GAZ : LE PIEGE A C... DEUXIEME...
Décidément, je crois que certains ont pris la décision de me faire mourir de rire.
Donc, la crise énergétique, commencée en GB (Grands bêtes en l'occurrence), métastase au continent européen, puis au monde.
La Mondialisation Globalisation, c'était génial qu'ils disaient, c'était un fait incontournable... En effet, mais depuis 15 ans on avait commencé une déglobalisation relativement douce, qui vient de passer au stade "hard" et même, "very hard".
En réalité, le problème est simple : sacralisation du "marché" et capacités de stockages de gaz, encore plus modestes au Royaume Uni (6 %) qu'en Europe (France, 20 %), vite épuisées. Les vilains russes n'ont remplis que leurs contrats, et essaient de faire monter les prix...
Structurellement, les investissements dans le secteur pétrolier et gazier se sont effondrés à des niveaux très modestes depuis 6 ans, pour une seule chose, il n'y a plus grand chose à trouver.
Sur 55 fournisseurs d'énergie, seuls 6 à 10 pourraient éviter la faillite d'ici la fin de l'année nous dit on. Le problème c'est que ce ne sont que des fournisseurs, en aucun cas des producteurs, et que dans le dogme du marché, acheter pour revendre, ça fonctionne toujours, sauf quand le prix est trop cher pour l'acheteur. Parce que, visiblement, il n'y a pas encore de rupture physique d'approvisionnement.
On revient aussi à un très vieux paradigme économique, on travaille quand on peut. C'était la règle au XVIII° siècle, et courant jusqu'en 1950. Il fallait donc conserver malgré tout, la main d'oeuvre nécessaire pour la machinerie économique pour les périodes hautes. Là, avec le libéralisme ambiant, il y a belle lurette qu'ils ont été virés, et qu'on pleure chaudes larmes pour le manque de main d'oeuvre (jetable comme un papier hygiénique usagé)...
Rien d'étonnant, donc, si les stocks amont défaillent avec le gaz, les problèmes économiques se manifestent aussi parce qu'on n'a pas de stocks aval pour les produits finis. Les négociants n'ont pas compris, quand à eux, qu'il fallait avoir quelque chose à négocier... Le spéculateur jusqu'en 1950, il savait que pour bien spéculer il fallait avoir la possession. Un exemple typique a été le secteur du coton pendant la guerre civile américaine. Quand les bruits de bottes se sont fait entendre, certains en ont accumulés jusqu'à plus soif, ou plus exactement jusqu'à ce que la production sudiste (80 % du marché mondial), disparaisse des étals, bloquée dans ses ports, et alors, ils ne l'ont laissé, pendant longtemps, que partir au compte goutte et à prix démentiels, toujours plus haut.
La Grande Bretagne avait aussi pour coutume de s'approvisionner en gaz sur le marché spot, essentiellement avec les cargaisons excédentaires (acheteur de dernier recours), et les contrats longs étaient rares.
Crise qui va aller crescendo, de par la baisse de production charbonnière dans certains pays, pour cause d'épuisement des ressources, et du simple constat qu'en ont fait les chinois. Cela devenait compliqué de continuer à construire des centrales thermiques au charbon, s'il n'y a pas de charbon pour y mettre. Seuls les australiens semblent désolés, et en plus, on peut y voir une réponse chinoise aux sous marins nucléaires australiens. Le client n'est jamais obligé d'acheter.
Sans doute, aussi, le stress énergétique en Asie agit il. Les asiatiques ont les moyens financiers d'acheter le gaz liquéfié, alors que le charbon, lui, plafonne au mieux en Chine, que les approvisionnements deviennent instables.
Pour néophytes, un gros débouché du gaz naturel, ce sont les centrales thermiques, où la lutte avec le charbon est... ardente. Ou plutôt, ETAIT ardente. Le charbon, qui visiblement a atteint son pic (une légère décroissance est observée sur la période 2012-2021. En tout état de cause, le charbon n'est plus en état de lutter, la seule énergie encore abondante est le gaz. Et la foire d'empoigne sur le gaz est visible.
Pour les naïfs français et leur nucléaire, il faut préciser aussi que le problème va se poser dans les mêmes termes que les sous marins australiens. Les gros producteurs kazakhs, canadiens et ... australiens sont ils fiables ? Pour les australiens, j'ai déjà une petite idée. Mais quand quelqu'un voudra tordre le bras de ces producteurs, nul doute, ce sera vite fait, et il ne nous restera que les yeux pour pleurer et quelques compensations financières...
Comme dit Ugo Bardi, le nucléaire, c'est bien, uniquement quand on a des mines pour l'approvisionner.