VIVE LA ROSALIE LEBEL !
Un lecteur nous dit que la guerre ne sera plus possible, faute de munitions. Parce que si on ne peut plus produire d'engrais, on ne peut plus produire d'explosifs.
De fait, c'est faux. C'est la guerre actuelle qui est morte, mais la guerre en elle même, j'en suis sûr, se continuera jusqu'à la fin des temps, avec une invention qu'on peut revendique comme bien française, la baïonnette, pour le reste des munitions en nombre réduit, permet de faire des carnages d'un fort honorable gabarit. Donc, vive la Rosalie lebel, chose qui fut déjà mis en valeur dans "ravage" de Barjavel. Le ministre de la guerre avait rempli les stocks de baïonnettes.
Comme disait un génie militaire qui a mal fini, Adolf (oui, on peut être un génie militaire et un monstre, en général, ça va ensemble), la victoire, ce sont des restes contre des restes qui les font.
Le soldat expérimenté vaut 100 soldats d'occasion, ce que disait Bayard, "il vaut 10 braves derrière soi, que 1000 pleutres", le pleutre étant surtout le soldat non expérimenté.
De toute façon, la leçon afghane, c'est qu'on peut faire la guerre et la gagner, avec très peu de soldats (80 000), dont sans doute 90 % étaient des bras cassés militaires, sans doute hommes d'honneurs, combatifs, mais totalement défaillant en science militaire. C'est une constante, dans toutes les armées, mêmes les plus réputées, il y a un gouffre entre la garde impériale et le reste.
Si l'on en revient à la première guerre réputée "moderne", la guerre civile américaine, quelle est le bilan ?
660 000 militaire morts, dont, 115 000 fédérés tués au combat et 95 000 confédérés. Soit 210 000. Pas même le 1/3. Pour les civils, le décompte est impossible. Pour la population noire, c'est bien pire et les militaires noirs, encore plus. "les régiments de volontaires Noirs recrutés dans le Nord ont perdu pendant la guerre 70 929 hommes : 2 751 tués au combat ou morts ultérieurement de leurs blessures - et 68 178 morts d'autres causes (essentiellement de maladie)".
De fait, avant cette date, un militaire mort au combat, c'est une rareté. Le premier mari de Scarlett O'hara, Charles Hamilton, meurt à l'hôpital d'une pneumonie consécutive à une rougeole. Rhett Butler parle de sa dysenterie avant la bataille de Franklin.
Mais les combats sont eux mêmes significatifs. Les soldats partent au combat avec 40 cartouches (plus, c'est trop lourd), les premières troupes équipés de fusils à tir rapide s'enfuient très vite, faute de munitions...
Le vétéran de toutes les époques, c'est essentiellement un soldat qui a fait son immunité.
Le taliban afghan, est sans doute très croyant, très résolu, homme d'honneur (empreinte du pashtounwali), prêt à mourir, mais comme combattant, sans doute pour la plupart, déplorable. C'est d'ailleurs à son honneur, d'aller au combat, même s'il ne sait pas se battre. Mais côté équipement, il était loin d'avoir même celui de l'armée afghane. Et si celle-ci n'avait même pas les munitions pour se battre, les stocks des talibans soutenus par personne, devaient sonner encore plus creux. Devant une opposition résolue, ils auraient été amené à se servir de leur kalachs comme de massues.
D'ailleurs, le fameux mosin nagant russe, était AUSSI fait pour servir non seulement à la baïonnette, mais aussi comme massue. D'ailleurs les soldats soviétiques se plaignaient du SVT 40, trop fragile pour casser la tête des nazis... On n'est pas loin de savancosinus, le légionnaire romain, dans "La Zizanie", combattant à la massue.
Le retour se fera vers des guerres avec plus de fantassins, et moins de logistique.
Les guerres de religion en France ont aussi été des guerres de ressources. Il s'est livré de véritables batailles pour un chariot de grain.
Dans la guerre de 150 ans que menèrent français et anglais en Amérique du nord, la supériorité numérique des anglais, constante, ne servit pas à grand chose longtemps. 10 fois plus nombreux, les soldats britanniques étaient 10 fois plus malades. La chiasse et la pneumonie tuaient plus que les brefs combats. Le maréchal de Saxe, meilleur soldat de Louis XV, lui, disait qu'il sentait les armées à l'odeur de merde.
Mais comme je le disais, les hausses de l'énergie, précédent celle de l'alimentation vont sans doute jouer le rôle de détonateur que jouaient jadis les quantités de pain (les prix ne bougeaient pas, mais le poids variait).
On apprendra aussi, que si une guerre peut durer 100 ans, en fait 116 ans (1337-1453), c'est essentiellement des questions d'organisation de l'état et de ressources réduites, de manière adéquate. Petit rappel, aussi, c'est que cette guerre de 100 ans, concerne tout du long, trois états. D'un côté, l'Angleterre, de l'autre côté, la France et l'Ecosse, qui assure un soutien ininterrompu au royaume de France. Là aussi, exutoire d'une population sur un territoire exigu aux ressources fragiles et peu importantes.
La guerre sert au déversement d'un surplus de population. S'il y a surplus, il y a guerre. Chez les mexicains, on boulotait le vaincu à grande échelle.