-armés, pacifistes et légalistes.
Amérique Latine toujours, inutile de rappeler les déconfitures des productions mexicaines et vénézueliennes. Les pics pétroliers sont dépassés, et le Brésil a visiblement atteint son pic. Par idéologie, Fidel avait refusé le jus de canne à sucre, une grosse erreur. La production de sucre s'y est effondrée. Le bio-carburant, c'était l'autonomie de l'ile
Le brésil, lui, n'aura pas d'impact. S'il produit beaucoup d'énergie, il en consomme autant.
En Grande Bretagne, visiblement, on a oublié que le Brexit entrainait la fin du pétrole, il est possible que la production se stabilise au 1/3 de son pic pendant quelques temps. En Norvège, la consolidation aurait lieu a 1/2 de son pic, et le gaz était en progrès. Les deux réunis étaient sur un plateau ondulant depuis 2014.
La Norvège a atteint visiblement le maximum autorisé, la moitié de sa consommation d'énergie, c'est l'électricité (renouvelable), l'autre moitié, le pétrole du transport. Le reste ? Négligeable. Après ? Il leur faudra réinventer un truc génial, le drakkar (de touristes, merci Uderzo et Goscinny).
La mer du nord décline fortement dans ses composantes danoises et hollandaises. Pour eux, la fin du gaz est annoncée. De toutes façons, leur production éventuelle était négligeable. On y renonce, donc, sans regrets.
Europe, North stream II a l'air de vouloir se finir. Si les USA ne l'avaient pas permis, l'Allemagne aurait été dans un choix cornélien. Sans, elle ne peut vivre sans être tenté, et obligé de se détacher de Washington.
Pour Xi, c'était simple, si ces connards d'européens voulaient vraiment pas de gaz de tonton Vlad, lui, il était prêt à tout prendre.
Le gaz du moyen orient, lui, a toutes les chances d'y rester. la population sur place n'est pas celle de 1974. Elle a un autre train de vie, et consomme beaucoup plus d'énergie. En plus des clients historiques, les pays qui devraient être traversés par les gazoducs, auront une certaine tendance à vouloir être servis. Et pourquoi vendre loin, ce qu'on peut vendre près ?
Aramco doit verser, obligatoirement, chaque année, 75 milliards de dividendes. Là aussi, celui-ci est devenu obligatoire, pour couvrir les besoins budgétaires, même au prix d'un endettement croissant.
L'extrême orient est désormais un gros consommateur de gaz et pétrole importé, plus que l'Europe, et a une économie productrice.
L'impression générale venant du secteur pétrolier, c'est la hâte de produire tout de suite, à tout prix, tant qu'il est temps.
Le discours est le même, après la montée, on est sur un plateau infini, chose, bien entendu, impossible.
Le secteur, c'est comme les canards. ça semble tranquille au niveau de la surface, mais en dessous, ça pédale comme des dératés. Dans ce cas de figure, toujours la maladie hollandaise, on tire ce qu'on peut avant que ça ne déraille complétement.
La suite bientôt...