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Foutage de gueule III

14 Novembre 2012 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

Les constructeurs automobiles se vendent des voitures à eux-mêmes pour masquer la débâcle.

 

Ceux là même qui demandent des baisses de salaires ? Au nom d'une improbable "compétivité" dans la "compétition mondiale" ?

 

On peut en tirer le constat global :

"Imaginons un pays.

Une crise financière sans précédent provenant de Wall Street va déstabiliser son économie. En moins d’un an, le pays plonge en récession et la baisse de la production combinée à l’augmentation du chômage de 9 à 14% de la population active vont gravement détériorer les finances de l’état. Ces finances étaient déjà fragiles à cause d’une dette importante contractée de manière plutôt contestable. Mais la nouvelle montée en flèche de l’endettement due à la crise économique inquiète les autorités qui procèdent à un changement de gouvernement et mettent au pouvoir un conservateur issu de la bourgeoisie, économiste formé à la London School of Economics.

Le gouvernement formé par ce dernier a alors un objectif prioritaire : faire baisser la dette du pays et relancer l’économie. La solution leur semble très simple : l’état va devoir économiser en coupant dans les dépenses et en augmentant les impôts. La souffrance engendrée sur les classes les plus pauvres est vue comme un mal nécessaire pour rétablir des finances « saines ».

Mais la situation politique est très instable, et passer de telles mesures au parlement n’est pas évident. C’est donc par une suite de décrets-loi exceptionnels que quatre plans d’austérité vont être successivement appliqués au pays au cours des deux années suivantes.

La liste des mesures prises est sans fin : baisse de 25% des salaires dans le secteur public, baisses à répétition de toutes les allocations sociales (chômage, famille, assurance maladie), augmentations à répétition de l’impôt sur le revenu, de la TVA, et des taxes sur des produits de consommation comme la cigarette et l’alcool.

Cette cure d’amaigrissement très violente du budget de l’état a des conséquences catastrophiques : l’économie s’écroule et le chômage explose de 14% à 22% en un an alors que la production économique (PIB) chute de 7,7%. La société est en état de choc et les orientations politiques se polarisent vers l’extrême gauche et le parti nazi, ce dernier connaissant subitement un succès fulgurant.

Malgré cette évolution, le gouvernement décide d’intensifier l’austérité, étant convaincu que son échec est dû à l’insuffisances des mesures prises. Un nouveau paquet d’austérité est adopté par décret alors que le chômage est à 22%. Dans une déclaration officielle, le gouvernement annonce « qu’il reste maintenant moins de 100 mètres jusqu’à la cible. »

La suite de l’histoire est connue : un an plus tard, le PIB chute à nouveau de 7,5% et le chômage passe à 28%. La radicalisation politique de la population s’intensifie, menant à l’arrivée au pouvoir en 1933 du parti nazi et d’Adolf Hitler, ce dernier s’étant servi de l’effondrement économique et social du pays comme levier pour sa campagne de propagande.

Car en effet, il n’est pas question ici de la Grèce. Cette description factuelle est celle des dernières années de la république de Weimar entre 1929 et 1933, les années sombres qui ont mené au nazisme et à la deuxième guerre mondiale. Le gouvernement dont il est question ici est celui du chancelier Heinrich Brüning, nommé à cette fonction en 1930 par le président fédéral Paul von Hindenburg. Son entêtement à mener une politique d’austérité extrême a fait imploser l’économie et la société allemande en l’espace de deux ans.

Cette expérience de cure d’austérité et ses conséquences, l’accession du parti nazi au pouvoir menant quelques années plus tard à la deuxième guerre mondiale, ne semble en fin de compte pas avoir été aussi traumatisante que cela. Il faut chercher très profond dans les archives internationales des trois dernières années pour trouver des journalistes ou des personnalités médiatiques faisant référence à ce précédent historique pour aborder la problématique actuelle.

Sous l’effet de l’austérité, le taux de chômage en Grèce est passé de 9,5% en juillet 2009 à 12,5% en juillet 2010, 17,8% en juillet 2011 et 25,1% en juillet 2012.

Simultanément, on sait que  le parti néo-nazi grec « aube dorée » est passé de 0,46% des votes aux élections européennes de 2009 à 5,3% aux élections municipales d’Athènes en 2010, puis 6,92% aux élections législatives de Juin 2012, et que 12% des personnes sondées approuvaient l’attitude du parti en mai 2012, part qui atteint les 22% en Septembre 2012.

L’accumulation de ces faits ne cherche en aucun cas à prédire une accession, peu probable, d’un parti néo-nazi au pouvoir d’un pays subissant l’austérité européenne. Les mêmes causes ne peuvent avoir les mêmes effets dans le domaine si aléatoire des comportements sociaux. Ce qui est démontré par contre, c’est que la situation économique et sociale atteinte à l’automne 2012 en Grèce est du même ordre que celle de l’Allemagne en 1933.

Il est alors sidérant et inquiétant de constater que le niveau de préoccupation atteint par les institutions et les politiciens européens ne dépasse pas une sporadique phrase de compassion, pommade cynique servant à faire passer les nouveaux plans d’austérité et de privatisation.

Fin 2010, on a pu s’inquiéter des risques économiques que pourraient amener l’austérité.
Fin 2011, les conséquences dramatiques de ces mesures laissaient espérer une prise de conscience et un virage politique.
Fin 2012, le potentiel destructeur avéré et abouti de cette politique combiné à un aveuglement proportionnel des grands décideurs européens ne laisse plus beaucoup de place à l’optimisme pour les temps à venir.

