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LA VERITE EST AILLEURS

14 Mai 2025 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Chronique de l'effondrement

"Le réseau SNCF actuel est celui de 1854.
Celui des grandes compagnies avant que l’état force celles-ci d’investir dans des lignes peu rentables.
De toute façon, le train est adapté au transport de marchandises sous forme de trains complets (blé, eau minérale, containers, charbon, minerais de fer…) sur des distances assez grandes.
Ces marchandises ont fortement diminué et les distances sont trop faibles pour rivaliser avec les camions"
.

De fait, quand on lance une idée, et une construction comme les chemins de fer, on commence à un endroit où la rentabilité ne fait aucun débat ni ne pose aucun problème. La première voie de chemin de fer français est la ligne Saint-Etienne Andrézieux (qui n'existait pas à l'époque), et sa rentabilité était évidente. Elle transportait à la Loire le charbon stéphanois, et comme le charbon ne dort pas, la ligne peut être utilisée de jour comme de nuit et voir les navettes en permanence.

Mais comme on est en France, pendant longtemps, on a dit que la première voie de chemin de fer, c'était Paris-Saint Germain en Laye, en oubliant de dire que c'était la première ligne DE VOYAGEURS, et donc, la première ligne où la question de rentabilité se posait, l'homme ayant besoin de sommeil, et une fois arrivé à destination, ne repartant pas de suite dans l'autre sens, il existe le matin et le soir des heures de pointes, mais le reste du temps, la ligne est superflue. Elle ne peut être utilisé au contraire des lignes liées aux productions minières, tout le temps de façon profitable.

La deuxième ligne de chemin de fer elle, ce n'est même pas la parisienne, c'est Saint-Etienne Lyon, construite, elle aussi, pour le charbon. Elle aussi sera profitable, très profitable, même si le canal Givors-Rive de Gier, en meurt. En 1831, innovation, elle est ouverte aux voyageurs (bien avant le 1837 de la ligne Paris-Saint Germain en Laye). En 1833, la ligne d'Andrézieux est prolongée jusqu'à Roanne, enfin, le Coteau, Roanne ayant refusé le chemin de fer.

Les autres lignes sont souvent liées à l'exploitation charbonnière et sont donc sans souçis de rentabilité et le capitalisme en état de bulle spéculative se rue sur les concessions accordées par l'état et l'on s'aperçoit très vite qu'hors le pondéreux comme les minerais et spécialement le charbon, les chemins de fer ne sont pas rentables. En 1878 la première compagnie est nationalisée (à l'époque on parle de rachat)et toutes progressivement passent sous la coupe de l'état, parce que, simplement, elles ne sont généralement pas rentables, le fret insuffisant et irrégulier, le nombre de passagers est aussi insuffisant. Si, globalement, le pays en a profité pour se désenclaver et a vécu un essor bénéfique, le réseau n'a jamais été rentable. En Angleterre, il existait une nette différence et de taille du réseau et volume de fret ferroviaire.

En 1921, la convention fait que l'indépendance des compagnies devient fictive et 1937, la nationalisation est la preuve de leur triomphe et de leur faillite. Indispensable et jamais rentable, ayant quand même, réussi à couler la batellerie, réduite à une portion congrue et certaines compagnies étant acculées à la faillite.

En 1946, la première autoroute est ouverte, et la fin de la guerre et le nouvel essor du transport automobile fait que ses jours deviennent de plus en plus difficiles, et la SNCF ne devient finalement qu'une "RATP élargie", destiné essentiellement aux parisiens avec un réseau de plus en plus réduit.

A son apogée, le réseau était de 42 000 km, complété par un réseau local de 20 000, il n'est plus que de 27 000 en 2023. Sa rentabilité est fictive, la SNCF est d'ailleurs concurrencée par des compagnies étrangères sur les lignes rentables (je vous rassure, pas sur les autres).

De fait, le transport routier, lui aussi, n'a aucune rentabilité, il ne paie pas les infrastructures qu'il utilise, c'est le rôle du contribuable.

