ENERGIE EN ITALIE
Pour répondre à un lecteur, qui m'a demandé de brosser un tableau de la situation énergétique de l'Italie.
Il est clair que l'Italie, ou plutôt Rome, avait profité, au temps de l'empire d'une situation physique avantageuse. Centrale, elle pouvait orienter ses forces où elle le voulait, et les concentrer sur un seul front.
Tous les chemins mènent à Rome, traduisait une réalité à la fois énergétique et logistique.
Cela permettra la construction d'un empire, dont la survie deviendra problématique quand, comme l'Allemagne des deux guerres mondiales, elle devra faire face sur deux fronts, le parthe et le germain.
Après, l'Italie sombrera durablement dans un néant politique où de tous petits états se chevauchent, se combattent, essaient de se conquérir, adoptent une diplomatie élaborée, et devient pour un temps, centre du capitalisme. Venise, puis Gênes, toujours centre du capitalisme italien. Si les états qui composent l'Italie sont microscopiques, la lutte pour le pouvoir de ces timbres postes, n'a rien à envier à la Rome Antique, dans son caractère impitoyable et sanglant.
Mais les états italiens, s'ils peuvent piéger les grands monarques dans des arcanes compliquées, ne peuvent finalement, que se faire conquérir, faute de ressources.
En effet, comparée aux armées du roi de France, de l'archiduc d'Autriche ou du roi d'Espagne, les ressources des états ne font d'eux que des auxiliaires et des états satellites.
Voici un peu posé le problème.
Le XIX° siècle voit l'Italie se réunir, mais pour aboutir à un état falot et faible, là aussi, pénalisé par ses ressources ou plutôt, son absence de ressources énergétiques.
Les puissances latines, en déclin relatif, sont bridées par leur absence de ressources propres, ou leur caractère nettement insuffisant (France et Espagne), voir symbolique (Italie). La nouvelle Italie, donc, n'aura comme "choix", que de choisir de qui elle sera l'auxiliaire. D'abord dans la triplice, ensuite en 1915 en rejoignant la triple alliance.
Souvent, le soldat italien sera critiqué pour une lâcheté congénitale, qui n'est finalement que le reflet de la modestie de son armement, et de la modestie encore plus grande de ses stocks. En effet, dans une guerre moderne, le fait de pouvoir continuer, ou pas, à tirer, est vital. Très vite, le soldat italien n'aura plus rien à tirer, rien pour le transporter, et il a fort peu à manger.
Durant l'entre deux guerre, l'Italie va basculer sous la période mussolinienne. Pourquoi ? Parce qu'une Grande Bretagne en déplétion charbonnière n'arrive pas à fournir l'Italie, chose que pourra l'Allemagne, et cela entrainera naturellement un basculement d'alliance, bien qu'à l'origine les atomes crochus entre Hitler et Mussolini n'existent pas.
Sans ressources énergétiques, ou plutôt avec des ressources très réduites, il est clair que l'industrie italienne est encore faible, et incapable de soutenir une politique expansionniste. Les 100 divisions de Mussolini ne sont qu'une vitrine, après la guerre d'Espagne et celle d'Ethiopie, ses stocks sont vides.
Les bureaux d'études italiens et l'industrie seront capables, en fin de course, de sortir un char excellent, et un avion, "le meilleur de l'axe", mais ils resteront à l'état d'échantillons (une centaine de chaque construits).
Après guerre, et la situation tendue politiquement en Italie (voir tous les Don Camillo), le miracle économique italien sera rendu possible par l'intégration dans l'empire occidental, et un accès large à des importations énergétiques.
Depuis 1990, l'Italie, dévitalisée par l'Euro, vit aussi une déplétion fossile importante. La production locale passe de 18.8 millions de tonnes équivalent pétrole (0.3 charbon, 4.5 pétrole, 14 gaz) à 8.4 (4.5 pétrole et 3.9 gaz).
Le renouvelable, passe, lui, de 25.3 à 34.7 millions de tonnes équivalent pétrole.
Donc, à ces 43.1 produits, s'ajoute les importations, qui portent le total à 150 millions de TEP, en stagnation absolue depuis 1990. L'Italie vit une crise d'ajustement. La population, entre temps, a à peine augmenté.
Voilà pour la période 1990-2020. En outre, une certaine spécialisation dans le tourisme se révèle ravageuse. En effet, il n'y a, dans beaucoup d'endroits, pas d'autre activité.
Après des décennies de croissance, il est tout à fait clair que l'Italie est revenu à des fondamentaux de base. Sa consommation, de 150 millions de tonnes équivalent pétrole en 1990, passée à 175 en 2010, est revenue à 150.
La seule marge de manoeuvre italienne, c'est le renouvelable. Ses ressources fossiles, autochtones ou importées, diminuent ou stagnent, entrainant une stagnation de l'économie, paramètre aggravé par une monnaie idiote et surévaluée.
l’Italie va devoir gérer son destin sans retour de la croissance, voir même avec de la décroissance structurelle. La traduction politique, c'est Salvini et si Salvini est avalé par le système, ce sera un autre. Fratelli d'Italia par exemple. Parce que le logiciel des partis de gouvernement est simplement, intenable.