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Dévoiement de la mémoire.

3 Octobre 2012 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

On présente la France de l'entre-deux guerre comme un pays délabré économiquement et financièrement. Il n'en est rien.

Le seul fait indubitable est la saignée de 1914, pour le reste, c'est faux.
Industriellement, la France de 1913 est un pays qui stagne à une ère pré-industrielle, avec quelquefois plus de retard, technique, mais aussi social, que l'empire tsariste.

 

La guerre en fera une puissance en ascension industrielle, qui se continuera pendant les années 1920 et 1930, on retrouve -déjà-, le paradigme des 30 glorieuses : le désordre monétaire rend l'investissement aisé, mais seulement pour ceux qui ont de l'argent.

Pour ce qui est du reste, le financier, c'est à dire l'accessoire et le futile, c'est l'enfer.
La dette est passée de 60 à 300 milliards, les avoirs extérieurs de 45 à 15.
Les emprunts russes, mais aussi ottomans et austro-hongrois ont pris le bouillon.

 

Ce qui dissuadera les notables de céder aux miroirs aux alouettes. Les emprunts externes rapportait de 5 à 8 %, contre seulement 3 % pour la rente.

La chambre bleu horizon (droite bon teint), invente la taxation à 90 %, et dans son livre Knock, Jules Romain nous livre l'angoisse des bourgeois, incapables de savoir dans quoi ils vont "investir".

Alors, qu'en réalité, ils bazardent leurs investissements réellement productifs, pour le papier.

 

Comme je l'ai dit, le vrai créateur de richesse s'en tamponne, il emprunte, et rembourse en monnaie dévalué, mais le rentier incapable, extracteur de plus-value sociale, disparait.
C'est bien ce qui est décrit par Hervé Bazin, dans "Vipére au poing", et les autres romans, où les rentiers d'avant 1914, sont insensiblement poussé au travail (horreur !), et au naufrage de leur narcissime.

 

La reconstruction ne touche qu'une petite partie du territoire (1/6), certes bien détruite, mais restreinte, et la baisse du franc, est normale, vue la flambée de la dette causée par la guerre.
La création monétaire a peu financé la guerre, elle a immédiatement été épongés par l'émission de titres.

 

C'est là que le bât blesse pour les classes possédantes. Avec une imposition à 90 %, les 300 milliards reviennent moins cher au budget de l'état que les 60 à 0 % de 1914. Aussi, à l'échéance (on parlera de mur d'argent, ce qui fera chuter Herriot), il y a peu de chances de renouveler les titres.

 

La consolidation Poincaré est un chef d'oeuvre politique. Elle consiste à différer au changement de gouvernement la dévaluation.
Après celle-ci, et la dévaluation de 80 % du franc, il est clair que l'imposition pourra baisser...

Donc, celui qui a activement banané les rentiers, Poincaré, s'en tire avec leur reconnaissance active, et la condamnation de la "gôche dépensière", alors que le gros de l'augmentation de la dépense, c'est l'allocation aux veuves de guerre, aux orphelins, aux invalides, les trois, assez peu généreuses, et bien entendu, les frais médicaux liés aux pathologies de tous les anciens combattants.

 

Dans les années 1920, le rentier aurait finalement bien aimé qu'on fasse porter le service de la dette aux survivants des combats, invalides dans au moins la moitié des cas.
Mais tout le monde aura compris que c'était impossible politiquement, et les 300 milliards de dettes seront traînés comme un boulet pendant les années 20 et 30; contrariant le mouvement économique ascensionnel, né pendant la guerre et qui aboutira pendant et après la guerre de 1939-1945.

 

Car la II° guerre mondiale ne doit pas faire oublier un fait : pour beaucoup d'industrie (hors industrie lourde), les capacités se sont accrues pendant le conflit, que ce soit en France ou en Allemagne.

 

Elles exploseront après guerre.

La confiscation de l'or de 1936, elle, est d'une autre nature. Elle est liée au caractère suicidaire d'une politique de déflation.

Mais ça, on l'aura compris aisément, que la déflation, c'est la voie pavée vers le national-socialisme, mais pourtant, ceux qui se veulent si "vigilant", gueulent dans la rue, mais jamais contre la banque.

