Dénouer la crise.

Est il possible de dénouer la crise sans plonger dans un moyen-âge post moderne ?
Qui a t'il de commun entre 1789, 1560 et 1358 ? Et qu'y a t'il de différend ?
Une seule crise a failli emporter la civilisation et l'a effectivement emporté, celle de 1358; dernier avatar d'une crise qui fut d'abord une crise financière, ensuite politique, passa par une crise de dépopulation (peste noire), pour réunir en 1358-1360, tous les caractères et "dégueuler" en même temps.
1358-1360 fut le maximum de la crise. Elle fut financière (la rançon de Jean II et l'impuissance de l'état), politique, avec l'épisode Etienne Marcel, de dépopulation (elle correspond, 10 ans plus tard, à une nouvelle flambée de peste noire), et enfin guerre sociale, avec la "grande commocion" suivant l'appellation d'époque, que nous connaissons sous le nom de "grande jacquerie".
Tant que nous n'avons pas atteint un cliquet de la crise, on peut tout à fait sortir sans trop de frais de la situation.
Le cliquet que l'on ne pourra remonter, c'est la guerre. J'entends guerre civile.
1560 et 1789 sont deux grandes guerres civiles, doublées de guerres étrangères.
Et il n'est jamais simple d'en sortir.
La crise la plus ressemblante est la crise du milieu du 14°siècle. Les italiens ramènent d'Asie centrale des méthodes bancaires et de crédit perfectionnées. On admirera d'ailleurs, le synchronisme presque parfait des crises en Asie, et en Europe, compte tenu des moyens de l'époque.
Alors, ceux qui nous parlent de la mondialisation et de la globalisation peuvent être considérés comme d'aimables rigolos. Il n'y a rien de nouveau.
Pour punir le roi d'Angleterre, banqueroutier, les banquiers appuyèrent dans le début de cette guerre dont on ne savait pas qu'elle durerait plus de 100 ans, le roi de France.
Celui-ci, malgré l'argent qui coulait à flot, ne donna pas satisfaction et pire, trouva moyen de tomber prisonnier à Poitiers en 1356.
Comme le roi et la nouvelle dynastie peut être considérée comme d'une ignorance crasse dans la conduite des affaires, on se mit sur le dos une rançon impayable et des cessions de provinces infaisables (la moitié du royaume).
La dette -déjà- pour la rançon du roi, fixée à 5 millions puis à 3 millions était surréaliste : elle dépassait en montant tout ce qui existait physiquement par le royaume.
Si, dans les pays de langue d'oc, les autorités prirent positions en refusant de payer, dans le bassin parisien, on envoya la note aux paysans, en multipliant les droits existant, et dans un contexte de réaction nobiliaire évident.
La peste noire, en réduisant la population, avait fait flamber les salaires, réduit la valeur des récoltes et les droits féodaux.
Le 31 mai 1358, une échauffourée tourne mal entre paysans et nobles.
Elle va tourner à la guerre d'extermination.
La suite ? Un siècle d'attente et de convulsions.
Le règne de Charles V est une période où l'on panse des plaies (la crise de l'économie réelle est profonde), mais la folie de Charles VI, l'inconsistance de Charles VII transforme le royaume en forêt de brigands.
Le renouveau reviendra d'abord par un coup d'état dans l'entourage de Charles VII. Il y aura enfin des gens compétents pour terminer la guerre et commencer à reconstruire l'état, tâche qui sera terminée par un personnage d'envergure : Louis XI.
Alors ? La réponse est politique. Quand il n'y a rien en haut, il ne peut y avoir reconstitution de la société.
L'affrontement entre coteries de nobles, trait de la guerre de 100 ans, avec l'épisode Armagnacs/ Bourguignons est emblématique.
Le trait essentiel du règne de Charles VII, c'est la fin des financiers. Il supprime tout bonnement des rentes parisiennes, dont la valeur est tombée à zéro, l'inflation emporte tout avant la création d'une nouvelle monnaie, Jacques Coeur est finalement éliminé après avoir été flamboyant.
Une voie a été supprimée : on ne veut pas du retour du financier.
Le règne de Louis XI sera celui d'une reconstitution de l'état, d'un impôt accepté, d'une justice sociale dont nous n'avons même pas idée (le salaire féminin atteint les 9/10 du salaire masculin), d'un souci constant des petites gens, de la fin des mercenaires, pour cause d'incompétence profonde, de lâcheté et pour n'être efficaces que contre des gens désarmés...
La crise durera donc, le temps d'éclipse des politiques. Combien de temps cela durera t'il ? Tant que ceux-ci seront soumis à des cloportes insignifiants : les banquiers.
Mais, à l'inverse de cette crise du bas moyen-âge, les choses vont beaucoup plus vite désormais.
Un Poutine a du Louis XI en lui. L'Argentine a du choisir aussi en 2001.
Parler, comme Rocard, d'une crise de 20 à 30 ans, c'est idiot. Cela voudrait dire une génération ? Peut on penser que les secousses prévues n'emporteront pas les régimes ?
Le schéma général de la crise ne varie pas, c'est le tempo.
Il ne peut être aussi long qu'au XIV° siécle, sauf, si l'on plonge réellement dans un temps des troubles de guerres civiles généralisées.
Mais, ce n'est pas à exclure.
Pour Max Gallo, nous n'avons qu'un vernis de civilisation qui peut très vitre craquer, et d'ailleurs, beaucoup, sur terre, n'ont même pas ce vernis.
Donc, pour recapituler, deux solutions :
- on étrangle les banquiers tout de suite, et on peut rebâtir tout de suite,
- on laisse les banquiers détruire le monde. Et là, effectivement, on peut en prendre pour très longtemps.
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