FORTUNE DE FRANCE
Une série a été diffusée, tirée d'un livre de Robert Merle, qui a donné lieu à une fresque historique en 13 volumes.
Qu'apprend on dans cette série ?
D'abord, le protestantisme n'a jamais oeuvré pour "la liberté de conscience", elle leur a été accordé au départ. il a oeuvré pour pouvoir imposer sa propre intolérance.
Dans la série, on voit très bien les co-seigneurs IMPOSER le changement de religion à leurs serviteurs, et Coulondre-bras-de-fer comprend tout de suite l'embrouille : ils perdent, avec le culte des saints, une soixantaine de jours chômés.
Régression sociale évidente. La Reine de Navarre, elle, ne va pas se gêner pour protestantiser ses états et fiefs.
Ensuite, les conversions forcées par les massacres existent. Le prêtre est cloué sur la porte de l'église transformée en temple. Ce sont largement les protestants qui inaugurent les massacres aussi.
La dite régression sociale, entrainera, pour la masse de la population, une réaction très violente, symbolisée par la Saint Barthélemy, mais qui n'est qu'une réaction à l'agression dont est victime la population.
Selon Pierre Miquel, 10 % seulement de la population choisie la réforme, 90 % ne le fait pas, mais dans ces 10 %, 50 % des classes supérieures, bourgeoisie et noblesse, le font, en gros, ceux qui savent lire une bible, qui visiblement, renforce notablement leur position sociale déjà extrêmement forte.
Le reste de la population, un temps tenté par la réforme, elle aussi, surtout quand il s'agit de brocarder, de ridiculiser, de battre les prêtres passablement corrompus, sera vite repoussée par l'austérité et le caractère punitif à leur égard du comportement des réformés.
Le nazisme est né en Angleterre avec Henri VIII. Les "élus", comblés par Dieu, les biens nés, contre les à peine humains du peuple. Les sous hommes. juste bon à peiner comme des bêtes.
En France, la vente des biens de l'église pendant toutes les guerres de religion, remplace des propriétaires finalement relativement débonnaires car non propriétaires du bien et qui ne les lèguent pas à leurs enfants, par des acheteurs agressifs, pressés de se rembourser sur la bête. On a le même phénomène avec les privatisations et les achats par endettement.
La tension sociale forte est ressentie dans les propos de Jonas le carrier : Avec le travail, tu te maintiens, tu ne t'enrichis pas, tu t'enrichis avec le pillage de la guerre. Effectivement Cabusse pourra s'acheter un modeste domaine avec ses pillages réalisés à Calais, et Coulondre, dans le livre, s'occupera du moulin seigneurial, et élèvera des cochons pour son compte.
Le protestantisme des serviteurs est au plus superficiel, au mieux tinté d'indifférence. Coulondre ton serviteur se lève, merci seigneur. C'est le seul prêche de Coulondre. Quand à la Maligou, elle n'est réformée que d'apparence. Comme les femmes en général.
Toute cette frange de réformés forcés, suivra, au pire dans la décennie suivante, au mieux au siècle suivant, leurs maitres qui iront dans le sens inverse.
Seuls resteront réformées les zones où cette conversion a été populaire, les Cévennes et dans quelques ilots. Pour les nobles, cela n'a été finalement, que le masque et le prétexte de leurs querelles et de leurs tentatives de prise de pouvoir, une grande occasion de contester l'autorité royale.
Une autorité royale chancelante, depuis la mort de Henri II. Celui-ci jouissait d'une grande autorité, bien que n'apparaissant pas particulièrement intelligent, il en imposait à la noblesse, qui méprise les femmes, et ne respectent guère la reine mère Catherine de Médicis.
Celle-ci, gracieuse à défaut d'être belle est aussi gentille et intelligente, mais, pendant dix ans, ne pèse rien, elle met dix ans, en effet à avoir un enfant, et elle en aura 10. C'est la seule exigence à l'égard des femmes de cette époque, d'être de bonnes pondeuses. Pour cela, elle sera notablement aidée par Diane de Poitiers, qui conduit elle même Henri II dans son lit.
Mécaniquement, à l'époque, le choix de la réforme par les Bourbons (Condé et Navarre), poussent les Guise, dans un parti catholique de plus en plus intransigeant. La "troisième force", les Montmorency sont partagés.
Catherine de Médicis est vue par les autorités protestantes comme ouverte d'esprit et sensible à l'injustice, et est enclin à une politique de conciliation, mais les prédicateurs protestants, loin d'être discrets et loin de ne pas agiter la population mettent en échec sa politique de conciliation.
La situation de plus en plus explosive, culmine en 1572 où le reflux de la vague protestante est visible et sévère. Mais la guerre n'est déjà plus une guerre de religion si elle n'en fut jamais une, mais une guerre d'une faction tentant d'abord de prendre le contrôle de l'état, ensuite, d'une guerre pour s'y tailler des fiefs.
Comme on le comprend, finalement, rien de religieux dans ce conflit. Les réformés sont des gens riches choyés par le dogme de la prédestination, qui les a fait aisés, et pour lesquels, les gens modestes doivent se contenter de leur situation, passablement dégradée par leurs soins.
De plus, les biens de l'église sont passablement reluqués par ces classes riches, qui ne demandent rien de moins, que de les acquérir...