Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PETIT PENSUM SUR LE SYSTEME ELECTRIQUE FRANCAIS...

26 Novembre 2024 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Energie

Pour rappeler l'état du système électrique français, remontons l'histoire.

- La première source de production électrique a été le charbon, normal, c'était les godons, bien burnés en la matière, qui l'avait généralisé.
- La conséquence, c'est qu'on fabriquait cette électricité dans les villes, au grand dam et désespoir des voisins immédiats.

- En France, on disait à une époque qu'on avait pas de pétrole (en fait, très peu), mais des idées. car faute de charbon en quantités suffisantes (la ressource a toujours été déficiente, la faute à la géologie), il a fallu être efficace (grand rôle des écoles d'ingénieurs issues de la révolution française), bien plus efficaces que les godons gaspilleurs et on a inventé un truc, en fait plusieurs.

- Comme on avait un machin, assez incommode, appelé "les Alpes", le pays a eu un rôle moteur dans le développement de la "houille blanche" ou hydroélectricité, et même du stockage, sous forme de station de transfert de l'énergie par pompage ou STEP (1890), on a même le pape des STEP, avec François Lempérière, un gamin de 98 ans.

- Par la suite, on ne s'est pas mal débrouillé avec La Rance et son usine marémotrice, restés au stade de prototype.

- On avait pas de charbon, mais à l'époque, déjà des idées, donc, on a développé le système, et là, je vais sombrer dans le pas correcte du tout politiquement parlant.

- Le régime dit "de Vichy", héritant d'un pays sous blocus britannique, donc, ne pouvant plus importer de charbon, privé en plus des mines de Lorraine, et taxé par l'Allemagne de 5 millions de tonnes de charbon par an, a vu le salut dans l'hydroélectricité, lançant des études largement exploitées surtout dans l'après guerre, mais aussi, mobilisant les rares ressources qu'il avait pour lancer des  chantiers. Dans le film, "un homme de trop", cette période historique est évoquée.

- L'après guerre est marqué par un développement de la consommation qui jusqu'en 1973 est basé sur le gaz, l'hydroélectricité, le charbon et le fioul. De fait, le charbon était en phase d'abandon, ne subsistant que sur les périodes de pointes.

- 1973 et le choc pétrolier ont été l'occasion d'un nouveau choc. La rencontre du secteur du Bâtiment, de la corruption et du pétage de plomb des prétendus élites et vrais énarques (une race de voyous bien connus).

- De fait, partant du principe que la consommation doublait tous les dix ans, les fumeurs de moquettes appelés "décideurs", avaient décidé de construire une centaine de centrales nucléaires, les plus accros à la poudre blanche partant sur 200 (les cerveaux étaient visiblement grillés).

- Le bon sens, le manque d'eau et l'impossibilité financière fit qu'on arrêtât le nombre à 58, avec en plus, un petit problème. La consommation piétinait.

- N'importe, on fit comme d'habitude, on refila des subventions aux propriétaires immobiliers (en fait, la subvention couvrait la totalité du coût d'installation), et on fila des subventions aux industriels (qui couvrait plus que le prix de l'installation). Mais il faut se méfier des grecs même quand ils viennent les bras couverts de cadeaux, comme disait les romains.

- Le résultat fut une désindustrialisation massive, les nouveaux équipements industriels achetés grâce aux subventions étaient 3 fois plus gourmands en énergie, bien que celle-ci fut très légèrement, moins chère, et la constitution de quartiers pourris. Là aussi, le chauffage était bien plus onéreux, et la population connaissait un turn over important, avant de concentrer les plus pauvres.  Des quartiers de relégations.

- Le nucléaire, en déclin désormais, fut vue comme la solution magique. En effet, on avait de grosses réserves de minerais, qui ne coûtait pas grand chose, et le pays se bâtit comme un émirat de l'électricité. Tout le monde était satisfait, le particulier avait un coût de l'énergie bas, on masquait les effets délétères sur l'industrie, et on voulu faire des mythiques économies, notamment par un recours démentiel à la sous traitance (jusqu'à 15 niveaux), autant dire, totalement déresponsabilisant. En plus, toutes les strates de contrôles crées sont de bonnes et grasses sinécures pour les amis.

- Comme l'intelligence n'est pas une denrée répandue chez les ministres macronistes, les exportations d'uranium qu'on a pas sont massives.

- Pour résumer, le pétrole est très rare en France, les gisements de charbon ont été surexploités comme jamais vu ailleurs, le méthane de Lacq, totalement gaspillé, et les réserves d'uranium ont disparues inexploitables, sauf quelques gisements, ridicules pour les besoins.

- Sans doute, quand la pression sera trop forte, on tirera du charbon, notamment à Saint Etienne, où il reste une soixantaine de millions de tonnes exploitables, à la condition de raser le stade, et le centre ville. On peut noter, aussi, dans les gisements du nord, la récupération du gaz naturel, le fameux grisou, pour des montants modestes mais dont on ne devine même pas la fin.

