COMMENTARII
Sur un article de Gail Tverberg, "Préparez-vous à des changements rapides dans l'économie ; l'économie mondiale atteint les limites de la croissance".
Tout d'abord, je ne crois pas que nous soyons sur le début du déclin. Le début du déclin, c'était il y a 50 ans, mais une propagande intensive et habile a pu le cacher. Vauban avait inventé les statistiques en fin du XVII° siècle parce qu'il était brave et qu'il voulait dire la vérité au Roi, Louis XIV. Mais très vite, on a appris à manipuler les chiffres, de l'économie, de la délinquance, de tout ce qu'on veut.
Et les PIB ont changés de nature. En 1971, apparition du déficit commercial américain, l'industrie américaine, c'était deux fois celle du Japon et de l'Allemagne réunis. En 1989, le Japon, seul, l'égalait. Dans le pib, les hypertrophies financières, de commerce de gros et de détail, immobilières, l'inflation, tout a été truqué.
Quand le commerce extérieur américain s'effondrait on nous racontait que c'était à cause du dynamisme de l'économie. Il était où le dynamisme ? Dans l'endettement de la consommation, l'accumulation d'une richesse fictive chez les riches. L'endettement de la consommation était lui même malsain, c'était pour payer les dépenses courantes.
Pour un autre point, un empire consomme beaucoup de ressources, déjà pétrolières. Je ne sais pas si Trump a compris quoique ce soit à l'énergie, ni de quel manière, c'est un baby boomer des premiers temps du baby boom, là où il n'y avait que des choses positives. Mais il a clairement compris que l'empire est trop étendu "overstreatch". Clairement ? Cela veut dire que des flottes obsolètes et des avions obsolètes ou mal conçus vont cesser de se promener, consommant beaucoup. Des bases, aussi devront être abandonnées, ou du moins, fonctionner avec du personnel de plus en plus réduit, consommant elles aussi, beaucoup moins.
L'économie est une structure dissipative, ainsi que les gouvernements. Certes, mais le problème est que ceux qui les dirigent ont l'habitude d'avoir eu des ressources abondantes et qu'ils n'identifient pas le problème.
Le dernier effondrement de l'homme occidental, c'est le XIV° siècle. C'est sorti des esprits, et le chaos et les cahots des guerres et notamment de celle dite de "100 ans", c'est qu'elle oppose des états épuisés par l'effondrement des ressources, avec quelques ilots de prospérité et des océans de misères causés par les batailles perdues et celles gagnées. Le port de Bordeaux, anglais naviguait suivant les aléas de la guerre entre opulence quand les raids et batailles réussissaient et misère quand la chance tournait et elle tourna souvent.
Mais là, on s'apercevait très vite que la prospérité n'était pas la règle. Seulement une heureuse et courte exception.
Comme dit Voltaire au XVIII° siècle, "occupons nous de notre jardin", était la règle, et au XIV° siècle, les paysans se nourrissaient "d'herbes", appellation générique des légumes, et nourriture du peuple même si parfois et puis, après la grande peste noire, la viande en faisait partie. Pour la noblesse, on parlait de "viandes", même si c'était des légumes. Distanciation sociale évidente.
Aujourd'hui, en France, cela se traduit autrement. La consommation de diesel de l'activité économique baisse, pendant que le kérosène des avions des riches a retrouvé son niveau d'avant pandémie. Le riche adore le rationnement par les prix, il n'est pas concerné. Du moins, pas de suite et pas encore et ceux qui dévissent socialement, sont ostracisés et culpabilisés par leur classe sociale antérieure.
"Si les sources d'énergie nécessaires à une structure dissipative deviennent rares, cela peut gravement perturber la structure dissipative". Evidemment, une voiture sans carburant, ça marche beaucoup moins bien, et si, comme en Yougoslavie en 1990 il n'y en a plus du tout ou presque plus, la valeur d'une voiture diminue fortement, sans compter toutes les activités qui disparaissent.