Tout est dépendant des sources d'énergie. Le chemin de fer était le transport à l'époque du charbon roi. Aujourd'hui, c'est le pétrole qui est encore roi.

On peut imaginer d'ailleurs que la décroissance des disponibilités énergétiques fera qu'on laissera vieillir le plus longtemps possible le matériel roulant et qu'on remplacera le plus tardivement possible.
Il est aussi réaliste de penser que bien des lignes sans passager, et pas que pour le transport ferroviaire, seront supprimées ou du moins, raréfiés, même et surtout pour les bus. Souvent, ils roulent à vide ou avec très peu de voyageurs.

De fait, l'automobile n'a pu percé que parce qu'elle était moins cher que le train, et qu'une voiture pleine de passagers coûte nettement moins cher que le nombre de billets.

On nous a dit bien des choses ces temps ci, qu'on trouve des terres rares, pas vraiment rares, un peu partout, y compris dans les cendres minières, mais on ne dispose pas de moyens de raffinage, quasi monopole chinois, qu'on trouve du phosphate et qu'on a réussi à extraire l'uranium de l'eau de mer, de manière rentable.

De fait, cela ne changera rien, pour faire des centrales nucléaires, il faut du béton, de l'acier, pour faire des routes, il faut du goudron, et du pétrole pour les engins.

Bref, c'est pas à coups de petits bras musclés qu'on va exploiter des mines... Ni transporter les produits..