- L'existence d'un lobby nucléaire fort, arrogant et friqué a longtemps paralysé toute action, notamment le travail de normes qui permet de réduire les consommations (beeuuurk !), le développement du solaire (thermique et photovoltaïque) et de l'éolien paralysé par un harcèlement malvenu.

- De fait, malgré l'existence dans les cartons d'EDF de multiples projets de STEP, et de ceux proposés par Lempérière, une action proche de zéro (sauf en outre mer, et là, EDF y va à fond...), parce que, simplement, leur simple existence mettrait en relief un réseau de centrales nucléaires totalement surdimensionné, et la possibilité de stocker l'électricité produite, notamment aussi, par l'éolien et le solaire, mais aussi, menaceraient certaines sinécures et conduit, par effet pervers à une surconsommation d'uranium.

- L'hostilité des ministres sarkozyste notamment au solaire thermique, pourtant généralisée dans certains pays est à noter (c'était du soviétisme, disaient ils ), pour cause de fanatisme de l'économie de marché.

- l'existence d'un chauffage électrique en grille-pain (bon pour le chiffre d'affaire d'EDF, mais pas pour le portefeuille des clients), a conduit à un réseau électrique totalement surdimensionné, inutile 51 semaines par an.

- Malgré les bâtons dans les roues sur l'éolien et le solaire, les résultats sont bons, et sans eux, à plusieurs reprises, les black out électriques auraient eu lieu. En effet, pour qu'une centrale nucléaire fonctionne, et il une eau en grande quantité et régulière. Le nucléaire, de fait, ne peut fonctionner sans des appoints d'autres énergies qui peuvent être très conséquents.

- Pour les faits, des centrales nucléaires ont déjà été arrêtées, avec, pour cause, une "volonté d'économiser l'uranium", façon polie de dire que la rupture d'approvisionnement est déjà là et s'est déjà produit, dans un mensonge médiatique dont seul l'occident oxydé a le secret.

- De fait, avec 85 % de l'électricité venant du nucléaire, part ramenée à 63 %, on a pulvérisé le bon sens, qui aurait consisté à maintenir ce niveau à la consommation de base. On n'aurait donc, jamais dû dépasser 20 %, taux Russes et étasuniens.

- l'électricité ne sera qu'une manière plus efficace d'exploiter le vent et l'eau.

Moralité, de fait, malgré leurs inconvénients, retour au XVIII° siècle, amélioré pour l'énergie. La France de Napoléon 1° avec ses 500 000 moulins en tous genres, industriels, ramenés à 100 000 en 1900, devra les reconstruire. Elle devra reconstruire aussi ce qui apparaissait sur les cartes de Cassini, établies entre 1680 et 1750, un gigantesque réseau de rétention d'eau.

Gail Tverberg et Donald Trump sont des américains, du XX° siècle. On est aussi le produit de son milieu, et Ils appréhendent difficilement, ce qu'est une économie de pénurie, et qui ne doit et peut fonctionner qu'avec un approvisionnement irrégulier et vacillant.

De fait, devant le recul des énergies fossiles et nucléaires, ce n'est pas un réchauffement climatique qu'il faut craindre (bien, qu'en disant cela, je risque le bûcher de la bien pensance et du politiquement correct), mais un effondrement de l'économie du XX° siècle, suivant en cela, le recul des productions énergétiques. Alors, le réchauffement sera le cadet de vos soucis.

Bien que solaire et éolien aient beaucoup de défauts, il est clair qu'il ne restera que cela, et que seule, elle peut être développée. Les moulins, leur multipropriété souvent, étaient une base du capitalisme local, largement visible dans les actes notariés.

En France, la première fois que la crise de la ressource énergétique est évoquée, c'est au XVI° siècle, par le ministre des finances, Maximilien de Rosny, devenu duc de Sully. A cette époque, on en est déjà ici, à gérer la pénurie, et on arrive quand même à un certain développement au prix de certaines mesures (on y interdit la construction en bois). La rationalisation de l'agriculture avec Olivier de Serres prendra beaucoup plus de temps que celle de l'industrie, Elle ne s'achèvera que 2 siècles plus tard.

Quand les colonies nord américaines sont fondées, peu de temps après, la notion de limites et de pénuries y sont absentes. Le pays est illimité, alors qu'en France un proverbe occitan nous dit "Qui a terre a guerre".

De fait, les cartes électorales en France et aux USA sont identique. Forte percée républicaine dans les comtés. Forte poussée rassemblement national, majoritaire dans la plupart des communes. cela suit, simplement le repli de la vie économique antérieure sur les métropoles, restées dans un cas, démocrates, dans l'autre macronistes. Dans les campagnes, une autre économie se met déjà en place, même si elle est masquée encore par l'ancienne. Les pauvres sont toujours beaucoup plus innovants que les riches.

