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Cuba et son économie.

29 Septembre 2011 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Politique

Bon, je me hasarde à une blague vaseuse ? Quel produit tropical Cuba ne produit pas ? Le cacao.

Quand on parle de Cuba, il ne faut jamais oublier la maxime américaine que "notre fils de pute" est toujours honorable, même si c'est un fils de pute, et que le dictateur n'est à honnir que s'il ne vous obéi pas.

Vous avez bien compris le paradigme ?

 

Cuba, donc, découverte au début du 16° siècle est facilement conquise par les espagnols, et tout aussi vite dépeuplée par les épidémies.

Elle va rester vide et ne sert aux espagnols que comme plaque tournante, en direction des ressources essentielles : l'argent du Mexique, et l'argent du Pérou, via Panama.

Elle n'a d'ailleurs pu prendre cette place, qu'à la suite du déclin de Saint Domingue, ravagé par la guerre d'indépendance du cacique Henri, qui poussa à envisager son évacuation totale.

 

Elle était donc quasiment totalement extravertie, structurée par la flotte d'argent, et elle était quasi vide.
Un élevage extensif existait depuis le début du 16° siècle, mais au début 19°, il n'y a encore que 270 000 habitants, blancs, noirs et mulâtres.

La culture sucrière subit un boum à partir de 1791, et de la fuite des colons de Saint Domingue, et de certains de ses esclaves.
Le sucre devient très dominant, avec quelques cultures tropicales complémentaires (café).

 

Mais Cuba a toujours été politiquement compliqué. En gros, depuis 5 siècles, y règnent un bordel infâme.
Les anglais, qui conquirent l'île en 1762, y restèrent 9 mois, comprenant qu'il valait mieux -déjà- en partir.

La colonie resta espagnol jusqu'en 1898, ou elle fut conquise par les USA. Elle devint une colonie, puis accéda à une indépendance nominale, et à un esclavage économique totale, qu'on tenta de masquer en faisant accéder à la présidence un métis, Batista.

 

On peut noter que la guerre avec les USA, commença de manière classique pour eux, par un grenouillage de première classe : l'explosion du Maine en rade de la Havane.

Cuba était en guerre depuis 1895, cette guerre succédant elle même à la guerre de 10 ans. L'une avait coûté 300 000 morts, et l'autre 200 000. La population n'atteignait pas alors les 2 millions.

Pour ne pas perdre la main, si les USA accordent l'indépendance formelle en 1902, l'amendement Platt lui permet d'intervenir militairement quand il lui plait. Ils ne s'en priveront d'ailleurs pas, car leur poids dans l'économie du pays devient écrasant :

- 90 % des mines de nickel et des exploitations agricoles,

- 80 % des services publics. Ce qui n'était pas américain, était britannique.

 

Les dictatures commencent en 1921, et quand le dictateur apparait compromis, les USA le changent. Même comme on dit, c'est un fils de pute, mais c'est le notre.

 

Donc, en 1959, l'économie repose toujours à 80 % sur le sucre, et la Havane était réputée, précédent Las Vegas comme centre mafieux, avec ses casinos, ses prostituées, ses cadillacs.

 

Quand Castro accéde au pouvoir, mécaniquement, toutes les aspirations de la population vont à l'encontre de l'occupant économique, toute mesure de rééquilibrage se faisant à ses dépens.

Au pacte colonial espagnol, avait succédé un pacte colonial américain, le mot "pacte" étant trompeur, car il fait croire à un accord. Or, il n'y en avait aucun.

 

Comme l'économie reposait sur un seul pilier, le sucre, et accessoirement sur quelques autres ressources naturelles, peu peuplée, Cuba ne pouvait enclencher une politique de développement.

6 millions d'habitants, c'était la taille du Danemark, et c'est insuffisant pour être réellement autonome.
Cuba se raccrocha à L'URSS, mais la défaillance de celle-ci, si elle fut un rude coup, ne fut pas fatale.

