2010-2020...
On avait l'habitude de dire que le monde avait beaucoup changé.
Sans doute cette accélération et ce changement sont ils en train de devenir massifs.
On voit la crise égyptienne, et l'on a du mal à mettre des mots dessus. A part dans les blogs, où on le murmure : pic pétrolier, nul part on n'en entend parler dans les merdias officiels.
Pourtant, si l'Egypte est un producteur modeste, il était quand même autosuffisant. Ce n'est plus le cas.
L'URSS s'est écroulé peut après son pic, les USA ont abandonnés l'étalon-or, avant d'être sauvé par les pétro-monarchies pour lesquelles la monnaie de cotation serait le dollar.
Mais on peut citer d'autres pays, la Grande Bretagne voit sa dépendance vis-à-vis des importations s'accroitre chaque année.
Elle devra être aussi concernée par une révolution, bien préparée il faut le dire, par des hommes politiques parfaitement crétins, qu'on s'empresse d'imiter, sous la pression des allemands.
Mais on aura aussi affaire à un "pic des exportations", et le prix fera peu, même très peu à l'affaire. Les teutons l'avaient dit aux godons. Quelque soit le prix proposé, il n'y aura pas de réexport de gaz russe en cas de pénurie.
Ceci étant dit, on peut comparer le cas algérien. Bien que souffrant des maux multiples, la société algérienne tient, parce qu'à l'abri de sa rente gazière et pétrolière, l'état achète la paix sociale, même si cela est parfaitement stupide.
En effet, l'état algérien, très néo-libéral, ne fait rien qu'empocher les dividendes. Aucune préparation quelconque de l'avenir, notamment abandon quasi complet de l'agriculture, pour un pays qui fut longtemps un grenier à blé.
Le problème est identique pour l'industrie. Le régime FLN avait crée une industrie, qui fonctionnait certes d'une manière médiocre (on disait à 10 % de ses capacités), mais qui existait. Elle a été vendue et remplacée par des entrepôts qui stockent les importations chinoises.
On imagine la violence qui va agiter la société algérienne, déjà passablement perturbée (11 500 émeutes recensées l'année dernière).
En réalité, on souffre de deux choses, l'addiction au pétrole et l'addiction au marché.
Le besoin de pétrole a été crée par l'abondance de la ressource, et la manipulation des individus.
A l'origine, au XIX° siècle, le pétrole était recherché pour allumer les lampes à huile, en remplacement de l'huile de baleine (celles-ci commençaient à se faire rares), et elle a traversé une crise au moment du commencement de la diffusion de l'usage de l'électricité.
Pour se faire, il a fallu crée un nouveau besoin : l'automobile.
Pour le WWF, en 2050, on peut atteindre 95 % d'énergies renouvelables, avec une consommation en baisse de 15 %. ça peut paraître beaucoup, mais en réalité c'est fort peu.
Car, une fois passée au crible les activités autant dévoreuses de pétrole qu'inutiles, on se dit que certaines apparaissent vraiment comme totalement ou partiellement inutiles.
Le but de toute économie, c'est de produire, exit donc, toutes les activités "promenades" qu'on peut voir.
On peut en dresser une liste, non exhaustive : transport aérien, inutile à 95 %, transport maritime, inutile à 80 %, transport terrestre de marchandises, inutile à 60 %...
L'énergie bon marché, c'était surtout du transport bon marché.
D'ailleurs, les résultats économiques de ces secteurs sont tout bonnement, catastrophiques à l'heure actuelle. Les navires sont mis à la ferraille à vitesse V, les avions ne deviennent rentables que quand ils sont mis en pièces détachées, et le transport par camion est aussi un désastre comptable, autant qu'un désastre écologique et humain.
Sans parler, aussi, des patates baladeuses, grandes visiteuses de la totalité des pays de l'UE de la production à la consommation, on voit qu'on marche sur la tête. Il serait logique que la patate qu'on mange viennent d'un rayon de 15 à 50 km.
D'ailleurs, Eurostat ne dit pas autre chose. L'intensité énergétique d'un pays comme le Japon est bien meilleur qu'en France, et le Danemark, qui mise beaucoup sur le renouvelable n'en est pas très loin.
Le problème, c'est qu'habitué à le voir, nous ne voyons même plus le nez au milieu de la figure.
Non, nous ne sommes pas au maximum de ce qu'il est possible (le Japon non plus), et il est temps de faire une remise à plat, moderniser ce qu'il faut, éliminer le nuisible et l'inutile.
Si l'URSS n'a pas survécu au Pic pétrolier, Cuba, par contre, a très bien réagi à la disparition de l'URSS, variante locale du PP.
Le seul problème, c'est le marché. Il ne résout rien. Il ne cherche qu'à se faire du blé sur votre dos, et, en conséquence, vous devez dépendre de lui.
Non pas que vous en ayez besoin, mais lui a besoin de vous pour vous exploiter jusqu'à la moelle.
Au début, d'ailleurs, dans beaucoup de domaine, il n'était pas question de marché, on peut citer l'eau, l'électricité, le logement comme emblématiques. Il s'agissait de satisfaire des besoins humains de base, au mieux.
Une fois satisfait, on s'aperçut que le marché pouvait tondre aussi le pékin dans ces secteurs là. Il est désastreux d'ailleurs, qu'une frange ou que la totalité de la population échappe à la bienfaisance du marché.
En réalité, ce qui est visible, c'est que la machinerie économique poussée au terme de son évolution, est incapable de ravitailler la population autrement qu'en faisant appel à des massives importations. Celles-ci vont donc devenir plus chers, et c'est là que le bât blesse. L'idéologie du marché disait que celui-ci nous approvisionnait au mieux et au moins cher, là, la donne historique des 30 dernières années se renverse : le marché, c'est la peau du cul.
Tout le monde n'a pas la chance de vivre à cuba en transition. On peut dire que pour beaucoup de pays, la transition sera aussi une transition politique qui va très mal se passer.
Comme je l'ai dit, on va sans doute avoir droit à la terreur.