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G
Tout ça est archi connu . Toutes les structures collectives coûtent un bras et elles sont rarement employées h24 . Il n'y a que la version collective qui peut assumer cette variabilité. <br /> C'est d'ailleurs le fer de lance de tous les politiciens de faire du blabla sur les gabegies tout en créant de nouvelles!<br /> Je conteste formellement l'affirmation de la rentabilité du déplacement automobile. N'importe quel abruti assis au fond de la classe est capable de chiffrer ce que lui coûte sa caisse . Prix d'achat (même une caisse pourrie) + entretien (même soi-même ) + assurance + carburant et éventuellement péages , le total même étalé sur 20 ans quand on n'a pas un rond fait une somme rondelette qui dépasse largement l'abonnement métro . Et effectivement les voies de circulations , routes ponts etc sont à charge de la collectivité . Et donc en supplément de ce qui est pris dans la poche du citoyen. <br /> L'automobile a une principale raison d'être qui est de donner l'autonomie pour des usages très variés . Et dans notre monde ultra speed elle permet de ne pas attendre un train en retard ou annulé , de ne pas nécessiter de réservation , de transporter tout et rien sans déclaration préalable (sic) etc etc . <br /> En province devant un pavillon standard il n'est pas rare de voir 5 voitures stationnées car les besoins sont réels pour le travail comme pour les loisirs . Chaque membre de la famille a compris dès l'âge requis qu'il faut avoir le permis pour "vivre". <br /> Le plus drôle en ce moment c'est le covoiturage . Les citadins essayent de se prendre pour des rois et réservent leurs véhicules comme si c'était un taxi . Une fois que le propriétaire du véhicule cherche à amortir ses frais de déplacements il devient le larbin de gens qui ont flairé la bonne affaire . C'est clair que les trajets coûtent beaucoup moins cher en louant les services d'un pauvre type qui a investi dans on véhicule et qui avec un peu de chance vous déposera directement devant votre porte. <br /> Nous sommes entrés dans le monde blabla à tous les niveaux . <br /> La raison profonde de cet multiplication des autos c'est uniquement le prix du pétrole . Il ne coûte rien ! <br /> Gaël tverberg fait toujours le ratio entre le prix de vente et ce que peuvent payer les usagers en parlant d'investissements possibles ou pas . Les fameux retours sur investissements. <br /> Il suffit de comparer les aides sociales et le smic et tout le monde aura compris pourquoi le ratio est enkysté dans la tête de chacun . Si trucmuche touche des aides sans travailler il sait très bien le prix que lui coûte sa caisse pour rouler . Donc tous les signaux contradictoires qui voudraient remonter le prix du pétrole lui expliquent bien qu'on vit mieux avec peu plutôt que de démarrer la caisse pour gagner trois fois rien . <br /> Le pétrole n'est pas à la ramasse car il y en a pour longtemps . Ce sont les cerveaux qui sont largués . <br /> L'astuce pour faire repartir le cerveau c'est ......le gros trou d'air du confinement . Quantité de gens n'avaient jamais imaginé un monde à l'arrêt . C'est un vrai cas d'école ! Depuis ce moment les usages , les besoins , les façon de voir le travail , les déplacements ont subi de grosses variations . Les écolos ont pensé que c'est le bon moment . Mais pas vraiment car le verrouillage et l'effondrement de nombreuses libertés ont été créées à cette occasion . <br /> Et c'est là qu'est arrivé le "désenchantement" .
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B
ça n'a aucun rapport, mais un article du Midi Libre vaut le détour sur la déconnexion des élites:<br /> https://www.midilibre.fr/2025/05/15/guerre-en-ukraine-un-seul-tank-moins-de-1-000-soldats-la-ceremonie-du-9-mai-a-moscou-a-t-elle-montre-les-penuries-de-larmee-russe-12698297.php
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M
Merci pour cet exposé très détaillé Patrick.<br /> <br /> La notion de rentabilité entre en conflit avec celle de service public, voire d'intérêt général de la nation. D'un côté on ne peut pas vouloir maintenir quelque chose d'intenable si l'économie évolue défavorablement, de l'autre côté la rentabilité en soi est myope, la plupart des choses que nous faisons dans la vie ne peuvent pas être appréhendées selon un schéma de rentabilité.<br /> <br /> Concentrer la population dans des mégapoles c'est le Tiers-Monde (ou la Chine urbaine) pendant ce temps-là les petites villes avec un bâti historique se désagrègent alors qu'on pourrait y vivre dignement, agréablement et même y avoir une meilleure vie sociale. Puisqu'on subventionne les transports et les services non rentables par nos impôts, autant qu'ils nous servent, plutôt que d'avoir à satisfaire des créditeurs internationaux qui se comportent comme les actionnaires du pays.
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M
belle demonstration, tout est dit. j'ajoute que pour la "rentabilité" de l'automobile, ça vient que l'entretien du reseau a toujours été à la charge de la collectivite. meme sous l'ancien regime et tous le monde considere normal et legitime que l'usage des routes soit gratuit.<br /> au fait on reparle des portiques sur les routes <br /> https://insolentiae.com/attention-danger-lecotaxe-revient-sur-la-table/?doing_wp_cron=1747324136.2446129322052001953125<br /> pour la conclusion, autant je suis d'accord que pour faire de belles routes il faut du bitume, sous produit de la consommation de petrole. et il en faut beaucoup, donc consommation de masse.<br /> autant je ne suis pas d'accord pour la construction de centrales nuk. il y aura toujours assez de fossile pour faire le beton et l'acier necessaire.<br /> c'est juste une question d'allocation de ressources.
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G
Passionnant cette façon dont Les projets voyaient Le jour jadis, avant 14.<br /> <br /> Depuis La fonctionnarisation &judiciarisation forcenée a tout engLouti. Pas étonnant que Loxydent soit devenu cette atLantide de faux sembLants &bons sentiments.<br /> <br /> Ce qui porte des cohortes de faibLes d'esprits formatés, à en redemander.<br /> <br /> Notamment de cette malheureuse génération des miLLeniaux (1986 2000): mais pas seuLement eux, cf. ASSLineau &son gang de Ponctionnaires qui eux agissent par caLcuL
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B
Les romains ont construit tout un réseau routier européen. Sans pétrole et avec des bras musclés... Pas mal, non ?
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S
Non non les romains ont fait du recyclage . Les tracés les voies de communications ont été "modernisées" , pavées quand il le fallait , élargies éventuellement. <br /> Toutes les époques s'adaptent avec des méthodes différentes .