Si on a libéralisé l'avortement, et qu'on parle de légaliser l'euthanasie, rassurez vous, ce n'est pas un progrès, c'est pour réduire le nombre de bouches et de consommateurs. L'être humain vit sans trop de problèmes jusqu'à 60 ans, et peut vivre une vingtaine de plus en se soignant, mais il est programmé pour mourir. dans d'autres temps, beaucoup ne se reproduisaient pas, et les cadets partaient souvent à la guerre, chercher fortune, une fortune que peu trouvaient, mais ils trouvaient la trajectoire d'une balle, d'un coup d'épée, et plus souvent encore, et même majoritairement, très majoritairement, mourrait de coliques, de fièvres ou d'accident divers.
Dans les dynamiques de groupe on sait que les groupes humains ne sont stables que sur de courtes périodes. Ils prennent de la cohésion, se renforcent, puis commencent à se jalouser, se déliter et finissent par exploser avant de se reconstituer sur des bases différentes.
Quand le mépris de classe règne, que certains ont accumulés des fortunes astronomiques, la cohésion n'est plus. La société est sur le point d'exploser. Mais le pouvoir économique et politique, sait très bien créer les faux problèmes, appelés "racisme", et "lutte contre le racisme", "droits des lgbt", "immigration".
Mais le problème financier n'est que secondaire. L'argent n'est qu'une norme acceptée, mais qui peut changer, il suffit que le pouvoir dise que les dettes et les créances valent zéro. Le roi Charles VII en France, rentrant dans Paris reconquis, en 1437, annula purement et simplement les créances et rentes. de toutes façons, nul ne se faisait d'illusions, elles ne valaient plus rien.
Ce qui empêche les infrastructures de se maintenir, c'est la pénurie d'énergie. Quoique. Justement, dans cette période de guerre dite de 100 ans, la défense passa très vite au local. Les villes se claquemurèrent et tout ce qui était fortifiable, a été fortifié, du moins, en France, en Angleterre, sur les côtes où les pillages de corsaires étaient fréquents et à la frontière écossaise (La guerre de 100 ans, commence, dans les faits, par des batailles entre écossais et anglais). Cela rappelle aussi la fin de l'époque romaine, la surface des villes diminue de 90 % (cela libère des terres agricoles) et ces villes se rebâtissent en hauteur. Le plan pied disparait au profit d'immeubles urbains.
"L'analyse de Turchin et Nefedov dans secular cycles suggère que les économies suivent souvent le schéma illustré dans la figure 1".
Les surnuméraires, dans la société médiévale sont priés de ne pas se reproduire, l'équivalent moderne du "trans" et du "dinki", il aura à choisir entre devenir religieux, et mourir relativement vieux pour l'époque, et la fin plus rapide : devenir soldat. Quelquefois, il a de la chance.
Il en réchappe, certains, doués ont des destinées exceptionnelles mais rares. Surtout, parce que certains sont des psychopathes, des tortionnaires et des tueurs en séries, tels Olivier de Clisson, Connétable de France. Des anglais ont tué et torturé son écuyer, ils en découpera littéralement 15 en morceaux à titre de représailles. Les dits anglais l'avaient surnommé "le boucher" à une époque où l'on était peu regardant. Ces gens, néanmoins, connaissent la guerre, savent la faire avec peu de moyens et des groupes soudés.
Les "métiers", fort mal payés attirent peu. Celui qui gagne les guerres, c'est celui, qui, à long terme à le plus de ressources. Cas de la guerre de 100 ans. Cas de la guerre en Syrie. L'armée arabe syrienne s'est bien comportée mais le pays s'est effondré faute de ressources. Il est réalimenté désormais financièrement par le Qatar et l'Arabie Séoudite, mais il n'est plus qu'un état satellite parce que sa production pétrolière est passée de zéro à un maximum et qu'elle est retombée à quasiment zéro, et que de toutes façons, elle ne peut être qu'une petite fraction de la production antérieure.
Si dans un cadre d'effondrement, la guerre industrielle et généralisée a peu de chances de se voir, la dégradation sécuritaire avec une justice gauchisée est le retour de la guerre locale pour un très petit territoire, un morceau de bitume avec un point de deal.
"L'économie mondiale est auto organisée. Elle ne semble pas dépendre des actions d'une personne ou d'un groupe en particulier".
Je dirais que certains, dans les classes dirigeantes comprennent mieux les limites qu'on ne peut plus franchir, les autres croient en leurs désirs et ils accélèrent la chute. Certains sont adaptés à leur temps, d'autres le sont plus.