 

Car, pour un pays sous développé, il y a quand même eu du grain à moudre :

"1- Le taux d’analphabétisme est de 0,2% à alors qu’il est de 11,7% en Amérique Latine

2- Le taux de mortalité infantile est de 6 pour 1000 contre 32 pour 1000 en Amérique Latine

3- L’espérance de vie est de 76,5 ans pour Cuba contre 70 ans en Amérique Latine

4- Le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire est de 99% contre 92% en Amérique Latine

5- Les soins et l’éducation sont gratuits

6- Il y a deux fois plus de médecins à Cuba qu’en Angleterre sachant que la population en Angleterre est quatre fois supérieure.

7- Cuba compte plus de 4 millions d’étudiants sur 11 millions d’habitants, 15000 médecins exercent bénévolement dans plus d’une centaine de pays du tiers monde et 41000 étudiants étrangers ont pu poursuivre des études de médecines à titre gratuit à Cuba."

 

On peut d'ailleurs presque parler de la constitution d'un secteur économique de la santé.

D'ailleurs, pour beaucoup de ménages US, européens, c'est désormais presqu'un modèle :

logement abordable, santé gratuite, éducation de bon niveau et gratuite.

 

L'économie de marché, a, quand à elle, fait preuve de sa supériorité absolue : logement qui coûte la peau du cul, santé si on a de la chance, éducation de merde et hors de prix.

Là aussi, l'espérance de vie dépasse celle des USA.

 

D'ailleurs, l'attitude des USA, vis-à-vis de Cuba est plus celle du caractériel obstiné, arc bouté sur ses certitudes, et imperméable à toute raison, continuant une politique, par habitude.

 

Bien sûr, la majorité des cubains aimeraient sans doute un peu de neuf, mais la vraie opposition interne, celle qui n'est pas subventionnée par la CIA, sait très bien que la "libéralisation de l'économie" impliquerait certaines conséquences dont ils ne veulent pas :

- coût de la santé inabordable,

- coût du logement, pareil,

- frais de scolarité à l'américaine,

- dégradation de la qualité de l'enseignement, etc... Le tout, bien entendu, avec une forte augmentation des inégalités, le retour des émigrés, agressifs et qui ne connaissent plus Cuba (certains sont partis depuis plus de 50 ans).

 

En outre, la spécialisation productive cubaine ne varierait pas beaucoup : ça resterait le sucre.

 

Il reste que Les Castro ont sans doute commis une faute économico-politique grave.

Ils ont refusés de produire de l'éthanol de Canne à sucre.

Si, moralement, cette position est honorable, elle est économiquement déplorable.

En effet, pouvoir disposer d'une concurrence de débouchés aurait beaucoup aidé l'économie cubaine.

Il vaut mieux alimenter la voiture des riches que l'estomac des pauvres. Et surtout, l'île est loin d'être entièrement cultivée.

 

Sans doute la population rêve t'elle d'autre chose aussi. Mais ce qui la maintient derrière le régime, pas le futur néo-libéral qu'on lui rêve à Washington...

Ce futur, les cubains l'ont a proximité. C'est Haïti.

 TINA, pour le moment.

"Quand un cyclone fait 3000 morts à Haïti, il en fait 300 en Floride et 3 à Cuba"...

