Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CONTEXTUALISATION (SUR UNE INTERVENTION DE GAIL TVERBERG)

12 Avril 2025 , Rédigé par Patrick REYMOND

Gail a dit :

"Je n'ai pas écouté l'intégralité de l'interview de Bessent-Carlson, mais beaucoup de choses sont différentes en 2025 par rapport à 1981. Par exemple :

1. Les ressources en combustibles fossiles et en uranium sont bien plus épuisées. Il sera désormais beaucoup plus difficile (voire impossible) de relancer l'industrie".

Une remarque encore. Le problème du nucléaire n'est pas seulement un problème de ressource, mais aussi que cette industrie a besoin de stocks importants, le circuit du "carburant", est long et complexe. En 1981 il n'y avait pas ce problème, la production était clairement excédentaire, les stocks étaient pléthoriques, et les armes nucléaires recyclées ont fait fonctionner le secteur pendant des décennies. Aujourd'hui, ce stock militaire est réduit de sans doute 90 %, et cette réduction a soulagé les finances publiques des états russes et américains. Le nombre d'armes nucléaires US a été réduit bien avant l'écroulement de l'URSS, ce qui indiquait déjà un problème et leur démantèlement un soulagement financier.

"2. Les taux d'intérêt étaient à des niveaux exorbitants en 1981, autour de 17 %. Ils pouvaient être réduits pour relancer l'économie".

La plupart des prêts ne sont pas économiquement justifiés. Ils servent à des niveaux multiples de spéculations financières, immobilières et comptables. Jusque dans les années 1970 en France et dans d'autres pays existait l'encadrement du crédit. Avec lui, pas de bulles multiples, pas de prix immobiliers délirants, pas de rachats d'entreprises par endettement. Tous ces "prêts", n'auraient pas à exister. C'est d'ailleurs la non pertinence économique des prêts, qui fait qu'il faut 10  de prêts pour faire 1 de PIB. Pas de système économique sous cocaïne qui voit des éléphants roses partout.

"3. La population mondiale est beaucoup plus élevée".

A la campagne, dans une économie résiliente et de survie, la main d'oeuvre, si importante soit elle, est toujours manquante. Ce qui est en cause c'est le nombre de branleurs urbains, concentrés à des endroits où la seule activité économique est finalement la gestion de l'entassement. En gros, traiter la merde, ça crée de l'emploi.

"4. Le monde est désormais habitué à des lignes d’alimentation qui s’étendent dans le monde entier".

Dis moi ce dont tu as besoin, je te dirais comment t'en passer. Le continent européen est passé en mode survie en 1940. Les populations urbaines souffraient, les populations rurales s'en sont bien tirées. Elles ont même vécu un âge d'or économique, et ont été monétarisées.

"5. La dette, y compris la dette à effet de levier, atteint des niveaux alarmants".

Rien d'alarmant en fait. La simple création par les états de monnaie permanente et l'encadrement du crédit suffit à gommer le problème sans effort. Mais cela entraine l'effondrement de l'économie fictive, de l'hypertrophie prostatique et anale bancaire et de l'importance des marchés financiers. Mais c'est une révolution, au sens politique du terme. 

"6. Les banques pourraient être mises à mal par des taux d’intérêt élevés, par la fin des opérations de portage, par la chute des prix de l’immobilier ou par un certain nombre d’autres facteurs".

Nationalisations sans indemnités, emprisonnement des dirigeants et quelques exécutions pour faire réfléchir certains. Pour ce qui est des prix de l'immobilier, la manipulation financière et politique commencée sous Nixon a fait dériver les prix, à des niveaux insoutenables.

"7. Les États-Unis ont aujourd’hui un nombre considérable de retraités à charge".

Ce qui pose problème dans les pays de l'OCDE ce n'est pas, finalement, le nombre de retraités, c'est que tout y est cher, logements, soins de santé, habitudes de consommations "incompressibles", renvoie au "Dis moi ce dont tu as besoin, je te dirais comment t'en passer". 

 

On parle aussi beaucoup "d'épidémie de fièvre aphteuse". En consultant des gens qui ont connu un autre monde, la fièvre aphteuse dans un autre temps, n'était pas considérée comme importante. On isolait les bêtes, on ne les abattaient pas, et on attendait qu'elles guérissent, cas, de loin, le plus fréquent. Peu d'entre elles mourraient. On se contentait d'attendre et ne pas consommer le lait. Ce qui est en cause, c'est l'économie de marché qui ne supporte pas cet aléa, l'endettement des agriculteurs et le zéro stock et juste à temps.

Pour ce qui est de l'agriculteur, il ne veut pas payer d'impôts, quitte, comme il est courant, d'acheter et acheter encore et toujours plus, du matériel dont l'utilité est inexistante, mais qui flatte son égocentrisme et il se laisse facilement influencer (car il est très réceptif pour cela), par le "conseiller" du crédit agricole, friand de lui faire des prêts. C'est aussi l'explication de la non productivité des nouveaux prêts, même pour un nouvel équipement au rendement marginal ridicule, inexistant ou négatif. Pourquoi les rendements décroissent avec un équipement de plus en plus  perfectionné ?

