Crise pétrolière et crise tout court...
Quand on monte sur une montagne, une chose est sûr, un jour, on est obligé de redescendre.
La crise actuelle est une juxtaposition et une superposition de crises.
D'accord, elle est née dans l'immobilier. Il était chargé, par l'intermédiaire de l'endettement et de la construction, de donner emplois et revenus, à une population qui a vu ceux-là
bloqués.
Quand on multiplie les constructions, de plus en plus loin, on multiplie les coûts d'usages, notamment la consommation d'énergie, parce que pour construire au moindre prix, on prend les techniques les moins chères à la construction, et les plus consommatrices à l'usage.
Les ménages, aux ressources très fragiles et qui ne tenaient que par un recours à l'endettement croissant, n'ont simplement pas pu tenir l'augmentation sans fin des prix de l'énergie.
Celle-ci a conduit à certains abandons de positions, celle des lotissements les plus éloignés, les plus mal placés, jusqu'à ce qu'ils deviennent plus important que le marché puisse les absorber.
La crise pétrolière a aussi conduit à la suppression d'emplois occupationnels et superflus. Ceux, qu'on présentait "d'avenir", et qui étaient d'un archaïsme si grand, qu'ils étaient déjà là à l'époque romaine.
Soldats, boniches, comptables, c'est intemporel. Le vrai emploi, produit quelque chose. L'emploi "de service" est grandement inutile. Et ce sont la majorité des
emplois, qui dépendent de l'état de la société.
La baisse de consommation énergétique consécutive à 2007/2008 a plus contribué à la consolidation financière, finalement, que toutes les mesures en tous genres.
La nouvelle augmentation du pétrole a contribué à une nouvelle séquence de crise.
Bien entendu, tous les investissements réalisés dans le domaine du renouvelable et surtout, les politiques d'économies et d'efficacité ont reporté un peu la date de
la crise.
Mais, elles est là.
D'autre part, certaines réponses accroissent la crise. Toutes les mesures d'efficacité énergétique sont ravageuses pour les finances publiques. Mais pas toutes.
Un solaire photovoltaïque rentre dans le système. C'est facturé, ça fait du chiffre.
Un solaire thermique ne fait que faire des économies à son propriétaire, et réduit l'emprise du système sur lui.
Mais, éolien, Photovoltaïque, restent aussi ravageur sur un autre plan : ils ramènent au local.
La machine de Rossi et Rocardi ramène aussi au local. Sans doute, la
totalité des nouvelles technologies sont taillées pour une consommation sur place.
Seul fait exception "l'industrie du transport", qui nécessite du carburant. Pour celle-ci, pas de pétard, il faut du pétrole.
Sans doute, arrivera t'on à l'autonomie pour la consommation locale, dans le cadre de villes réduites, et plus encore dans les campagnes.
Mais le carburant va
rester un problème insoluble.
Pour l'instant, les producteurs ont du mal à suivre; Globalement, les producteurs régressent ou plafonnent. L'Arabie saoudite vit une soviétisation de sa société. Elle consomme de plus en plus,
et exporte de moins en moins.
Passée d'une population clairsemée de 6 millions à plus de 35, les besoins ne sont plus les mêmes, et même l'encadrement de la population devient différent, et la crise sociale
s'approfondie.
Les liens familiaux et claniques, qui suffisaient quand tout le monde se connaissaient, sont désormais insuffisants.
La timide ouverture du royaume correspond à la situation occidentale : comment ouvrir le système, mais d'une manière homéopathique, le moins possible, symboliquement, pour décourager la révolte,
mais surtout, ne rien changer.
ça ne correspond à aucune réalité. Pour le contexte saoudien, c'est même encore pire : il n'y a même pas d'eau, dessalée à grands frais. Même si l'efficacité du
dessalage a encore augmenté, elle aussi, les besoins ne sont plus les mêmes.
Là aussi, dans la crise pétrolière, on a les deux poids du balancier. La crise des pays occidentaux réduit la demande, l'effondrement de certains d'entre eux ferait décompenser la demande. De l'autre côté, on a un royaume, poids lourds de la production, dont la situation sociale est explosive et qui est susceptible de s'effondrer à tout moment. Avec une production qui irait au tapis, elle aussi.
On voit la fragilité de la situation présente, ou tout repose sur UN producteur, en crise sociale profonde.
Les alternatives comme le bio-carburant brésilien ont montré des limites profondes et intrinséques : il n'y en aura tout bonnement, pas assez pour le parc automobile existant.
Là aussi, on peut imaginer des solutions locales, et des populations rurales distillant à tous va pour extraire de l'éthanol de tout ce qui bouge...
Mais sans doute, là aussi, pour un usage local...
Le bilan est simple : l'économie de marché sur qui tout repose est dépassée, faute de ressources énergétiques, qui plafonnent, au mieux, qui décroissent plus
vraisemblablement, alors que structurellement, il lui faut sans cesse plus, pour continuer sa "croissance".
Cette crise n'est pas seulement une crise financière. C'est aussi une crise de plafonnement de l'économie réelle. Le hiatus entre des masses financières démesurées, et une économie du quotidien
beaucoup plus mesurée fait éclater le système.