 

la dévaluation "de gauche", de 1936, est seulement de 25 %, et suit une politique Laval de déflation de 10 %. Elle est directement sa fille. Poincaré dévalue lui, de 80 %.
Mais, à gauche, et surtout à droite, le mal vient qu'on a jamais voulu envisager la seule chose crédible, la banqueroute, comme le feront URSS et Allemagne (mais aussi, tous les autres empires centraux, car, ayant disparus, leur dette a aussi disparu).

La droite, parce que les rentiers sont ses électeurs, la gauche, parce qu'elle est honteuse.

 

Bien qu'on refuse l'option, dans ce cas là, il y a vraiment "TINA" (There is no alternative), les USA vont faire banqueroute et l'UE aussi.

Quand aux talibans qui veulent supprimer aides sociales, retraites, etc, même un gouvernement en faillite peut aider sa population, il peut établir un minimum et un rationnement, même les bolcheviks y sont parvenus.

 

A l'heure actuel, les choses sont simples, quand l'effondrement va atteindre un des piliers, la totalité de l'édifice mondial va s'effondrer.
Raison pour laquelle la France emprunte à taux négatifs. Nous ne vivrons pas la même chose que les italiens ou les espagnols, nous la vivrons différemment, car si la France s'effondre, c'est l'euro qui s'effondre et par là même, là aussi, la totalité de l'édifice. 

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C
Votre intérêt bien compris est justement de supporter les "talibans".<br /> <br /> Dévaluation ou (mieux comme vous le dites) la banqueroute suivie de la répudiation de la dette, ne seront possibles que lorsque le populo aura retrouvé la place qui est la sienne : c'est à dire<br /> dans la queue pour la soupe popu.<br /> <br /> La manière de le dire est provocante, mais c'est une vérité absolue.<br /> <br /> Arrêtez bon sang de défendre le status quo tout en prétendant le combattre !<br /> <br /> Personne ne "réformera" la France.<br /> <br /> Il faut d'abord que la France tombe au fond de la cuvette des toilettes, pour ensuite :<br /> -sortie de l'euro, dévaluer<br /> -annuler les dettes<br /> <br /> C'est tellement évident.<br /> <br /> Vous faites une seconde erreur, là aussi largement partagée, mais qui est irrirante.<br /> <br /> Vous dressez un mur "virtuel" entre eux (les rentiers, la dette, les riches) et nous. Une fausse dichotomie.<br /> <br /> Revoyez vos chiffres. La "dette" est détenue... par nous. Tous.<br /> <br /> En d'autres termes, et ça rejoint mon premier point, vous ne pourrez pas faire l'économie (sans mauvais jeu de mot) d'un appauvrissement collectif.<br /> <br /> Il n'y a pas de "méchants" dans cette affaire. Enfin si, mais... c'est nous tous.<br /> <br /> Eh oui, les OAT françaises... les oblig' espagnole... les fonds euros soit disant super secure, qui les "possèdent" ? Rotschild ? Oui bien sûr. Les salauds de riches ? A fond.<br /> <br /> Mais aussi la pauvre cloche qui a pécho une "assurance vie". Mais également le prolo. Le retraité. L'étudiant. Le fonctionnaire. Le bobo. Le gauchiste. L'handicapé. La veuve. Les orphelins.<br /> L'assuré de la Sécu. Le malade. Le bien portant. L'immigré.<br /> <br /> Tout le monde. Tout le système économique qui repose sur ce système mortifère et dément.<br /> <br /> Cet argent irrigue TOUT notre système, constitue le système.<br /> <br /> Donc annulons toutes ces dettes = baisse collective, immédiate, du niveau de vie. QCFD.
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P
<br /> <br /> Mon cher Christophe, vos conceptions économiques sont erronées.<br /> Je vous rappelerais la loi de Paretto.<br /> <br /> <br /> 60 % de la pop n'a un rond,<br /> <br /> <br /> 20 % à 20 % de l'argent,<br /> <br /> <br /> 20 % à 80 % de la monnaie, et à l'intérieur 1 % en a 40 %. La banqueroute est bien l'impôt sur les riches.<br /> <br /> <br /> <br />