Endettement, zéro stock et juste à temps sont les plaies de l'économie "moderne", en fait, post pétrolière qui se met en place depuis 1973. On avait deux voies différentes pour gérer une énergie dont l'accroissement devenait insuffisant, devenir une économie totalement rationnée pour tout le monde ou privilégier les classes dirigeantes et rationner par les prix, seulement, des tranches de plus en plus larges de populations et de plus en plus déshéritées. Les classes populaires ont été sacrifiées pour sauver et accroitre le train de vie des 20 % les plus aisés. C'est à peu près à cette époque que l'extrême gauche "progressiste" devient dominante et remplace les revendications sociales par des "sociétales", qui ont l'avantage de ne rien coûter en énergie, et où les "progressistes", se mettent à haïr leur propre peuple. L'extrême gauche devient un parti de riches urbains dominants, soucieux de cacher les problèmes sous un tapis de revendications farfelues. Bien entendu, toutes les considérations sociales sont abandonnées, les dépenses réduites au profit des oligarchies, et seule la détérioration de la situation socio-économique entraine par effet de contrecoup mécanique un accroissement de ces dépenses.

Le plus évocateur, c'est la personne qui ne voit jamais le médecin parce qu'elle n'a pas les moyens, et qui se retrouve avec une maladie grave non diagnostiquée et devenue 100 000 fois plus coûteuse que les visites de contrôles et les traitements de 3 sous. 

Autre face du problème, la "cabanisation", les maires veulent les combattre, mais sans avoir de solutions de relogement (bon marché, faut il le préciser), à proposer. Donc, faire des sans abris ? Et de plus, la destruction de cabane de personnes insolvables mais travailleuses, envoie de mauvais signaux et reste à la charge financière des communes...

La réindustrialisation, certains ne l'imagine pas comme il faut. Elle ne peut se faire, dans un premier temps que sur les marchandises de basse ou moyenne technologie, pas sur les hautes technologie, où les occidentaux ont trop décroché et trop accumulé de retard. Ces biens de basse et moyenne technologie produit sur place, réduiraient d'ailleurs considérablement les déficits commerciaux. Et puis, à quoi cela sert d'habiter dans un bois sous une tente, pour faire des études sans débouchés, alors que les métiers manuels désormais offrent souvent plus de débouchés, de meilleurs salaires, et la possibilité de travail au noir ou pour son propre compte.

En plus, les biens de basse et moyenne technologie sont ceux qui sont souvent le plus pondéreux et qui nécessitent plus de dépenses d'énergies pour le transport. 

Il faudra que l'occident ravale sa morgue et son arrogance, en même temps que son sentiment de supériorité et celui d'être indispensable. 

La situation sera la même que celle décrite par Henri Amouroux dans "La vie des français sous l'occupation", où en quelques semaines ils ont du se passer de beaucoup de biens importés et de quantités d'énergie divisées par 2, au moins, sinon décroissant de 95 % pour le pétrole. 

Il y a peu, on m'a fait goûter une tisane de racine de pissenlit. C'était pas mauvais. En 1940, on appelait ça "le national", et ça remplaçait le café. Il avait la réputation d'être mauvais, je n'ai pas trouvé ça désagréable, un peu fort et corsé. Aujourd'hui, ces ersatz de café, hier haïs, comme le topinambour, sont plutôt des produits chers et hauts de gamme. Visiblement, tout n'est question que d'habitude, d'aptitude à en changer ou de volonté de changer.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Le pétrole est abiotique...<br /> J'adore j'adhère et partage le plus souvent vos analyses, et merci pour le rire !
Répondre
O
Pour en rajouter sur les communes.<br /> <br /> https://www.maire-info.com/finances-locales/prelevements-sur-les-collectivites-la-liste-des-2-065-communes-et-epci-qui-contribueront-au-dilico-desormais-connue-article-29602<br /> <br /> le topinambour, ça pousse très bien et tout seul, mais maintenant en zone urbaine comme en zone rurale avec des jardins partagés, il est interdit de planter des topinambours.<br /> <br /> https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/annecy/le-topinambour-cette-plante-invasive-qui-colonise-les-bords-des-rivieres-pres-d-annecy-2848535.html<br /> <br /> Personnellement, je préfère l'invasion des topinambours que l'invasion des parasites qui pondent ça.<br /> <br /> https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-jardins-familiaux-ce-qui-est-interdit-ce-qui-est-autorise-15-04-2020-8300094.php<br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=LfcUEQQTiek
Répondre
P
quels bredins, au lieu des les récolter, ils les arrachent, ça vaut 5 euros le kg !
A
Le contraste entre ce texte et l article ci joint me retourne le cerveau, tellement ils partent dans des directions opposées.<br /> <br /> Car voilà ce que j ai lu juste après :<br /> <br /> https://www.courrierinternational.com/une/la-pandemie-du-celibat-gagne-la-jeunesse_229817
Répondre
W
'"Ce qui est en cause c'est le nombre de branleurs urbains, concentrés à des endroits où la seule activité économique est finalement la gestion de l'entassement. En gros, traiter la merde, ça crée de l'emploi."<br /> <br /> Plus besoin d aller plus. On est devenu des sans important, sans dents, inutiles.
Répondre