S'ECHAPPER DE LA REALITE
Il y a un travers qui arrive quasi systématiquement, chez les grands capitaines, conquérants, machine de guerres, c'est passer du stade du pragmatisme, à celui où l'on s'échappe de la réalité.
Par exemple, pour passer à l'offensive à l'ouest, Hitler pris compte de ses ressources limitées et déjà insuffisantes en camions (même avant l'offensive, l'armée allemande perdait par usure mécanique, plus de camions qu'elle n'en recevait). Les dotations furent concentrées dans les 30 divisions mobiles et panzers, le reste marchant à pieds, et selon les principes de 1914. Et souvent avec le même armement. Sur 150 divisions, donc, la partie offensive était réduite, très réduite. C'est elle qui l'emportera.
Après, devant le gâteau soviétique, Hitler se dit qu'il devait disposer de plus de panzerdivisions. Comme l'outil industriel était incapable de répondre, le nombre de chars diminua dans les dites panzer divisions, dont le nombre passa de 13 à 20, chiffre, lui même, pas terrible pour la taille de la proie.
Le problème camion de la Wehrmacht avait été résolu en France, par les saisies et les achats réalisés avec les frais d'occupation. Comme l'essence était rare, ils n'étaient plus vraiment nécessaires en France.
L'armée allemande disposait de 600 000 camions le 22 juin 1941 pour attaquer l'URSS. Devant Moscou, la moitié avaient péri, les camions français notamment, n'étant pas prévus pour le réseau routier soviétique, ou plutôt son absence, ils supportaient mal la poussière surtout, mais aussi la boue et le froid... Ils n'étaient pas intrinsèquement mauvais, mais prévus pour un réseau français et occidental qu'on peut qualifier de bon pour l'époque.
Donc, comme disait Liddell hart, la montée en puissance des panzers, au profit du 4, l'abandon du 2 et du 1 et plus tard du 3, compensait jusqu'à un certain point, la baisse du nombre de blindés dans ces divisions. Mais la moyenne, 200, était loin de l'origine, qui culminait à 320. Et ce fut de moins en moins vrai, même si le matériel ne cessait de progresser. Mais celui des adversaires progressait aussi.
En plus, avec le temps, les divisions étaient rarement à effectifs complets, eu égard aux pertes de toutes sortes. Plus le temps passait, plus les effectifs combattants diminuaient, une division blindée "complète" était souvent tout juste au dessus de 100.
Mais, on n'arrêtait pas de créer de nouvelles divisions, sans dissoudre celles qui n'étaient que l'ombre d'elles mêmes, et qu'on mal, pour les recompléter. Toujours ce désir de "faire du chiffre", de grosses et grandes unités, mais seulement sur les tableaux des effectifs.
Le problème est que sur le terrain, aux états majors et à Hitler lui même, cela donnait l'impression d'une force plus grande qu'elle n'était.
Pour les divisions d'infanterie, les effectifs s'érodèrent aussi. La division de 1940, 20 000 hommes, passa à 15 000, puis 10 000 et en réalité, atteignaient un chiffre plus vraisemblable de 3000... Sans que, bien entendu,on ne tienne compte de la diminution de la puissance de combat. La division allemande de 1945 n'était que le 1/6 de celle de 1940... Et on lui demandait de faire la même chose.
Pire, cette multiplication des unités, entraina une multiplication des non-combattants, des états majors, absorbant des effectifs d'officiers qui manquaient cruellement au front. Cela eut aussi des impacts non négligeables. Ainsi, chez les 250 000 soldats allemands piégés à Stalingrad, les effectifs combattants étaient rares
Ce travers qui eût lieu il y a peu, se remarque aussi dans toutes les fins d'empire, les légions romaines, par exemple, virent leur effectifs décliner sévèrement. On passa de 3000 légionnaires, + 3000 auxiliaires, + les valets (en général, 6000 aussi) à 1000 à la fin de l'empire, qui ressemblaient plus à des paysans qu'à des soldats. On leur donnait des terres en guise de soldes. Cela nuisait à leur capacité de mobilisation, ainsi qu'à leur valeur militaire. Des réserves placées plus à l'arrière, de la cavalerie, augmentait un peu les effectifs, mais cela restait dans les clous d'une décroissance des effectifs et de la valeur militaire, assez marqué (sauf pour la cavalerie). Là aussi, les coûts de l'armée ne diminuaient guère.
A l'époque de Napoléon et de Charles XII (de Suède, pour la "grande guerre du nord", 1700-1721), où, à la fin, des "armées" suédoises, étaient de 200 hommes, en général très jeunes, commandés par des officiers très âgés, et même hors d'âge... Leurs uniformes étaient des tenus de paysans, leur armement, du bric et du broc, c'était, en fait, les fonds de tiroirs qu'on raclait et qu'on n'aurait pas mobilisé 20 ans plus tôt.
Pour Napoléon, il avait conservé pendant la retraite de Russie, des appellations, "armées", "corps d'armées", "régiments", ce qui n'était plus qu'un groupe de combat de quelques survivants.
Les travers de ces conquérants se ressemblent tous. Ils perdent contact avec la réalité et se gargarise de mots qui n'ont plus de sens.
il en est de même pour l'oxydent et l'Ukraine, avec la circonstance aggravante que la diminution des capacités militaires ne s'est pas fait parce qu'ils ont fondus au combat, mais par un déluge de corruption, de gabegie, de bureaucratie, de copinage. Parce que, finalement, les budgets militaires occis-dentaux, dans les faits, n'ont pas diminués. Ils sont même honorables, mais se perdent comme dans de multiples fuites de plomberies dans des gouttes à gouttes aussi variés que nombreux.
Certains, caricaturaux "le pentagone à la française" bien sûr... Opération immobilière juteuse pour les financeurs, mais boulet pour l'armée...
Dans le même esprit, on voit ceux perdus dans leur bunker dressent des plans de bataille, non plus pour conquérir des pays entier, mais pour quelques kilomètres, quelques pâtés de maisons, tout ce qui est jeté en Ukraine, c'est jeté pour ne pas reculer trop vite, gagner du temps, mais pour quoi faire ???
Je le répète, le mieux pour l'ouest collectif, c'est négocier. C'est à dire, capituler en Ukraine, le plus tôt possible, prendre ses clics, ses clacs et rentrer chez soi. On pourra même proclamer la victoire après avoir été fessé : "On a arrêté Poutine, il n'a pris que l'Ukraine !".
Cela risque d'être pire après. Pour les armes atomiques, il ne faut pas croire qu'elles soient dans un état différend du reste de l'arsenal. En train de rouiller, mal entretenues, difficilement utilisables voire, inutilisables. La raison du désarmement de 80 % de l'arsenal, c'est que c'était difficile, à tous points de vue, d'entretenir. Il s'agissait de faire croire qu'un mouvement de fond était le résultat d'une décision politique sagace. "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur."
Sur le front, il semble bien emballé que les unités ukrainiennes soient en train de craquer. Que pour le moment, le repli soit encore organisé. Mais il ne le sera pas très longtemps. Le matériel demandé à l'ouest collectif, c'est simplement pour faire durer, un peu plus longtemps, la guerre.