Il est clair que vouloir faire la guerre à la Russie, qui dispose encore d'énormes quantités d'énergie, quand on est soi-même déjà en pénurie n'est pas un bon calcul. Hitler avait déjà fait le même pari, comme Napoléon avant lui, et Charles XII de Suède. Ils se sont perdus dans les immensités russes, même si, tactiquement, leurs troupes étaient meilleures que celles des russes. Aujourd'hui, c'est l'inverse. L'armée russe est meilleure que toutes les armées occidentales parce que ses ressources sont supérieures. Les armées occidentales avaient des stocks d'armes vieilles et obsolètes, et la supériorité aérienne. cette supériorité aérienne face à ce qui est sans doute la meilleure défense anti-aérienne n'existe pas ou plus. Là aussi, une utilisation adéquate des ressources. Il est plus économe d'avoir une défense anti-aérienne efficace qu'une flotte d'avion nécessitant des pièces de rechange et de nombreuses heures de vol. En conséquence, les flottes aériennes occidentales ne purent même pas être utilisée. En fait, en 1980, on estimait à l'époque qu'elles seraient détruites en une semaine. Aujourd'hui, c'est pire.
"Ce que je vois devant moi".
Récession ? Moi, j'ai parlé de récession en marches d'escaliers avec des marches de plus en plus raides. On va essayer, et réussir, de faire durer le système en abandonnant, à chaque fois quelques morceaux. Le "roi lépreux de Jérusalem".
De même, on peut très bien ne pas connaitre d'inflation. D'abord, parce que le prix des matières premières peut fortement baisser, mais les fortunes peuvent aussi simplement, disparaitre, sans que les finances publiques puissent contrecarrer une telle contraction, au mieux, l'atténuer.
Les voitures dans la Yougoslavie de 1990. Elles ne valaient rien.
Un bon nombre d'équipement peuvent être entretenu à minima, voire, pas du tout. J'ai souvent dit que "toute somme investie devra être un jour désinvestie". A l'image du Japon où l'immobilier est souvent mis à la ferraille ou au recyclage, ou des villes romaines détruites, non par les barbares, mais pour reconstruire. Le Puy en Velay a été construit avec les matériaux de Ruessio- saint Paulien.
Les monnaies numériques, sont une fadaise. Il faut de l'électricité et des échanges internationaux.
Union européenne, comme USA peuvent disparaitre ou devenir des "Saint empire romain germanique", fiction qui perdura très longtemps avant que Napoléon la supprime il avait un peu plus tôt supprimé la république de Venise. Fiction aussi étaient les pompeux titres que le pape accordait aux rois et empereurs, mais sans réel contenu. Un consul romain de la renaissance ne connaissait comme champ de bataille que les ruelles de la ville, et ses armées, une poignée d'hommes.
Pour en revenir au moyen-âge, "l'or est la monnaie des rois et des princes, l'argent celle des marchands, et le cuivre (ou le bronze vaguement saucé d'argent), celle du peuple". En fait, la pièce d'or est inutilisable tous les jours. La marquise de Sévigné écrit avoir vu les paysans de Madame de Grignan sa fille, venir payer leurs minuscules taxes féodales avec d'énormes sacs remplies de monnaie de cuivre de très faible valeur.
Les entreprises locales adaptées à des situations locales, survivront, elles sont, visiblement pour certaines d'entre elles, d'ailleurs, en état de surchauffe...
Les locaux seront réutilisés, avant de tomber en ruine, certains seront conservés, mais tout se contractera.
"Les services de « protection » privés pourraient également connaître un franc succès". On appelle cela aussi, des "clubs de tirs", héritiers des armées privées d'antan, avec de grands féodaux. En France, ou existe la Gendarmerie, l'état a regroupé en 1941 toutes les polices municipales en une "police nationale", ce qui n'a pas empêché la recréation dans les années 1980 de polices municipales. Les "francs archers", du moyen âge. Le retour de la justice privée, préfiguré par "l'indemnisation par vos assurances", c'est pour bientôt, quand les dites assurances auront disparues, parce que tout sera devenu inassurable.
On peut s'attendre à un retour massif et immédiat de la peine de mort. Un simple vol dans une société de pénurie peut être lourd de conséquences pour la victime, surtout si rien ne compense plus.