Le grand traumatisme fondateur qui régit aujourd’hui la politique économique allemande et européenne est la peur de l’inflation et de l’instabilité monétaire. Pourtant, la grande crise d’hyperinflation a eu lieu en Allemagne en 1922-1923, une décennie avant la grande dépression et la montée du nazisme. Dans la conscience collective des décideurs, il semble que l’annulation par l’inflation de toutes les fortunes personnelles d’Allemagne ait un impact bien plus important que la destruction de l’économie et de la société allemande par les politiques d’austérité en 1930-1933.

Quelle explication trouver au fait qu’une erreur si grossière et dramatique soit reproduite 80 ans plus tard exactement à l’identique par l’élite du même pays? La seule différence, de taille, est que cette erreur est aujourd’hui infligée à un autre peuple et non au sien…

On pourra remarquer que le mot « Schuld » en allemand signifie aussi bien « dette » que « faute » ou « culpabilité ». Pour les élites conservatrices germanophones, le fait que les pays surendettés aient « fauté » n’est même plus un rapprochement facile : le concept linguistique est tout simplement équivalent. On peut alors se demander si ce n’est pas un excès d’antique morale religieuse qui pousserait la classe dirigeante allemande à assimiler le « mal nécessaire » de l’austérité à une « punition ».

La question de la responsabilité de ce drame restera probablement longtemps ouverte, mais il y a maintenant urgence à éviter le pire.


Tiré de "Chroniques d’un hiver européen", une série documentaire sur l’austérité en Europe."

 

Je l'avais déjà personnellement dit. La venue au pouvoir d'hitler est de 1933, l'hyperinflation de 1923, et il a été amené au pouvoir par la politique de déflation et son pendant, l'effondrement économique qui l'a suivi.

 

On va déclencher des torrents de haine, et la construction européenne nous raméne vers le chaos et la guerre.

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S
@Roland<br /> T'avais raison dès le départ.
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H
Non Roland, c'est toi qui fait la confusion. L'UE est une entité qui n'existe que par les textes et les lois votées. Ces textes et lois peuvent et doivent être orientées dans une direction<br /> "positive" (à mes yeux bien sur : un développement ecologique et social, tirer les pays émergeants de l'europe vers le haut etc... mais surtout l'union des peuples pour contrer la finance qui est<br /> elle déjà unie bien au dela de l'europe). Donc demain avec des personnes sensées l'europe peut faire bcp. Je te concède que ce n'est pas gagné, que ce n'est même pas commencé et que<br /> fondamentalement j'y crois de moins en moins... mais tant qu'il y a de l'espoir...
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R
Non Hudson, la construction européenne ne peut pas être autre chose que ce qu'elle est, à savoir une kleptocratie organisée par les américains sur leur glacis géopolitique.<br /> <br /> Ce qu'est l'europe aujourd'hui a été défini par son acte fondateur, le traité de Rome ou tout est dit. C'est vous qui semblez en pleine confusion, croyant les discours sur une autre europe. Il n'y<br /> a pas d'autre europe possible que la libre association d'états souverains et respectant les principes de non ingérence. Mais vous semblez ignorer l'empire américain et sa botte qui écrase les<br /> dissidents, vous semblez ignorer l'alignement systématique de la France sur le grand frère, bref vous ne lisez que ce qui vous intéresse, à savoir que l'europe est un beau rêve qui aurait été<br /> perverti par de méchants politicards. Vous êtes à l'ouest, Hudson, pratiquement mur pour adhérer au FDG.
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D
a noter que le debut de la degringolade en 1930 est due au rapatriement de l'or et des investissements US en Allemagne pour reflouer leur propre depression..<br /> La France est passée à travers à l'epoque etant beaucoup plus artisanale et n'ayant pas d'investissement etranger dans son economie
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H
Patrick,<br /> Pas du tout d'accord avec votre conclusion. Ce n'est pas la construction européenne qui amène à la guerre c'est la voracité des dirigeants et de leurs chiens de garde politique. En 1933 il n'y<br /> avait pas d'UE et on a eu la WWII. Faut pas tout mélanger!<br /> L'UE est ce que les politiques en font. Elle pourrait être tout autre!!!
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L
Tout a commencer en 1995/96 c'st normal que l'on y retourne maintenant que le ponzi a implosé.
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F
A savoir : un emploi perdu n'est jamais récupéré....
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A
C 'est vraiment un bain de sang comme l' ecrit le Figaro au sujet du marche automobile européen .<br /> <br /> On est retourné en 1995 en terme de vente , cela veut dire 17 ans de croissance en l air. Sauf que maintenant tout le monde s' adapte comme Faurecia avec 3000 emplois en moins.<br /> <br /> Le probleme est que la reduction d' effectif et le sous investissement ne vise que l' Europe de l' ouest.C' est Ouest qui paye au profit de l Est et des émergents<br /> <br /> http://www.lefigaro.fr/societes/2012/10/25/20005-20121025ARTFIG00757-bain-de-sang-dans-l-automobile-europeenne.php
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R
Quand je vous disais que les eurocrates sont des criminels...<br /> Je vais hélas finir par avoir raison.
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R
Cette expérience Allemande des années 30<br /> leur a appris une leçon<br /> La douleur qu'on supporte:c'est celle des autres
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