Immobilier : le coup de semonce...
Ce qu'il y a
de bien, en prenant les bons indicateurs, c'est qu'on est au courant de tout, avant tout le monde.
Mais, certainement pas en regardant la télé ou en regardant la presse.
Pour cela, il faut prendre le temps de causer. Comme disait le film, "Elle boit pas, elle fume pas, elle cause".
C'est comme cela que se crée les "personnalités d'influences", comme le curé d'antan.
Lui avait une bonne babille, qui le mettait en situation de tout saisir. Dans le lot, j'ai un inventaire à la Prevert, allant du gitan ferrailleur, au taxi acariâtre, en passant par l'infirmière rigolarde.
Aucun n'a une formation en économie, tous peuvent dire, par contre les tendances AVANT les autres.
Il y a six mois, donc, je rencontrais un de mes baromètres vivants, et comme d'hab, on causait sans y sembler d'immobilier. Il n'a qu'un immeuble, de trois appartements (4, il en occupe un).
Il y a 20 ans, il trouvait ses locataires sans problèmes, sans chercher et sans négocier, il y a deux ans, il s'est fait quelques cheveux, il a du négocier et s'est réjoui d'un coup de bol.
Il y a six mois, donc, un de ses appartements se trouvait libre, et il n'a pas retrouvé de locataires depuis, mieux, il n'a pas eu de demandes, seul deux coups de téléphone de gens qui ne se sont pas déplacés.
Pour confirmer, c'est simple, on prend la Pravda. J'ai donc été sur l'INSEE, j'ai vu le nombre de logements vides : 9. 3% (département 10.1 %), part de propriétaires : 64. 7 %, (département 68.3 %).
L'accomplissement du rêve sarkozyste (Une France de propriétaire), entraine plusieurs conséquences. La ruine des bailleurs d'abord, plus par la non location que par une baisse réellement sensible des loyers, et la situation est pire sur le département que sur la commune en particulier, celle-ci étant à la fois rurale et ouvrière.
Bien entendu, la situation a encore empiré, la Pravda remontant à 4 ans. Comme je l'avais dit pour le nuke, un sondage d'il y a un mois, c'est la préhistoire.
Pour l'immobilier, dans le contexte actuel, 4 ans, c'est aussi la préhistoire.
Pourtant, statistiquement, rien ne bouge. Ou presque. En effet, l'Insee, c'est l'art de mentir. On va dire que ce logement "en attente", est occupé par le propriétaire, et si les deux autres locataires se barrent, ça sera une résidence agrandie du propriétaire.
Bien entendu, celui-ci n'est pas menacé. Pas d'emprunts, pas de problèmes, c'est simplement la rentabilité qui chute.
En attendant, les autres bailleurs, ceux qui ont des annuités sur le dos, aiguisent leurs dents.
Quand je prends la presse gratuite, je vois sur certains villages, des luttes au couteau. Le prix du F3, qui était passé de 350 à 300 euros est proposé à 250, voir 200.
Comme d'habitude, on attend chez les libéraux le salut de l'état, ou des collectivités. Ici, on parle de destructions de HLM (mais, comme ils sont vides, le bien ne sera pas grand), et on aimerait bien "décongestionner" le centre village (Quelques destructions seraient bienvenues). Et on cherche à repasser le mistigri à quelqu'un d'autre : les mises en vente sont nombreuses.
Pour ce qui est de la construction, les taux montent, la vérité commence -lentement- à cheminer vers le cerveaux des classes dirigeantes. Les Scelliers sont souvent, comme les précédents, inlouables. Même dans une ville en coma dépassé immobilier, comme Le Puy, on construit encore hardiment.
Après tout, construire et louer ne concernent pas la même personne...
Des villes, comme Niort, autrefois épargné par le phénomène du vide et de la non-location, sont aussi concernées, passant de 500 en 2007 (c'était encore gérable), à 2000 aujourd'hui.
Poitiers, c'est pire, avec 5000 logements.
Sans doute, bien sûr, cela ne concerne que le secteur privé. Le secteur HLM, lui, connait au niveau national des vides depuis très longtemps. Il a servi d'amortisseur.
La remontée de la crise immobilière s'opère donc. On sature très vite un petit village, le plus gros vient ensuite, enfin arrive la ville moyenne, puis la plus grande ville.
Après, on peut arriver à la conclusion : la théorie de Mao tsé toung a été appliqué. Le grignotage a été accompli. Les petites campagnes sont conquises, puis les grandes, et les grandes villes tombent comme des fruits mûrs...
Certaines statistiques feraient rêver les parisiens. Nombre moyen de pièces par résidence (Le Puy : 3.4). C'est aussi un signe de crise.
Le marché de la location ne commence d'ailleurs qu'au F3.
Petite nouvelle du Japon et d'ailleurs : les inégalités flambent et la consommation s'effondre...