Le système fait encore illusion, mais plus partout, et le problème de la pénurie énergétique, est, partout "balayée sous le tapis", avec la promesse, illusoire d'un retour à l'ancien monde

Pourquoi ? Parce que le reconnaitre, risque de déclencher l'autre loi de Pareto : "L'histoire, c'est le cimetière des aristocraties".

"Encore un instant, Monsieur le bourreau"

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Un excellent article de Régis de Castelnau, ici :<br /> <br /> https://www.vududroit.com/2024/11/de-loccident-na-pas-de-casse-noisettes-pour-oreshnik/<br /> <br /> La Russie a utilisé (sur une usine qui a paraît-il été vaporisée, installations souterraines comprises) une arme qui n'est pas atomique mais qui a la puissance de destruction d'une petite bombe atomique, qu'il est impossible d'intercepter et qui ne mettrait que 20mn pour arriver jusqu'à Londres.<br /> <br /> Réaction de l'Occident : tétanisé. On ne nous montre pas les dégâts causé par l'oreshnik. Par égard pour les âmes sensibles, je présume.<br /> <br /> La vérité c'est que nous n'avons pas les soldats pour faire la guerre sur le terrain, le retour du service militaire causerait des émeutes (justifiées, à mon humble avis) et serait de toute façon non seulement politiquement mais aussi financièrement quasi-impossible à faire. Il y avait une caserne dans mon patelin de banlieue. Il y a au moins une vingtaine d'années elle a été détruite et le terrain vendu pour laisser la place à un fast-food et quelques magasins. Il faudrait des milliards d'euros pour reconstruire des casernes dans toute la France, produire les équipements (uniformes, armes, munitions, véhicules...) nécessaires et former les dizaines de milliers de formateurs nécessaires, qui n'existent pas, à moins de convertir tous les militaires existants en formateurs. Nous sommes déjà à court de matériel. Bref, nous sommes à poil face à l'ours russe.<br /> <br /> Sans compter l'aspect économique : nous dépendons du gaz, du pétrole et de l'uranium, soit russe soit transitant par la Russie. Beaucoup de pays dans le monde dépendent du blé russe, notamment les pays de la rive sud de la Méditerranée, du Maroc à l'Égypte. La Russie est en train de nous étrangler économique, lentement mais sûrement, au moyen de l'énergie trop chère pour que nos économies puissent continuer de fonctionner normalement.<br /> <br /> Des dirigeants sains d'esprit essaieraient de négocier avec les Russes. Ils sont, comme nous, en situation de déclin démographique, avec une forte minorité musulmane, et contrairement au nôtre leur territoire est très vaste et dangereusement sous-peuplé. Personnellement je me contrefous que le Donbass et la Crimée soient russes ou ukrainiens, idem si l'Ukraine reste en dehors de l'OTAN.
Répondre
K
Quel est le rapport entre la dissuasion et les centrales électriques.<br /> Peut on avoir des ogives nucléaires sans avoir tout l'écosystème industriel. Serait il rentable de ne construire que des ogives nuc ???<br /> Au fait les Russes viennent de rendre obsolète le nuc avec les noisettes volant à mach 10.
Répondre
E
Oui et non pour ce billet sur l'électricité . Beaucoup de choses à dire .... <br /> Le politique a toujours été le maillon faible de notre pays . Actuellement on touche le fond et ça va faire mal . Il y a 2 grands phénomènes qui s'additionnent . Notre addiction à l'électricité et au moindre effort , et bien évidement ce monde du temps libre , des loisirs , de la société de consommation . <br /> Quelque soit l'énergie utilisée le vrai sujet est le prix qu'il faut payer pour en faire usage . Gail Tverberg analyse subtilement les contradictions de notre monde et chacun peut ou pas comprendre ses propos. <br /> Quand vous abordez les années 70 et la crise du pétrole vous mélangez les sujets en parlant de la désinsdustrialisation du pays . Le sujet était traité politiquement pour casser les mouvements ouvriers qui étaient très puissants et passer à une société des loisirs . Maintenant pour faire accepter la pilule on parle de société de services ! On n'arrive pas à dire clairement qu'il faut ralentir la consommation et donc on envoie les écolos sur le front pour nous balader encore une fois. <br /> Oui l'électricité est une bonne idée . C'est le mode de production collectif qui est le problème . Quand Tesla voulait rendre cette énergie disponible sans fil il a été doublé par les hommes d'affaires qui voulaient tirer profit de la distribution de cette énergie . Aujourd'hui si chacun pouvait être son propre producteur d'électricité <br /> sans revendre au réseau tous les problèmes seraient résolus . Les prix prohibitifs du système centralisé disparaitraient .
Répondre
J
Salut Patrick <br /> Dans les campagnes, l'installation de panneaux solaires électriques directement par les habitants devient la norme. Si on ajoute un véhicule électrique, ça va rendre les campagnes encore plus indépendantes des métropoles. <br /> Le prix des panneaux s'effondre à 50€ l'unité !<br /> Si on arrive à obtenir une batterie pour pas chère dans le futur, Paris est-il foutu.
Répondre