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C
<br /> Saviez vous que le café a failli devenir l’arme suprême contre la domination capitaliste du monde occidental ? Failli seulement…<br /> C’est expliqué dans un bouquin qui sort ces jours-ci aux Editions de la Bartavelle : « Ruptures Conventionnelles »<br /> <br /> <br />
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O
<br /> Bonjour,<br /> Lecteur-régulier-de-votre-site-depuis quelques-années-etc. (formule d'introduction convenue ;°) ), un détail m'étonne dans votre article quand vous écrivez que Cuba a loupé le coche de la<br /> production d'éthanol.<br /> Reprenez-moi si je me trompe, mais j'ai cru lire en ces pages que l'éthanol était une connerie ou, disons-le plus élégamment, un piège agricole qui avait généralement pour effet de passer d'une<br /> mono agriculture à une autre et pour conséquence de ne subvenir en rien aux besoins alimentaires des pays de productions. Pire, parce que le marché aurait tendance à connaître un développement plus<br /> conséquent ou considérable que celui de... disons du cacao ou du café, les conséquences seraient catastrophiques.<br /> Après avoir orienté une grande part de la production agricole à destination de l'alimentation pour bétail et autres viandes à bouffe élevées en usine, faire pousser exclusivement des plantes<br /> destinées à remplir des pompes à essence au détriment de ce qui devrait finir dans nos assiettes ne me paraît pas un..."progrès".<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Il est toujours mauvais de n'avoir qu'un débouché. La production d'éthanol permettrait à cuba de lisser ses prix de ventes.<br /> Le renouvelable ne permettra pas de faire rouler plus que 5 % du parc actuel, mais ça m'étonnerait qu'on y renonce.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Bon Lecteur<br /> Ce fameux voyage – ou ce qu’y ressemble fort – je l’ai fait.<br /> Et j’ai vu une population très peu endoctrinée ; qqs kozaks (comme Patrick aime bien nommer les collabos de tout régimes – à 99% des cas c’est pour la gamelle) ou d’apparatchiks et c’est tout ; ce<br /> peuple n’étant pas composé des surhommes on y croise à peu près la même merde (ou la même noblesse) que dans les autres.<br /> Mais ce qui m’a marqué c’est cette quasi absence d’endoctrinement qui était omniprésente dans « les pays frères » d’Europe de l’est.<br /> Et cette cohésion devant une situation incroyable – le mur de Berlin venait de tomber, l’URSS en déliquescence, ils manquaient de tout…<br /> Le peuple soufrait, terriblement mais il était debout quand même.<br /> Dans cette situation économique incroyablement dure il existait un semblant d’égalité ce qui explique que les petits noirs – à la différence de leur frères de race du puissant voisin du nord et<br /> sans parler de ceux d’Amérique latine – n’arrachaient pas les doigts des femmes pour s’approprier leur bagues en or.<br /> On pouvait se balader – même ivre – dans n’importe quel quartier de la Havane et à n’import quelle heure de la nuit sans risquer de se faire dépouiller ou assassiner (ou les deux)<br /> Temps durs oui, mais durs pour tout le monde mis à part une petite clique orbitant autour du pouvoir.<br /> Sur l’efficacité des médecins cubains tu n’a absolument aucune compétence pour juger en comparaison avec les médecins français ; je ne sais pas combien d’années d’études a fait le gus qui a oublié<br /> une paire de ciseaux dans le ventre de patient qu’il venait d’opérer (je crois que ça c’est passé à Toulouse au début de l’année) mais peu importe ; et des exemples comme celui que je cite se<br /> produisent régulièrement.<br /> Les médecins cubains sont efficaces ; c’est indéniable ; il suffit de taper les mots clés dans le Google pour voir les miracles qu’ils accomplissent au Venezuela ou d’autres pays d’Amérique du sud<br /> ou centrale.<br /> Concernant les prisonniers politiques – dans 9 cas sur dix il ne s’agit de rien d’autres que des manœuvres de la CIA ; voir qui est le promoteur / jacasseur de cette question là en France suffit<br /> amplement pour juger de sa crédibilité : BHL (marquis de béchamel) ; avec une autorité morale aussi indiscutable cette cause a de l’avenir.