End of Suburbia...
La crise énergétique n'est pas pressée. Elle déroule ses anneaux en prenant parfois des pauses, comme le serpent qui a bien mangé, et qui s'endort, et puis se réveille à la prochaine fringale.
La fin des banlieues, déjà perceptible aux USA, en Irlande, en Espagne, est en marche.
Son mécanisme est simple à comprendre.
C'est celui des dépenses contraintes, "la part des dépenses contraintes comme le logement, l’eau et bien sûr l’électricité,
n’ont cessé d’augmenter".
Et touche même les propriétaires, pauvres, souvent ruraux, pour cause d'inadaptation.
Leur logement est ancien, destiné à des familles, et leur chauffage et logement, surannés.
En même temps, il me parait difficile de dire que ce soit des logements destiné à périr.
En effet, les logements ruraux peuvent accueillir une population en fuite, d'abord par suite d'effondrement économique (ils sont souvent net d'emprunts),
d'insécurité grandissante dans les villes, elles mêmes de plus en plus victime du plafonnement et du déclin de ressources fossiles, et de la contraction économique, qui fait disparaître les
emplois occupationnels, ou tertiaire, destinés à gérer l'entassement de population, mais très dépendants, eux aussi, du fossile.
En campagne, il est beaucoup plus facile de survivre et de manger, même s'il existe un autre problème.
Le problème, c'est celui de l'inadaptation mentale des populations.
Dernièrement, je regardais un reportage sur une zone rurale de Pennsylvannie.
La moitié de la population souffrait de faim. Il faut donc faire le constat : leurs habitudes de vie étaient bouleversée et ils ne faisaient pas le lien entre "manger" et "agriculture", même pour un simple potager.
C'est d'autant moins excusable qu'ils disposaient d'un espace conséquent, qui aurait pu tous les nourrir.
La proximité d'une source de nourriture potentielle ne leur venait pas à l'esprit, et ils préféraient remplir le réservoir de la voiture, espérer un emploi à temps partiel de caissier au
supermarché, aller mendier à l'église du coin.
Cultiver, ou avoir quelques poules, ça ne leur vient même pas à l'esprit, pour la plupart. Le taudis oui, gratter la terre non. Et les caravanes habitées n'avaient pas bougé depuis très longtemps.
Moderne, hier, sous Eisenhower, elles étaient désormais écoeurantes.
Changer est donc un déracinement mental, avant tout, et il faut vraiment tomber au fond du trou, comme Detroit, pour se dire que finalement, on peut trouver quelques ressources en cultivant son lopin.
Mais, pour la plupart des gens, il est plus simple de se serrer la ceinture, et mourir. Changer, finalement, est très léniniste. Cela appartient à une élite
résolue, et pragmatique.
Les autres attendent que tout redeviennent, "comme avant". Comme avant quoi, on ne sait pas.
Mais, ce qui fait le schéma mental, c'est que la plupart n'ont d'autres référence que le supermarché, c'est là qu'ils ont toujours été, comme ils ont toujours été au Macdo.
C'est aussi, le refus de beaucoup de gens, de se voir comme ils sont, comme des prolos. Les "pigeons", n'ont pas compris qu'ils n'étaient, que des pigeons, pas de
l'état, des grands capitalistes.
Comme les propriétaires immobiliers n'ont pas compris qu'ils ne sortaient pas de la prolitude, parce que, dans quelques années, quand ils auront finis de rembourser, ils n'auront pas à payer les
400, 500, 600 ou 1000 euros de loyer, mais auront simplement gagné -un peu- de marge, qui serait destinée à payer, les impôts fonciers, les réparations, la façade, les termites, la mérule, le
changement de chaudière, l'isolation, et que ce ne serait jamais fini.
Le propriétaire rural, lui, est souvent un paysan, qui préfére un compte bancaire garni, à des travaux alors qu'il se pose la question simple de savoir si il y aura
encore un habitant après lui, ou simplement la brousse qui reprendra possession des lieux.
Il a, jusqu'à maintenant, eu raison. Mais le paradigme est en train de changer. Si, pour l'instant, la propriété rurale connait une déprime, c'est la propriété urbaine qui devrait connaitre
l'agonie. La ville n'a d'importance que comme lieu utile, elle n'a pas vocation à s'auto-entretenir comme simple lieu d'entassement et de consommation.
Elle peut certes, y parvenir un certain temps, mais quand la bicyclette tombe, pour cause de crise économique, de catastrophe naturelle, politique, ou autre, on a aucune chance de la remettre
debout "comme avant".
Une ville perdurable doit être productive, c'est ce qui implique sa longévité. Une ville consommatrice, seulement n'a finalement plus de raison d'être (on peut consommer ailleurs), et pose une question politique profonde : qui acceptera de la nourrir, in vitaem eternam, et pourquoi ?
En même temps, la réaction politique à une crise profonde est pitoyable de bêtise
crasse. On demande la perpétuation de la lutte des classes, comme remède.
En quoi, un ancien patron, abonné aux biberons de l'état aurait une simple vision de l'avenir.
Ah oui, on va réduire les charges, on pourra embaucher et investir, dit on, et distribuer du dividende ?
En quoi cela préfigure t'il l'avenir ? L'avenir, ça ne serait pas plutôt ça ?
Des activités finalement totalement inutiles, qui disparaissent, d'autres qui se créent (des briseurs de béton d'Ayraultport, par exemple ?).
Quand les dépenses contraintes des particuliers augmentent, on compatit (verbalement) et on se lamente, quand c'est pour les Zentrepreneurs, il faut mettre du cash (90 % pour les gros, des
cacahouètes pour les autres, car la baisse se concentrera, miraculeusement, sur les gros groupes).
Tous les chefs d'entreprise se croient des dirigeants, ils n'ont pas compris, eux aussi, que leur sort, c'était la prolitude, un peu améliorée dans le meilleur des cas, l'esclavage dans le pire.
On dit que les sanctions économiques occidentales mettent l'Iran à genoux. En réalité, l'Iran est victime d'un pic pétrolier secondaire, déjà prévu avant les
sanctions.
Mais l'Iran était aussi une puissance superbement adapté au monde ambiant, exportant son brut, et important du raffiné, comme de la nourriture...
Aujourd'hui, la différence se fera entre le trop adapté, et le "un peu marginal", l'avantage étant, au départ, au "un peu marginal".