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Attention<br /> <br /> on peut faire dire n'importe quoi aux statistiques<br /> <br /> pour Cuba je conseille un voyage d'étude ( mais je le ferai pas pour pas utiliser d'avion ) de 6 mois<br /> avec possibilité TOTALE d'examen<br /> visite autorisée des prisons<br /> interrogatoire autorisé des prisonniers<br /> avec absence de """"" guide """" collant au cul<br /> <br /> attention<br /> <br /> je préfère être traité par un seul médecin français que par<br /> 10 cubains<br /> <br /> les chiffres ne veulent RIEN dire s'ils sont manipulés<br /> ET S ILS N UTILISENT PAS LES MEMES OBJETS D ETUDE<br /> <br /> 99 % des """ médecins cubains """ ne seraient pas admissibles<br /> en deuxième année de médecine en France ,ni admis comme élèves<br /> INFIRMIERS ( j'en ai vu personnellement un cas courage fuyons ! )<br /> <br /> attention c'est comme quand le " grand timonier""" nous vaintait les médecins chinois aux pays nus " ( en fait des infirmiers<br /> sans être également des infirmiers français<br /> <br /> ou les fameux médecins de l'URSS ( 2 ans d'études )<br /> attention en statistiques ne COMPARER QUE CE QUI EST COMPARABLE<br /> SCIENTIFIQUEMENT<br /> LIBREMENT<br /> <br /> -<br /> les populations française & cubaine n'ont pas la même constitution<br /> le même âge moyen<br /> les mêmes conditions géographiques<br /> la même natalité<br /> la même répartition géographique, ethnique<br /> le même climat<br /> les mêmes pyramides de population etc...<br /> -<br /> le recueil statistiques des données n'est pas le même<br /> --<br /> les organismes officiels etc..<br /> <br /> attention vérifier sur place avec<br /> MEDECINS<br /> ECONOMISTES<br /> STATISTICIENS NEUTRES<br /> et autorisés à travailler<br /> <br /> population n'ayant pas peur de parler<br /> --<br /> c'est comme les voyages de GIDE ou autres ploucs en URSS<br /> AVEC Visite de villages dont seule la façade en carton existait<br /> comme à hollywood et """ villageois """ membres du KGB<br /> -<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci Patrick pour cet excellent article ; j’ajouterais juste deux détails :<br /> A l’époque de Batista l’hôtel National qui était le QG des maffieux lui était interdit d’accès, tout chef d’état qu’il était ; en vérité il n’était qu’un pauvre fils de pute (c’est Roosevelt je<br /> crois qu’est l’auteur de cette fameuse phrase : He’s a son-of-a-bitch, but he’s our son-of-a-bitch.<br /> Ma deuxième remarque est au sujet de basculement de Cuba dans le giron communiste.<br /> Castro est allé à Washington et devait logiquement être reçu par JFK ; il ne rêvait rien de mieux que de trouver un modus vivendi avec le puissant voisin.<br /> Or, à la maison blanche il a été reçu dans un vestibule par je ne sais plus lequel des obscurs secrétaires qui l’a renvoyé en deux phrases lapidaires.<br /> Le but étant de l’humilier.<br /> Affligé par ce qui venait de lui arriver – car il portait un énorme espoir à ce RV – il a refusé la voiture officielle de son ambassade et il est rentré à pied (je ne connais pas la ville de<br /> Washington et la distance séparant l’ambassade de Cuba de la maison blanche m’est inconnue) se répétant la même question pendant le trajet : « Que-est-ce que je vais faire pour sauver mon peuple de<br /> la famine ? »<br /> Quand il est arrivé à l’ambassade l’ambassadeur s’est précipité vers lui en lui disant : « Dépêchez-vous monsieur le président l’ambassadeur d’Union Soviétique vous attend depuis une heure. »<br /> La suite est connue de tout le monde.<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Bjr Patrick.<br /> <br /> d'où viennent vos chiffres sur la comparaison Cuba / AmSud ?<br /> j'aimerai la connaître et établir le parallèle Lybie / Afrique et Suisse / Europe ...<br /> <br /> à rajouter pour le secteur santé à Cuba : c'est une médecine axée sur la prévention, et peu sur la réparation, elle est donc infiniment plus efficace et économe ...<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Sur le fond, on se retrouve avec un sacré question sur l'essence et le sens de la liberté...... Par contre, quand Fidel va mourir (pour de vrai), je me demande comment cela va évoluer. "aller vers<br /> l'économie de marchés ?". Mouaaarrrrffff.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> C´est bien beau cette histoire d´indépendance, mais après manger, ce que veulent les gens c´est le I-Phone et le sac Gucci.<br /> <br /> Les jeunes vont vouloir l´ouverture coome ces africains qui regardent la roue de la fortune et croient qu´en France il suffit de se baisser pour avoir un micro-onde.<br /> <br /> Comme la Floride ou la Cote d´Azur, avec l´ouverture , ce pays sera le paradis des vieux riches baricadés dans leurs villas comme au Brésil.<br /> <br /> A moins que comme en Corse, certains résiste...<br /> <br /> <br />
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